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Citation de pioupy


Il erra un peu avant de retrouver l’emplacement de la tombe. Dès qu’il la reconnut, de loin, à la terre remuée, il se découvrit, et s’avança à pas compassés. Là gisaient maintenant six années de vie commune, de ruptures, de jalousies et de reprises, six années de souvenirs et de secrets, jusqu’au dernier de tous, le plus tragique, et qui aboutissait là.
« Après tout », songea-t-il, « cela pouvait se terminer plus mal encore… je souffre peu », constata-t-il, tandis que son front crispé et ses yeux noyés de larmes semblaient attester le contraire. Etait-ce sa faute, si la joie que lui causait la présence de sa femme était plus forte que son chagrin ? Thérèse, seul être qu’il eût aimé ! Le saurait-elle jamais ? Comprendrait-elle jamais, dans sa froideur sévère, qu’elle seule, en dépit des apparences, emplissait cette vie d’homme à bonnes fortunes où il n’y avait cependant jamais eu qu’un grand amour ? Comprendrait-elle jamais que, à côté de l’attachement total qu’il lui avait voué, tout autre penchant ne pouvait qu’être éphémère ? Et cependant, il en avait, en ce moment même, une preuve nouvelle : la mort de Noémie ne le laissait ni désemparé ni seul. Tant que Thérèse vivait, eût-elle été plus éloignée encore, eût-elle cru rompre tous les liens qui l’unissaient à lui, il n’était pas seul. Il voulut imaginer, l’espace d’une seconde, que Thérèse reposait là, sous ce tertre jonché de fleurs : mais il ne put en supporter l’idée. Il ne se faisait presque aucun reproche des chagrins qu’il avait causés à sa femme, tant, à cette minute solennelle, devant cette tombe, il avait conscience de ne lui avoir rien dérobé d’essentiel, de lui avoir consacré le plus rare et le plus durable de son coeur ; tant il avait conscience de ne lui avoir jamais un seul instant été infidèle.
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