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Des sirènes

Des sirènes ou les racines du mal.

Une touchante plongée dans les méandres des maux familiaux, la transmission de la souffrance et de ses peurs sont au cœur de la quête de « co ».

D’un geste d’amour de la narratrice envers sa mère malade va naître une quête pour retrouver les violences faites aux femmes. Une grande douceur émane de cette narration comme si l’écriture pouvait contrer la violence. J’ai beaucoup aimé.
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Retour dans la neige

Les éditions Zoe proposent un recueil de 25 textes de Robert Walser, la plupart publiés dans différentes revues et journaux entre 1899 et 1920. C'est pour moi l'occasion de découvrir cet auteur suisse alémanique .



La plume est tout à la fois précieuse et poétique. L'auteur se prête à une observation sans faille du monde qui l'entoure. De Berlin la foule dans le tramway, arpentant les trottoirs, s'agglutinant pour contempler un incendie, à la campagne luxuriante de sa Suisse natale, les portraits succèdent aux paysages .



Robert Walser dégage de l'empathie et de la modestie, c'est du moins mon ressenti à la lecture de ces textes. Si il a du faire face à un manque criant d'argent il n'en veut pas au monde entier et s'efforce de profiter pleinement de ce qui lui est offert.



Je serai curieuse à l'occasion de découvrir son roman le plus connu Les enfants Tanner .



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Jours à Leontica

Le narrateur demande au Felice, 90 ans, de le suivre dans son quotidien, "histoire de vivre un peu comme lui".

Vivre comme le Felice, c’est se lever chaque matin avant le chant du coq pour, après avoir salué le mulet de la Vittorina, monter à travers la pinède -pieds nus pour le vieux- jusqu’à la gouille, un trou d’eau parfois recouvert d’une couche de gel. Là, à l'ombre des 2580 mètres du Simano qui cache les premiers rayons du soleil, le Felice se baigne. La journée est ensuite ponctuée de tâches nécessaires -couper du bois pour se chauffer, entretenir le jardin potager et les plantes à tisanes, déblayer la neige- et de plaisirs simples : prendre un thé au bistro du village, marcher dans la forêt, ou juste s’asseoir pour écouter le silence ou les flocons tomber, car "même rester à attendre, c'est faire quelque chose".



Le Felice n’a ni radio ni télévision ni téléphone, il n’a même pas de boîte aux lettres. Il n'est jamais pressé mais efficace dans tout ce qu'il fait, et affiche une satisfaction et une sérénité permanentes. Pour autant, cet esprit indépendant sait ce qu’il veut. Il a décidé dès son plus jeune âge d’être végétarien, particularité qui l’avait fait surnommer "tête de mule" par ses parents. Et s’il parle peu, cela ne l’empêche pas d’exprimer des avis définitifs sur "le grand micmac qu’est la politique et les margoulins qui dirigent le monde, ou sur ces arnaques que sont la guerre et la religion, dont le seul but est de plumer les pauvres crétins que nous sommes". Lui ne croit qu’au respect réciproque, à l’importance de prendre les gens comme ils sont, et au fait que "quand on crève on devient du compost".



Porté par la plume sobre et précise du narrateur, le lecteur suit lui aussi le Felice dans Leontica, petit village des Alpes tessinoises dont la quasi-totalité des habitants parle le patois du Val Blenio, connu sous le nom de Vallée du soleil. Si la concurrence du supermarché de la bourgade voisine y a fait disparaître la dernière boulangerie, Leontica n’est pas mort pour autant, car peuplé d’une petite communauté active et attachée à son territoire, qui perpétue ses rites collectifs et entretient une réconfortante solidarité. La vie y est ainsi faite d’entraide et de trocs, on échange des œufs, du lait ou du fromage contre quelque service, et chacun veille à ce que les plus vulnérables ne soient jamais isolés. Veuves octogénaires et chiens sans laisse ni collier en parcourent inlassablement les rues, et le bar du village accueille touristes et autochtones qui y débattent abondamment du réchauffement climatique qui raréfie la neige ou les hirondelles, et d’une manière générale de tout ce qui fout le camp.



La répétition des gestes qui rythment le quotidien rend chaque jour semblable au précédent, et pourtant chaque jour est dense et unique, vécu dans la paisible acceptation de sa simplicité et dans la conscience aigue du monde autour, du temps et des saisons, des sons produits par le vent ou les animaux…



La lecture est apaisante et n’ennuie jamais, il y a même un léger suspense avec une mystérieuse lettre arrivée de l’étranger qui incite le Felice à préparer une chambre d’ami… tout le village, discrètement, s’interroge : qui le vieux, à qui on ne connait aucune famille, peut-il bien attendre ? J’aurais personnellement bien aimé y être accueillie, dans cette chambre, et accompagner le Felice dans ses périples aussi modestes qu’extraordinaires même si, contrairement au narrateur, je n’aurais sans doute pas eu le courage de me tremper à l’aube dans la gouille glacée… Loin de la frénésie urbaine et consumériste, ce séjour à Leontica nous rappelle qu'un autre mode de vie est non seulement possible, mais enviable.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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