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Editions des Flammes Noires [corriger]


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Mayhem 1984-1994 : Les archives de la mort

Celui-ci, ça faisait un moment qu'il traînait dans ma bibliothèque. Enfin, pas tout à fait celui-ci, mais sa version en anglais parue chez Ecstatic Peace voilà quelques années. Il m'aura fallu attendre sa traduction française chez les éditions Flammes Noires pour enfin prendre le temps de me pencher sur l'affaire.



Déjà, je dois préciser que j'ai une relation assez particulière au groupe dont il est question dans ce livre, Mayhem. Soit l'un des pionniers du black metal norvégien. Ce groupe a été pour moi, à l'adolescence, l'une des portes d'entrée vers cette musique, à un âge où provocation et subversion sont comme des aimants. Pour moi, au début, Mayhem valait avant tout pour son aura sulfureuse, notamment due au suicide de son chanteur Dead, mais aussi à l'assassinat de son guitariste par un autre musicien.



Dans mon cerveau d'ado passaient ces images de corps arrachés bruitalement à la vie, d'églises réduites en cendres (une autre spécialité du BM norvégien) et autres diableries aussi débiles que fascinantes. J'en étais arrivé à un tel point d'obsession que je voulais tout écouter de ce groupe (après avoir été attiré par sa réputation), et que j'en rêvais parfois. Dans un de ces rêves, je voyais un livre apparaître, relié en peau humaine, et qui portait tout simpelemnt comme titre "Mayhem". Un grimoire aux allures de Necronomicon renfermant les secrets du groupe et pour lequel j'aurais donné cher.



Bref : ces Archives de la mort ne peuvent évidemment pas être à la hauteur de ce rêve, mais elles constituent un témoignage de première main, à travers la voix du bassiste et cofondateur de Mayhem : Necrobutcher. On y apprend pas mal de choses sur la première ère du groupe, jusqu'à la reformation du groupe en 1997 (sans le guitariste Euronymous, excusé pour cause de trépas). L'aura en prend évidemment un coup : Necrobutcher est loin d'être un mythomane ou autre story teller à l'américaine, et frôle parfois le réductionnisme du type : "On était juste là pour faire de la zique entre copains, et ça a un peu dérapé."



Il y a bien sûr une toute autre portée dans l'histoire de ce groupe et du black metal norvégien, qu'elle soit spirituelle, politique, sociologique ou artistique, alors que ce genre est aujourd'hui largement reconnu par les institutions culturelles scandinaves. On ne viendra donc pas chercher ici une analyse de tout ça, et ça n'est pas la promesse du livre, qui se contente, brillamment, de témoigner des premières années d'un groupe, et de ce que cela pouvait impliquer de vivre cette expérience à fond dans les années 1980-90. Les nombreuses photos en noir et blanc et en couleur parlent d'ailleurs d'elles-mêmes.



C'est donc là la limite de ce livre, que je conseille néanmoins à tout amateur de ce genre musical. Malgré cette limite et des propos parfois un peu confus/à la temporalité mélangée (ces textes sont issus d'entretiens réalisés par des journalistes avec Necrobutcher, dont seules les réponses sont transcrites), ça reste un témoignage de première main convaincant, et qui redonne une furieuse envie de se refaire toute la disco de Mayhem.



Un petit mot sur le très bel objet proposé par les éditions Flammes Noires, à la mise en page soignée, identique à la version US : c'est du bel ouvrage, le livre reste assez court mais très agréable à feuilleter, le tout pour un prix tout à fait décent. Et la messe est dite.
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Mayhem 1984-1994 : Les archives de la mort

Lorsqu'on est pris la main dans le sac, elle devient parfois, sous le coup d'une justice tranchante et expéditive, "baladeuse" pour terminer sa trajectoire au sommet d'une potence... C'était le cas en Mauritanie notamment où on appliquait à la lettre l'adage : " jeu de mains, jeux de vilains !" : il suffit de mater la photo ( de presse, réelle) illustrant la pochette du MLP " Deathcrush" de Mayhem pour s'en convaincre et se faire la réflexion : " En voilà un qui ne pourra légitimement pas applaudir des deux mains devant cette première mouture officielle fantastique du groupe iconique par excellence du BM norvégien, fer de lance de la seconde vague de ce mouvement musical... ! ".

Enfin bon c'est pas nos moignons, donc recentrons le débat sur le sujet qui m'amène ici, à savoir une VF du bouquin de Jorn Stubberud qui est loin d'être un inconnu dans le milieu BM... Bonne nouvelle donc pour les "grenouilles" , enfin peut-être pas typées bénitier... Vous ne savez pas qui est Jorn Stubberud, je vous donne un premier indice : lorgnez donc le dos particulièrement albâtre ( il n'a pas dû faire trop trempette depuis sur les plages marseillaises lors de la signature du contrat avec le label S.O.M. ) du gars qui a tombé le maillot ( Toshiba?!) pour exhiber le tatouage de son combo ( chouette le logo d'ailleurs avec sa symétrie qui en inspirera tant d'autres...). Puis remarquez le pseudonyme " Necrobutcher" accolé au blaze du northern guy de Norvège, et là vous devez probablement enfin le recadrer ! Eh oui le bassiste et membre fondateur de Mayhem.

