- Ah, inutile. Je peux m'en charger toute seule, protesta grand-mère, protestation où il y avait la joie qu'on se soucie d'elle, la jalousie de voir quelqu'un d'autre arriver chez nous, la peur de n'avoir plus de quoi se plaindre, la fierté de se savoir encore capable de faire face, et la générosité de nous épargner des dépenses inutiles, puisqu'on pouvait compter sur elle.
Si seulement je savais prier! La prière est répétition. Automatisme de la répétition de mots bien rodés qui te dirige vers toi-même, ce dont je veux justement me délivrer!
Chaque son de la musique se constitue à partir du silence, sans s'y abandonner, en luttant contre lui (…)
Dans l'adolescence, l'homme entretient avec ses stimulations spirituelles des relations au moins aussi pudibondes et opiniâtres qu'avec ses stimulations érotiques.
Ainsi, la folie n'est rien d'autre que l'impossibilité de se réconcilier avec le temps. Avec la certitude et l'incertitude.
Quand il n’avait pas de dent, il parlait comme s’il mastiquait en même temps. « Chacun doit vivre la vie qui lui est donnée. Malheureux sont les impatients. Retiens-le bien ! Mais qu’est-ce que le bonheur ? Qui le sait ? Le bonheur, s’il vous plaît, est semblable à la plus belle femme. Si tu le désires, si tu t’emploies à l’obtenir, il fait la coquette, remue le popotin, mais ne se donne pas. Quand tu veux son âme, il veut donner son corps, et si tu désires son corps, c’est son âme qu’il met à tes pieds. Toujours ce que tu ne veux pas. Parfaitement. Les impatients sont malheureux, car ils veulent toujours quelque chose et obtiennent toujours ce qu’ils ne veulent pas. C’est pourquoi le bonheur est comparable à la plus belle des femmes. (…)»
[...] vois-tu, on se construit un père, si on n'en a pas un, puis il s'avère que ce père construit n'existe pas non plus, et que la seule qui existe est précisément ce rien, une espèce de Dieu.
Les sensations et la pensée, ces deux mondes entremêlés dont on sait que parfois ils se brouillent, interfèrent, ou d’autres fois basculent, s’infiltrent, affluent et refluent l’un dans l’autre, puis émergent, sombrent et se résorbent tandis que l’un laisse la voie libre à ‘autre ou prend le dessus…
Les chiens hurleurs de l'enfer voudraient me voir tenir ma langue, n'en pas souffler mot.
Mais lorsque tu négocies avec un Russe, tu peux mettre ta logique au placard.