Mychele S.

Tout le monde connaît la vie de tout le monde dans cette petite communauté. Quand on se rend au centre-ville, où se trouvent le magasin général – celui qui propose aussi bien des vêtements féminins que des accessoires pour chevaux –, mais également l’unique petit café-restaurant de l’agglomération, on peut apprendre les moindres faits et gestes de telle ou telle personne… il suffit de poser la bonne question.

Les journées défilent et se ressemblent, j’en avais perdu l’habitude depuis cinq ans. Quand on passe son temps à traverser les États pour aller d’un boulot à un autre, on apprend à s’adapter rapidement, et surtout, on ne s’ennuie jamais. J’avais même réussi à aimer ce rythme de vie.

La colère, la tristesse ou bien la haine ne sont pas des sentiments qui font bon ménage quand on travaille avec les chevaux.

- Pas question que je me retrouve encore face à face avec ton service trois-pièces !

Un fou rire silencieux me secoue, toutefois je parviens enfin à dénicher une de ses satanées serviettes, que je m'empresse de nouer autour de mes hanches.

​- Ça va, la bête est cachée, la rassuré-je en laissant enfin libre cours à mon hilarité.

La jeune femme me fusille du regard et je lui souris malicieusement en retour. Furieuse, elle se lève et prend la direction de la salle de bains avec sa valise. Juste avant de franchir la porte, elle pivote et me balance en pleine face.

- J'ai tout à coup l'impression que l'araignée que j'ai pulvérisée hier soir était énorme, en fait.

Puis elle ferme le battant.

Oh, la sale peste !

Josie bascule sa tête vers l'arrière et m'observe un instant. Je cueille un baiser sur ses lèvres et nous restons là en silence, allongés sur le canapé. La chaleur de son corps me réconforte, tandis que les bribes de mon enfance menacent de s’immiscer dans mes pensées.

Plus tard, alors que je la croyais endormie, elle chuchote :

- Tu es quelqu'un de bien, Logan Carson.

C'est à ce moment précis que cela se produit.
​
Que mon cœur cède tout à fait, et lui appartient.

" Tout est peut-être resté intact dans cette maison, mais la femme qui se tient devant moi n’est plus que l’ombre de celle que j’ai aimé jadis..."

La faible lueur m’empêche de bien distinguer les traits de son visage, cependant je les connais déjà sur le bout des doigts, ils sont gravés dans la mémoire de ma peau. Je pose délicatement ma main sur sa joue recouverte d’une barbe de quelques jours. Descendant la courbe de sa mâchoire, je tourne sa tête vers moi et pose mes lèvres sur les siennes.​

Je ne t’ai jamais aimé aussi fort qu’en cet instant. Mes sentiments pour toi se sont envolés à une vitesse totalement incontrôlable. À la minute où tu as croisé ma route, je t’ai appartenu, Lara. Tu es désormais ce que j’ai de plus important, alors ne compte pas sur moi pour te laisser tomber. Jamais.

Je sais que cette fille est faite pour moi, Chris. C’est la femme de ma vie! L’unique, tu comprends?