La puissante silhouette en mailles noires de Maris se décala avec un grand rire et un impressionnant coup de taille qui décapita net un orc ventru et se termina par l’explosion du crâne d’un autre. Raday s’écarta en tenant à distance de sa lance une vociférante nuée de gobelins.
Len propulsa les sels noirs en un arc devant lui. Invoquant l’Air, il les souffla avec la brutalité d’un ouragan puis dans le laps de temps parfait, tonna les mots du sort. L’air vibra, les sels s’illuminèrent et enflèrent en un déferlement de lave qui emporta leurs ennemis, carbonisant tout sur son passage.
La cueillette des pucelages. Tel était le sujet de la discussion animée de l'enthousiaste bande de jeunes gaillards assemblée autour de tables rustiques et bancs sommaires.
Adelin s’empara de ses fesses, peau contre peau, et les choya. Très directif, il l’entraîna sans attendre de l’autre côté de la cloison. Dans des odeurs de sciure, Aloïs fut repoussé sans un mot sur un empilement de sacs et ses chausses prestement baissées sur ses chevilles. Pressé, surexcité, l’apprenti ne les lui ôta pas et s’installa entre ses jambes, écartant le bas de sa tunique pour empoigner sa fine verge bandée. Le Page ne maîtrisait rien, il ne se débattait plus, mais n’avait pas le cran de participer.
En temps normal, Len se serait pris de passion pour la conversation, mais il demeura aussi muet que le montagnard. Bien entendu, il en fallait davantage pour doucher l'enthousiasme du bavard.
- Quand je vois certains garçons, je me dis qu'ils ont beaucoup en commun avec les femmes, dit-il en observant les statues.Tu sais : la grâce, la finesse du corps et du minois. Et quand ils n'arrivent pas à se faire pousser un poil de barbe, c'est criant !
Il termina sur un éclat de rire qui dérida le vétéran. Un frisson roidit l'échine de Len. Maris venait plus ou moins de le décrire. Mince, glabre et le visage doté de traits fins qu'il aurait lui qualifié d'aristocratiques, ainsi était-il. Confirmant sa pensée, l'épéiste lui appuya un clin d'œil malicieux avant de talonner son cheval et d'avancer vers l'accès de la cité.
Le soir venu, les vainqueurs purent fêter leur triomphe et leur joie de vivre.
Des jeunes gens aux cheveux emplumés entamèrent des danses autour de feux où cuisaient des viandes. D’autres rivalisaient dans des jeux d’adresse. Sans breuvages alcoolisés, les fêtards s’abandonneraient pourtant à l’ivresse. Celle de la sensualité. Len le devinait et une lueur espiègle chez Maris le lui confirma. Bientôt, les caresses des yeux déboucheraient sur des pelotages et bouche-à-bouche ardents. Une foule aussi importante donnait l’impression d’une invasion désordonnée du modeste hameau. Une orgie tout aussi désordonnée l’enflammerait sous peu.
— Non, il suffit ! lança-t-il du ton autoritaire qu’il travaillait depuis sa nomination au rôle de gouverneur.
Les yeux enjôleurs fouillèrent les siens et une langue irrésistible pénétra entre ses lèvres. Aloïs tenta encore de le forcer à s’écarter, mais en pesant sur la poitrine il sentit deux mamelons durs sous les bouts de ses doigts. Il en appela à Dieu. Trop tard. Le baiser langoureux et l’étreinte débordante l’emportaient.
Alejandro, placé près d'Angel, avait surtout discuté avec ces deux-là. Le métis n'ignorait rien de leurs manœuvres pour l'allumer, mais il ne pouvait les toucher. Le Russe déboursait une somme exorbitante pour l'exclusivité de leurs corps. Ce soir, Angel avait fait irruption vêtu d'un paréo vert et or moulant sa croupe cambrée, tombant sur ses fines jambes comme une robe, le tissu s’enfonçant entre ses belles miches car il ne portait rien dessous. Un collier de coquillages lui dissimulait stratégiquement les mamelons et il avait pris soin de bien peigner ses longs cheveux aile de corbeau qui s'éparpillaient sur des épaules d'adolescente. Pour compléter le captivant tableau, deux discrets traits noirs allongeaient les amandes de ses yeux. Une vibrante incitation au viol. La sérénité de Rod l'avait déserté un instant quand Angel lui avait habilement offert son dos de trois-quarts.
J'aime le teint que le soleil donne à ta chevelure blonde en été. Par contre tes joues sont bien rouges, ajouta-t-il amusé. Celles du haut j'veux dire. Parce que celles du bas sont pâlichonnes. J'ai en tête quelques créatives manières pour rehausser leur teint.
Une fois seuls dans la hutte, Vi lui fourra sa langue dans la bouche, se colla si fort contre lui qu'ils en tombèrent sur la natte où ils s'embrassèrent et se tripotèrent fébrilement.
Il s'arrêta à hauteur d'une meurtrière et sans avoir besoin de se retourner, il reconnut la présence du Prince.
Parfois, c'est comme s'il m'attirait à lui.
Le phénomène le laissait perplexe et seul un effort de volonté lui permettait de ne pas se soumettre à cette attraction.