C'est un petit livre, dit l'éditeur, … qui par ailleurs aurait pu être plus court bien qu'il ne soit déjà pas très long.
En professeur prévenu de la dissipation possible des élèves, Alain se plait à répéter. Mais quand la redite tend à lasser le lecteur qui attend plus -mais d'ailleurs pas des leçons, il y a quelque légitimité à se demander si la pensée du répétiteur ne tourne pas court, à moins qu'il ne radote.
Votre propre bonheur dépend de vous, il se gagne: faites de la gymnastique, surveillez votre santé et vos humeurs, préférez l'action à la réflexion sur vous-même, soyez optimiste, souriez, fréquentez la société et soyez y poli; vous créerez ainsi du bonheur autour de vous et en bénéficierez en retour.
Tout me semble à peu près dit!
Certes Alain pense quelquefois finement, manie le paradoxe avec élégance, sait se montrer percutant, provocateur, quelquefois malicieux, a le sens de la formule, lui qui fut journaliste en plus de professeur.
Pourtant sa psycho-philosophie du bonheur -au fait, de quoi parle-t-il exactement?- carrée, solidement prise dans la glaise, fleure un peu trop, à mon goût, le conservatisme de sa classe sociale et l'élitisme de son milieu professionnel; elle s'en remet trop souvent, à mon goût, à des exemples simplistes pour illustrer des convictions personnelles et à des notions datées de psychologie ou de médecine que l'auteur n'aurait pas du, toutes, considérer comme inoxydables.
Pas un traité, juste des
propos; Alain y insiste dans sa préface, qui se montre ici plus journaliste que philosophe.
Parfait donc pour les salons; à transposer, de nos jours, en comptoirs.