En ressortant ses vieux albums photos, il s'est dit qu'il y aurait matière à sortir un livre et le bougre a bien eu raison ! Agrémenté de photographies d'époque prises par des appareils argentiques dont les pellicules ont figé ces tignasses mitraillées à coup de flashs ( l'objectif lune a même été atteint page 27...) pour l'éternité, Necrobutcher exhume ses souvenirs et nous replonge en 1984, date de formation du groupe, jusqu'en 1994.

Étant surtout grand fan du MLP " Deathcrush", j'ai appris quelques détails sur le contexte autour de la genèse de cette oeuvre et les circonstances dans lesquelles les différents membres se sont rencontrés. Un t-shirt ou une veste à patches créait le tissu social parmi la faune métallique aux cheveux longs, débouchant souvent sur la formation d'un groupe. Necrobutcher ne s'attarde pas sur les détails liés au sensationnalisme autour du suicide de Pelle "Dead" Ohlin ou du meurtre d'Oystein "Euronymous" Aarseth, mais se consacre plutôt à restituer les moments de leur quotidien et des anecdotes personnelles. Ainsi on croisera les noms de Metalion ( le fanzineux et l'homme aux multiples contacts), Venom, Motörhead, Tangerine Dream, Napalm Death, Kreator, Assassin,etc. Vous saurez qui est Frank et vous vous remémorerez l'importance du tape-trading et du réseau de contacts pour l'essor du métal extrême UG avec l'apogée des services postaux ( les timbres ne connaissaient pas la crise alors) et des cassettes audio vierges , les conditions chaotiques pour "organiser" une tournée en lisant ce livre...

A signaler pour cette VF , un petit bonus sous la forme d'un billet pondu par Alex du groupe français Agressor !

Merci à l'éditeur, les Éditions des Flammes Noires, qui poursuit son travail soigné, pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la Masse Critique.
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Devil's Cradle: L'histoire du black metal f..

Quand on parle histoire et black metal, c’est très souvent vers la Norvège que les regards se dirigent. Inutile de rappeler pourquoi. D’autres, peut-être, auraient le reflex de regarder du côté de la Suède qui a fourni au black metal un nombre important de groupes à la reconnaissance internationale. Moins songent à la Finlande et pourtant...le pays ne manque pas de ressources en termes de metal noir et ce depuis longtemps maintenant.



Mais là où leurs voisins ont peut-être davantage cherché la lumière et obtenu un écho à l’international, les groupes de la scène finlandaise se sont souvent montrés plus farouches, plus intransigeants peut-être. On peux aussi penser que leur musique était aussi moins adaptée aux « standards » internationaux. Car c’est un fait, à l’heure où le musicalement et le politiquement correct envahissent tout (y compris le black metal), nombre de groupes finlandais pouvaient ou peuvent être jugés trop sulfureux, trop extrêmes, trop étranges, un trop tout.



Ce copieux ouvrage de 590 pages vient donc à point nommé pour éclairer un peu plus notre lanterne sur cette scène particulière. Un livre d’autant plus intéressant car le black metal finlandais n’est pas forcément le plus connu, tout en restant très apprécié pour avoir su conserver une certaine forme d’esprit originel fondé sur différents éléments : la satanisme à tout crin, une musique sans compromis qui n’hésite pas, parfois, à s’aventurer sur les chemins de l’étrange et enfin et peut-être surtout un goût immodéré pour la provocation et l’outrance. Par ailleurs, je suis de ceux qui aiment à penser que d’un pays ou d’une région à l’autre, le black metal se nourrit d’influences particulières qui se retrouvent ensuite dans la musique. Pour la Finlande je pense notamment à l’influence de la nature, à la mélancolie qui se traduisent souvent par un sens particulier de la mélodie que ce soit au niveau des guitares ou des claviers notamment.



The Devil’s Cradle a été écrit par Tero Ikäheimonen et publié en 2017. Le titre en lui même donne une assez nette idée de la ligne forte de l’ouvrage : la black metal occulte ou satanique. Notons toutefois que ce n’est pas le seul sujet abordé non plus. Il est le fruit de longues recherches et de nombreux entretiens avec des acteurs importants de la scène finlandaise, qu’ils soient musiciens mais aussi des éditeurs de magazines, de fanzines, producteurs en studio etc.



En 2023, les éditions des flammes noires proposent pour la première fois une traduction en Français de cet ouvrage rendant enfin son contenu accessible aux piètres anglophones et non finnophones. La traduction a été réalisée à parti de la traduction anglaise par Sarah Rizzardi dont on ne peut que saluer le travail tant l’ouvrage est dense et conséquent.

Le livre est par ailleurs très richement illustré et la mise en page très soignée (logo des groupes en haut des pages, cartes...) ce qui rend sa lecture encore plus agréable. Non content de proposer un contenu de qualité, les éditions des flammes noires proposent donc un beau livre qui a aussi le mérite d’être fabriqué en France. On ne citera pas de noms mais la qualité d’impression des ouvrages sur la scène extrême laisse parfois à désirer. Tel n’est pas le cas ici, bien au contraire. Merci Emilien pour ce beau travail et ces choix courageux !

