Editions Thélème [corriger]

Ce grand secret fut pour moi une grande déception.

J'avais gardé de Barjavel un souvenir adolescent émerveillé par la lecture de la nuit des temps et j'en espérais au moins autant de ce roman.



Grave erreur car le même livre lu à 30 ans d'écart n'aurait de toute façon pas la même saveur et qu'à trop espérer on est souvent déçu.



Rien ne m'a plu dans ce livre hormis peut-être le fond de l'histoire.



(!Spoiler)



Il est vrai que bien que nous fantasmions tous plus ou moins sur la vie éternelle, surtout si elle va de paire avec une santé inébranlable, elle comporte forcément son lot de renoncements, à commencer par l'enfantement, et la réflexion philosophique impliquée par cette situation est intéressante.



Voilà, c'est tout. Pour le reste, rien ne va. Le style est fade, les amourettes sont gnangnan à souhait, les scènes de sexes des adolescents nus sont malaisantes, le début est bien trop long et s'emmêle les pattes dans une multitude de protagonistes et la fin est prévisible et sans grand intérêt.



Maintenant j'hésite vraiment à relire la nuit des temps. Je crois que je vais rester sur mon souvenir...

Conte panthéiste éblouissant de poésie à chaque phrase, récit de "nature writing" provençal célébrant la rudesse et la sensualité des plateaux de Haute Provence : un livre inépuisable. À lire, je pense, sans chercher de vraisemblance ni de "message" trop univoque (si ce n'est que le monde sauvage, dont l'humain fait partie aussi, est magnifique et terrible.) Mais tout est dans le plaisir de la langue : fluide, charnelle, inventive, rythmée ! Une merveille.

Puisqu’il s’agit d’un « journal », l’œuvre semble d’abord s’éparpiller au fil des divers événements de la vie quotidienne, des diverses interactions sociales vécues par ce pauvre prêtre du nord de la France. Mais assez rapidement, le lecteur finira par percevoir à quel point ces rencontres avec les habitants de la paroisse sont l’occasion d’un rappel des souffrances impérissables de cette vie humaine pourtant rachetée par le Christ. L’œuvre manifeste une grande compassion pour les pauvres et les miséreux, dépeints sans aucune idéalisation, et en refusant pourtant la tentation de vouloir arracher la pauvreté de l’humanité pour la libérer de ses souffrances.



Issu d’un milieu pauvre, de santé malade, et rapidement objet de ragots et de calomnie pour sa maladresse sociale et l’indifférence aux offenses que lui confère sa foi, le jeune prêtre ne peut trouver dans sa fonction une source de prestige sociale. Elle contribue au contraire à renforcer son isolement dans une campagne rongée par des vices manifestement séculaires, et contre lesquels la lutte sans cesse réitérée, supposant un effort permanent pour réintégrer les âmes perdues dans l’espoir du salut, requiert toute la force de la prière.



C’est également la vie de ce jeune prêtre qui est tragique. Epuisé par la maladie et par l’acte de volonté constant nécessité par son ministère, y compris contre ses propres doutes, il fait preuve d’un touchant héroïsme du quotidien accompagné d’une continuelle dévalorisation de lui-même, et sans doute d’une certaine incompréhension de sa propre nature. La sereine acceptation de sa condition qu’il atteint à la fin de l’œuvre n’en est que plus touchante.