Marky Ramone

Les Ramones sont un des trois ou quatre groupes américains parmi les plus influents de tous les temps, et leur histoire, telle qu'elle est racontée par le survivant Marky ramone, est à la fois captivante et lumineuse. Alors, enfilez votre vieux Perfecto, hurlez "Gabba Gabba Hey " à pleins poumons, et plongez dans ce livre.
Stephen King

J'ai récemment découvert que le pape François et le président Obama étaient tous deux fans des Ramones.
Chaque jour est une nouvelle aventure.

Quand les Ramones montaient sur scène, il n'y avait aucune esbroufe.
C'étaient de toute évidence quatre gamins des rues, en jeans et t-shirts.
Ils avaient les cheveux longs, mais pas comme les hippies. Leurs chansons duraient deux minutes-peut-être deux et demi. Il n'y avait pas de bla- bla entre les morceaux, juste quelques mots, puis "one, two, three, four" et le suivant
[...]
Un concert complet faisait quinze, peut-être vingt minutes.
Et si c'était trop court ? Allez vous faire foutre.

Une toute nouvelle génération découvre la beauté brute et effrontée de la chanson punk - deux minutes pour faire passer votre message d'amour, de haine, de colère, de joie, de frustration, de plaisir, de sarcasme, de guerre, de politique ou parfois juste une blague entre potes.

J'ai expliqué à Dee Dee qu'il faisait peut-être partie d'une rare poignée de gens qui pouvaient prendre un livre, le parcourir en diagonale et écrire une chanson accrocheuse à son sujet en moins d'une heure. Je lui ai dit qu'il avait fait pour le punk ce que Stephen King avait fait pour le roman de fiction - créer à partir de rien des images, des thèmes et des histoires qui attiraient les gens, parce qu'ils pouvaient s'y identifier. Parce que ses chansons fouillaient la curiosité, les peurs et l'insécurité que les gens trimballaient avec eux sans pouvoir les verbaliser.

Le concert a été beaucoup plus facile que l'interview. Les jeunes Allemands, nés dans les années cinquante et soixante, étaient là pour passer un bon moment, et c'est ce qu'ils ont fait. Il y avait environ cinquante mille soldats américains encore postés en Allemagne de l'Ouest, et il y en avait peut-être cinq mille au concert. Ajoutez à ça environ mille cinq cent gamins allemands hurlant, dansant, tapant des pieds et engloutissant de la bière, et vous obtenez le vrai "Blitzkrieg Bop". De la sueur gouttait du plafond. Dee Dee comptait en allemand et a même lancé quelques slogans dans cette langue. On ne savait ce qu'il disait, mais la foule comprenait et devenait dingue. Dee Dee aurait pu en profiter pour être beaucoup plus démago, mais ce n'était pas le genre des Ramones, dans aucune langue.

Les jeunes passaient la plus grande partie de leur vie à supporter des gouvernements merdiques, des boulots merdiques et un environnement merdique. Un concert de rock - n'importe quel bon concert de rock- fournissaient un soulagement, bref mais intense, et envoyait un message retentissant aux autorités. Un bon groupe de rock était une bande d'anti-héros. Peut-être, peut-être seulement, les Ramones - avec leur look venu de la rue, leurs ignobles chansons bruyantes et leur présence scénique qui ne se la pétait pas - étaient-ils les parfaits anti-héros.

J'ai toujours pensé que les Ramones avaient les meilleurs fans du monde, mais maintenant, il semblait y en avoir encore plus, et parmi eux, beaucoup de visages plus jeunes apparaissaient dans le public. Des gamins de quatorze ou quinze ans sautaient dans tous les sens et chantaient les paroles de "Sheena". Ils étaient à peine en âge de marcher quand le premier album était sorti. Mais d'une façon ou d'une autre, regarder Rock'n'Roll High School en vidéo et écouter Rocket to Russia, Road to Ruin et End of the Century leur était rentré dans le sang.

J'ai toujours passé de grands moments avec Joe Strummer, le chanteur et guitariste des Clash. On traînait dans sa chambre d'hôtel en écoutant Rocket to Russia, le troisième album des Ramones, ainsi que tout ce qu'on pouvait trouver de Bob Marley pu de Peter Tosh. Joe s'est pris d'affection pour mes Converse, je les ai donc enlevées et les lui ai passées. J'avais déjà une paire de tennis anglaise dans mon sac de voyage. Joe et moi, on a tous les deux quitté la tournée en croyant qu'on était plus punks que quand elle avait commencé.

Mais quand quelqu'un décédait dans le monde du rock, ça tombait un peu plus près de moi que je ne l'aurais aimé. S'il s'agissait d'un batteur légendaire qui m'avait inspiré, ça tombait encore plus près. Et si ça avait un rapport avec l'alcool, c'était en plein dans le mille. Comme la plupart des musiciens, je passais par des hauts et des bas, tout en faisant ce que je devais faire. Se sentir invincible était un truc assez pratique. Mais pendant quelques moments calmes passés en mer, je me suis senti soudain vulnérable.