Juan Pablo Escobar dénonce les mensonges de "Narcos" sur son père.
Ne manque pas cette chance d’étudier les langues pour que tu puisses apprendre des choses et t’exposer à des cultures différentes.
Mais fais attention : souviens-toi bien que tu n’es pas dans ton pays, et que tu ne dois rien faire d’illégal. Ne laisse personne te donner de mauvais conseils, et laisse-toi guider par ta conscience.
Souviens-toi que j’ai toujours voulu, en plus d’être ton père, être aussi ton meilleur ami.
Les hommes braves ne sont pas ceux qui descendent un shot d’alcool devant leurs amis, mais ceux qui ne le boivent pas.
Dans la cellule, ma mère exposa quelques peintures à l’huile et une petite sculpture d’un artiste local qui captait des scènes des quartiers pauvres de Medellin. Il y avait aussi des copies encadrées des avis de recherche que les autorités avaient distribués quand elles pourchassaient le cartel de Medellin. La photo de mon père et de Gustavo habillés en gangsters italiens était encadrée sur le mur et à côté du bureau on pouvait voir une photo rare d’Ernesto « Che » Guevara
L’entreprise de mon père, réputée la plus grande en termes de livraison de cocaïne, avait aussi enrichi bien d’autres gens, et il se servait de ce succès pour demander des dons. Chaque trafiquant de drogue qui passait la porte du bureau de mo père pour faire des affaires était reçu avec la même question insistante: «Combien de maisons pour les pauvres allez-vous me donner? Je vous engage pour combien de maisons ? Allez, ditesmoi!» Pour se faire bien voir par mon père, presque tous acceptèrent de donner de l’argent. Après tout, ses itinéraires pour faire passer la drogue leur garantissaient de faire fortune. Bien sûr, la peur forçait leur générosité. Selon mon père, la mafia lui donnait assez de fonds pour construire presque trois cents maisons.
Certains fabricants refusèrent de travailler avec nous, et une banque ferma même nos comptes. Beaucoup de gens pensent que nous avons vécu sur l’héritage de mon père pendant toutes ces années. Ce n’est pas vrai. Nous avons survécu grâce à l’aide de ma famille maternelle, à l’expertise de ma mère durant la négociation des objets d’art et des propriétés, et aux salaires de nos emplois. Personne ne sait mieux que nous que l’argent sale n’apporte que des tragédies, et nous n’avons aucun désir de revivre le passé. Ma famille et moi avons appris à vivre et à travailler dans la dignité, toujours en accord avec la loi et grâce à notre éducation. Nous avons le droit de vivre en paix, comme nous l’avons toujours voulu.
Ne laisse personne te donner de mauvais conseils, et laisse-toi guider par ta conscience. Souviens-toi que j’ai toujours voulu, en plus d’être ton père, être aussi ton meilleur ami. Les hommes braves ne sont pas ceux qui descendent un shot d’alcool devant leurs amis, mais ceux qui ne le boivent pas. Excuse-moi, je philosophe beaucoup et j’écris une longue lettre, mais comme nous sommes samedi, je voulais te dédier une partie de mon temps, un peu comme si tu venais me rendre visite.
J’ai demandé pardon pour les événements qui se sont passés avant ma naissance, et je continuerai à partager ce message pour le reste de ma vie. Mais ma famille et moi méritons d’avoir l’opportunité de vivre sans la haine et le dédain. L’histoire de mon père nous a volé nos amis, nos frères et soeurs, nos cousins, la moitié de notre famille, et notre pays. En échange, elle nous a laissé l’exil, avec le poids de la peur et de la persécution.
Mon père était responsable de son sort, de ses actions, de ses choix de vie en tant que père, en tant qu’individu et en tant que criminel ayant infligé à la Colombie et au reste du monde de profondes blessures encore vivaces aujourd’hui. Je rêve qu’un jour ces blessures guérissent et deviennent une source bienfaitrice, qui, au lieu d’inciter les gens à répéter l’histoire, leur fasse apprendre de celle-ci.
« Je n'oublierai jamais l'expression sur le visage de ton père. C'est la première fois que je l'ai vu pleurer. Il m'a dit : "Qui est plus un criminel ? Moi, qui ai choisi d'en être un ? Ou les hommes qui se cachent derrière l'autorité de leurs uniformes de police pour abuser de ma femme innocente et ses enfants ? Dis-moi, lequel est plus criminel ?" »
Comme je n’étais pas toujours aux côtés de mon père, je ne connais pas toutes ses histoires. Quiconque prétend en connaître l’intégralité est un menteur. J’ai eu connaissance des anecdotes contenues dans ce livre bien longtemps après qu’elles eurent lieu. Mon père ne consultait ni moi ni personne pour prendre ses décisions. Il était de ceux qui se font leur propre avis.
J’aimerais publiquement demander pardon à toutes les victimes de mon père. Je suis abasourdi par la violence sans précédent qui a touché tant de personnes innocentes. Je veux qu’ils sachent qu’aujourd’hui je recherche à honorer leur mémoire, de tout mon cœur.