« Il y a entre toi et moi une adorable barrière. C'est ta mort qui l'a construite. Son bois est du silence. Il n'est pas épais. Un rouge-gorge s'y pose ».
Vingt ans après «
La plus que vive »,
Christian Bobin, dédie ce livre hanté à Ghislaine, son soleil disparu. Il vient ici lui rendre un hommage, sublime et poétique, comme il est d'usage dès que ce magicien des oxymores prend sa plume.
Ce court texte de 75 pages est une merveille de lumière, et de pureté, et de simplicité.
L'Absente côtoie la Vie, les fleurs, les moineaux, les nuages, ceux –là même qui parfois, « ne croient plus en Dieu », les chats errants, une robe de squaw, et le piano de Bach .
Elle vibre d'une formidable présence, portée par cet amour infini, au-delà du temps, au-delà de la mort. le soleil continue de rayonner au-delà de l'au-delà….
« Tu souris. Même détruite tu souris ».
La magie de Bobin, c'est de dire beaucoup en peu de mots… C'est d'émerveiller le lecteur, par une limpidité, une pureté cristalline.
La souffrance face à deuil, à ces « couteaux impitoyables qui traversent le coeur », est posée là en toute humilité, avec la poésie qui est la griffe de cet auteur Lumière..
Un style épuré, d'une immense finesse, une sensibilité qui n'appartiennent qu'à lui , un message d'Amour , de Vie, de Présence, tout cela dans un écrin de douceur et de poésie.
Ghislaine n'est pas morte, elle est « absente pour cause d'extase ».
J'ai été profondément bouleversée par cette lecture, par la délicatesse des mots, par la pudeur subtile des sentiments dits et de ceux que l'on devine… Comme après chaque lecture de
Christian Bobin, je me suis sentie transformée, enrichie d'un indéfinissable « quelque chose », une sorte d'apaisement qui relève du divin.
Un très beau moment, un magnifique hymne à l'Amour, à la Vie, à la Nature… Encore une fois, merci Monsieur Bobin !