"Le tyran des mots" de Rémi David et Valérie Michel, éditions motus
Dans un royaume lointain, un horrible tyran persécute son peuple. Redoublant d'imagination pour conserver son trône, il décide un jour d'interdire aux habitants de prononcer certaines lettres ou certains mots. de fil en aiguille, des mots disparaissent vraiment, puis des émotions et même des pensées. Une fable qui rappelle combien la liberté de pensée et liée aux mots, et aux idées qu'ils véhiculent.
Mis en mots par Rémi David et sublimé par les illustrations de Valérie Michel, ce roman graphique interpelle par son sujet et la justesse de son ton. Un auteur, une illustratrice et un éditeur normands pour une collaboration réussie !
Entretien à la librairie La Grande Ourse à Dieppe
Vidéo : Paris Normandie
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Tel un mystagogue des temps reculés, Genet invite le jeune homme vers ce qu'il pourrait devenir. Persuadé qu'Abdallah peut briller, il encourage à poursuivre dans son art sans relâche, dans cette quête, pour se réaliser, se révéler à lui-même. C'est là l'enjeu de tout art.
Genet ne se contentait jamais, quand il aimait, de vivre avec quelqu'un. Vivre une histoire d'amour, ça n'était pas assez. C'était bien trop banal, c'était sans intérêt. Il s'agissait plutôt, grâce à l'amour, de créer quelque chose qui, jusqu'alors, n'était rien. Faire quelque chose de quelqu'un. C'était ce qui lui plaisait. C'était ce qui l'excitait.
Ce rêve commun inspira à Genet l'un de ses plus beaux textes, Le Funambule, un poème en prose qui est tout à la fois une lettre d'amour, tendre et très délicate, écrite à son amant, un portrait d'Abdallah ainsi qu'une réflexion sur l'art.
il avait saisi surtout qu'au-delà de la désertion un monde entier s'ouvrait. un monde où il y aurait de nouvelles raisons de plaire plus encore a Genet.
Abdallah désormais suscitait la même admiration que Genet portait à Giacometti et qu’il avait tant convoitée. Même il la dépassait. Son acte le fascinait. Il lui avait fallu mourir avant que d’apparaître, enfin, aux yeux de Genet. p. 147
Certains trouvent dans le voyage une énergie nouvelle, salvatrice dans laquelle ils vont pouvoir puiser. Le moi catapulté dans un tout autre ailleurs reconquiert des assises, il se redéfinit, se tourne vers les autres, puis il relativise la souffrance qu'il endure. C'est une chance. D'autres comme Abdallah, s'avèrent bien incapables de vivre ainsi le voyage et ne se retrouvent que plus terriblement face à eux-mêmes, à ce qu'ils fuient, face à leurs peurs, à leurs contradictions, à leurs déceptions. Ils se sentent en voyage encore mille fois plus seuls qu'ils ne l'étaient avant de larguer les amarres.
Propulsé après guerre par Cocteau puis par Sartre, qui forgèrent avec lui sa légende à la fois d'enfant voleur, de poète criminel et de génie des mots, Genet était devenu la nouvelle mascotte du monde littéraire.
Ils mirent en place aussi, partout dans le royaume, des marches silencieuses qui firent très grand bruit.
Elles rassemblaient des gens venus pour défiler dans un profond silence mais qui en disait long sur leur opposition aux ordres du tyran.
Si je fais disparaître le mot révolution, plus personne ne saura ce qu’est une révolution. Et ne sachant pas ce que c’est, pas même que ça existe, personne ne la fera, cette révolution.
Parmi toutes ces démarches écologistes, il eut aussi une idée géniale et bien à lui: celle de "l'arbre locataire". Une fois de plus, il s'agissait pour Hundertwasser de faire de la nature une partenaire de l'homme, pour que les deux vivent en harmonie. Mais il allait franchir encore une étape supplémentaire en appelant à considérer les arbres comme des locataires, au même titre que les hommes! C'est en 1973, en Italie, qu'Hundertwasser planta pour la première fois ses "arbres locataires": les passants d'une grande avenue de Milan pouvaient alors voir quinze arbres pousser de quinze appartements, la tête penchée par la fenêtre! Comme il l'expliquait, les "arbres locataires" profitent à tous ceux qui se promènent dans la rue et qui peuvent les admirer de loin.