[...] Le Scum Manifesto se distingue par là de la première vague féministe comme de la deuxième : il ne cherche pas l'émancipation des femmes, mais la suppression du monde dans lequel les femmes sont censées s'émanciper, la reconstruction du monde autour des femmes, dans une référence féminine.
Un tel projet ne peut certes être porté par les Filles à Papa, ni par les femmes-mecs, ni par les femmes phalliques, qui se battent pour, autour de, contre, tout-contre ce Phallus, ni par les femmes pas-toutes, enfermées dans la tour dorée de leur indifférence à l'égard du monde. Il ne peut être porté que par les femmes-femmes, les femmes SCUM, celles qui "ont tout vu" [...]
Alors que nos traumatismes sont censés être ce qui nous isole, avec la sororité ils deviennent ce qui nous lie.
On retrouve ici ce que nous disions à propos de l'affect : l'importance du fantasme est bien qu'il permet de retenir du traumatisme sa dimension affective.
La folie n'est pas tant une qualité intrinsèque d'une personne que la propriété d'une situation relationnelle, qui peut d'ailleurs être passagère.