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Citations sur Voyage au bout de l'enfance (67)

Mes poésies ont pris le goût amer de tout ce que j'ai vécu depuis que nous sommes dans le camp d'Al-Hol. Le sentiment d'être abandonné. Voir des enfants innocents mourir tous les jours. Je crois que personne n'est fait pour ça. Alors maintenant mes poésies elles disent la peur, le dégoût, la colère, la faim, les bombardements, la mort de mes copains. Je n'ai pas envie de me souvenir de ces poésies. Mais je n'arrive pas à les oublier. Elles m'habitent comme si elles étaient gravées dans mes souffrances et mes blessures.
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Je me suis mis à vomir. L'émir a pris ma tête dans sa grosse main et il m'a donné une immense claque. Il m'a mis devant tout le groupe de lionceaux et il a ordonné aux autres de me frapper. Ils ont hésité. Et puis un d'abord, puis un autre se sont lancés. Je crois qu'ils avaient autant peur que moi. Alors ils m'ont frappé chacun leur tour mais sans vraiment me faire mal. J'ai cru ce jour-là que j'allais mourir. Alors je récitais dans ma tête à toute vitesse des poèmes que j'avais appris à l'école. Pour mourir dans ce qu'il y a de plus beau. Et j'ai même inventé un poème pendant qu'ils me frappaient. Un poème inspiré par Jacques Prévert :

Il dit non avec la tête
Mais il dit oui dans un soupir
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non à son émir
Il est debout
On le questionne
Et tous les problèmes sont posés
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les sourates et les mots arabes
Daesh et les lionceaux du califat
Les massacres et les attentats-suicides
Et malgré les menaces de l'émir
Sous les huées des enfants prodiges
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur.
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L'émir a pris ma tête dans sa grosse main et il m'a donné une immense claque. Il m'a mis devant tout le groupe de lionceaux et il a ordonné aux autres de me frapper. Ils ont hésité. Et puis un d'abord, puis un autre se sont lancés. Je crois qu'ils avaient autant peur que moi. Alors ils m'ont frappé chacun leur tour mais sans vraiment me faire mal. J'ai cru ce jour-là que j'allais mourir. Alors je récitais dans ma tête à toute vitesse des poèmes que j'avais appris à l'école. Pour mourir dans ce qu'il y a de plus beau. (p.34)
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Les malheurs des enfants, je crois que ça n’intéresse jamais vraiment les gens. Sinon, ça ferait longtemps qu’on les ferait plus souffrir. Et il y aurait depuis longtemps une Convention internationale des droits de l’enfant.
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Quand il a vu « Achille » qui battait de la queue, il s’est approché de lui tout en douceur. Et d’un coup il l’a attrapé par le cou et Achille s’est mis à hurler très fort. Il a sorti un couteau et il l’a égorgé en disant : « Tu as ta réponse, Farid. Voilà ce qu’Allah fait aux chiens. Aux chiens d’infidèles. » Et il a éclaté de rire. 
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Et puis on est arrivés en Syrie. Là, ils m’ont dit où on était. Ça s’appelait Raqqah. Papa et maman, ils étaient très excités. Je les avais jamais vus aussi heureux. Ils m’ont dit que c’était le paradis ici. Moi je croyais que le paradis c’était dans le ciel, quand on est mort. Papa s’est habillé avec des vêtements très larges et un turban. Maman a mis un niqab. Tout noir. On voyait que ses yeux. Pour rire, elle me disait que c’était pour me surveiller comme depuis la meurtrière d’un château. (p.12)
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Je me rappelle, j'ai commencé un dimanche matin à l'école des lionceaux. On m'a donné un treillis, un bandana noir avec des versets du Coran dessus et j'ai rejoint les autres de ma classe. J'ai demandé si on allait étudier la poésie. Le professeur m'a dit oui. Et c'était vrai. On a écrit des poèmes pour dir que le calife était le meilleur, le plus fort et que l'État islamique allait régner sur Terre. Je ne savais pas qu'on pouvait écrire autant de conneries avec de la poésie.
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S'il n'y avait pas mes poèmes, je crois que maman serait déjà morte. Et Selim aussi. Je l'aime mon frère. Quand il n'a pas mal au ventre à cause de la maladie ou parce qu'il n'a pas assez à manger, Selim est le plus gai des compagnons. Une petite boule d'amour qui sourit alors tout le temps. Comme si on n'était pas dans toute cette merde. Lui il s'en fout. Il sourit au monde, à maman, à la vie. Il s'accroche à moi. Il me tord l'oreille et il rit de toutes ses petites forces. Je crois que Selim et mes poèmes c'est le meilleur médicament pour soigner tous les malheurs de maman. Parce qu'en vrai on n'a pas souvent de bonnes raisons de rigoler dans le camp. p. 58
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Les poèmes ça a pas besoin de la vérité.
Les poèmes ça existe pour faire plus beau que la réalité.
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"Les malheurs des enfants, je crois que ça n’intéresse jamais vraiment les gens. Sinon, ça ferait longtemps qu'on ne les ferait plus souffrir. Et il y aurait depuis longtemps une Convention internationale des droits de l'enfant."
p 79
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