Cette histoire du black metal finlandais est découpée en quatre grandes parties à la fois chronologiques et thématiques. On part ainsi des premières figures que sont Beherit, Impaled Nazare ou Archgoat pour basculer à la période d’explosion de la scène (dans tous les sens du terme…) et aller vers son renouveau au travers de formations comme Behexen, Clandestine Blaze ou Satanic Warmaster. L’ouvrage se referme sur une génération de groupes apparus dans les années 2000 et abordant la question de la spiritualité et l’occulte sous un angle nouveau (influence de la confrérie Star of Azazel, Cosmic Church..)

Chacune de ces grandes parties est découpée en chapitres correspondant chacun à un groupe, à un acteur de la scène où à une thématique particulière. Le livre n’est donc pas pour une simple anthologie ou un empilement d’articles. L’auteur a pris soin de problématiser son ouvrage autour d’axes chronologiques et thématiques qui en font bien plus qu’une simple somme sur le black metal finlandais.

Après libre à chacun d’aborder l’ouvrage comme il l’entend soit de manière littérale soit en allant picorer dans un chapitre où l’autre si on plus de curiosité pour tel ou tel groupe.



Parlons du choix des groupes abordés par Tero Ikäheimonen. Bien sûr on pourra toujours trouver que telle ou telle formation aurait mérité sa place, mais face au nombre foisonnant de groupes, un choix s’avérait plus que nécessaire et ceux opérés par l’auteur me semblent pertinents pour parvenir à restituer une image somme toute fidèle à ce qu’est la scène du pays des mille black.

On a donc des articles sur les groupes les plus connus (Impaled Nazarene, Beherit, ...And Oceans, Satanic Warmaster, Horna..) mais aussi des éclairages sur des formations plus confidentielles mais dont la musique ou les actes ont eu une réelle influence dans le microcosme finlandais.

La variété des styles est également présente allant du black « traditionnel » sans négliger des formations plus expérimentales disons (...And Oceans par exemple).

Enfin, dans ce livre rien n’est mis sous le tapis et la parole est donnée aussi à des formations à la réputation controversée dans nos contrées, je pense à Goatmoon ou Diaboli entres autres. Voilà donc un tour d’horizon large et qui a le grand mérite de ne rien mettre de côté afin de donner une image complète et complexe de la scène finlandaise.

Enfin au delà du strict aspect musical, le livre ne néglige pas d’autres acteurs qui ont fait vivre cette scène : pensons à l’entretien avec Jami et Luukas « Luxi » très actifs, pendant les années 90s, dans les réseaux d’échanges de cassettes mais aussi les fanzines, les listes de distro etc. Mentionnons également l’interview avec Ahti Kortelainen, ingénieur du son au légendaire studio Tico Tico.



A la fois complet mais sans atteindre des longueurs excessives, chacun des articles apporte un éclairage intéressant. Sans cacher son affection pour la scène, l’ouvrage ne tombe pas non plus dans un panégyrique excessif, l’auteur sachant s’effacer pour donner pleinement la parole aux protagonistes de la scène.

Après d’un groupe à l’autre on relèvera des niveaux de réponses divers, du très francs et très directs pour la plupart ou maniant davantage l’art de l’esquive et une certaine forme de langue de bois pour d’autres. Particulièrement quand pointe la question délicate de la politisation.

Clairement l’auteur n’en fait pas un axe central, car pour la l’écrasante majorité des groupes ce n’est pas un sujet au cœur de leur musique. La question n’est pas mise de côté pour autant à travers quelques pages sur le NSBM. Le sujet de la politisation est aussi largement abordé concernant certains groupes. Je vous laisse deviner lesquels...



Comme évoqué plus haut la question de l’occultisme et du satanisme restent le cœur de l’ouvrage et Tero Ikäheimonen a su creuser son sujet bien delà des simples cercles musicaux. Clairement c’est une ligne directrice et le livre apporte d’ailleurs nombre d’éléments qui m’étaient totalement inconnus jusque là. Le choix est pertinent car c’est un trait incontournable de la scène finlandaise même si on peut regretter que d’autres aspects soient du coup un peu mis de côté.



L’ouvrage original ayant été publié en 2017, le lecteur qui est un aussi un auditeur de black metal finlandais pourra éprouver une légère frustration à ne pas voir évoquée la période la plus récente. Un aspect avec lequel il faut composer quand on parle de livres sur le black metal avec un délai plus ou moins long entre la date d’écriture et de parution, sans parler de la date de traduction. Réjouissons nous déjà d’avoir une telle mine d’informations entre les mains.



Dans tous les cas, voilà très certainement un ouvrage qui devrait rester pendant longtemps une référence incontournable pour qui s’intéresse au black metal en général et à la scène finlandaise en particulier. Un livre qui a plus d’un titre est aussi plaisant dans son fond que dans sa forme. Un livre qui donne envie aussi de se repasser ou d’aller découvrir nombre d’albums.




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