C’est ainsi que je suis entré dans le monde mystérieux où les anges et les démons se livrent une bataille sans merci dont je devenais l’un des enjeux et où, tour à tour, ils allaient m’étourdir de bonheur et m’écraser de souffrance.
Longtemps, je n'ai eu souci que de retrouver les yeux de mes amis, de n'y plus lire la déformante inquiétude qui défigurait leur sourire. Je n'osais pas leur dire que je n'avais pas été malade, que je n'avais pas été fou. Je ne voulais pas les entendre me rassurer et m'affirmer leur confiance en moi. Je n'ai jamais dit à personne, sauf aux deux prêtres qui m'ont secouru, que je ne me suis jamais cru fou. Les psychiatres, paraît-il, s'en étonnaient, comme de la clarté et de la sobriété dont je m'efforçais de les aider. Le fait est simple, pourtant : j'étais possédé. Je ne puis aller par le monde en criant cette vérité et, cependant, j'ai besoin de m'en parler une dernière fois, pour livrer mon témoignage et surtout pour penser à Elle, pour retrouver les yeux émerveillés et si terriblement lucides de mon Ophélie.