Enfant, les morts me faisaient peur, mais désormais c'était eux que je craignais le moins. Les morts n'ont ni religion ni nationalité. Ils étaient devenus mes amis. Je ne risquais plus rien en leur compagnie et leur silence me réconfortait...(p.206)
L’uniforme ne fait pas l’homme, il le défait.
Une haleine fétide se répandait sur toute la France, mais nous pensions qu’elle n’atteindrait jamais la porte de notre appartement.
L’homme ne connaît pas ses limites ou, plutôt, il n’en a pas, hors celles que la mort fixe pour chacun d’entre nous.
Nous ne savions plus très bien si nous appartenions au monde des vivants ou à celui des morts dans ce mouroir à ciel ouvert ou l’éternité valait dix minutes tout au plus.
La prison, c’est aussi un rythme et des habitudes dans lesquels il faut se fondre.
Condamné à mort du seul fait d'exister, mon père partit avec les autres sélectionnés vers la chambre à gaz avant d'être recraché par la cheminée des crématoires. Son visage ne s'est pas effacé. Il habite mon regard.
Il y a bien des points de comparaison entre la météorologie et le climat politique d’un pays. Il est bien rare qu’un orage éclate brusquement sans que le ciel se soit obscurci auparavant de lourds nuages menaçants.
C’est depuis ce dimanche 15 juillet 1944 que j’ai compris : l’obéissance peut-être la pire des soumissions à un destin.
Les hommes ne rient pas sur commande mais ils ne peuvent, pas plus, contrôler cette libération de l’être qu’est le fou rire.