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Citation de SamA


À Berlin comme à Marseille, ce qui exalte Benjamin, c’est la rue. D’où en épigraphe de Marseille la citation d’André Breton tirée de Nadja : « La rue… seul champ d’expérience valable ». Et l’on retrouve alors aussi bien le désir de se perdre dans la ville (« Mais il faut s’être égaré seul pour poursuivre avec le filet à papillons ces bruits effrayés […] ») que l’attirance pour le labyrinthe et pour Ariane prostituée qui entraîne son client à travers le dédale du Quartier réservé, non pas avec une pelote de fil mais en lui volant son chapeau :

« Les Bricks ». C’est ainsi que s’appelle le quartier des prostituées. Il tire son nom des allèges qui, à une centaine de mètres de là, sont amarrées au môle du Vieux-Port. Un immense magasin de marches, de ponts, d’arches, d’encorbellements et de caves. Il semble encore attendre qu’on l’utilise correctement, qu’on l’emploie à une fin adéquate. Et pourtant il en a une. Car cet entrepôt de rues désaffectées, c’est le quartier des prostituées. Des limites invisibles partagent le territoire de manière nette et anguleuse entre les bénéficiaires, à la façon des colonies africaines. Les prostituées sont placées aux endroits stratégiques, prêtes au moindre signe à circonvenir des hésitants, à se renvoyer le récalcitrant comme une balle d’un trottoir à l’autre. S’il ne perd autre chose à ce jeu il y perdra au moins son chapeau. Quelqu’un a-t-il déjà pénétré assez avant dans cet amas immonde de maisons pour parvenir jusqu’au plus intime du gynécée, la chambre où sont accrochés, alignés sur des étagères ou empilés sur des râteaux, les emblèmes dérobés de la virilité : les canotiers, les melons, les feutres, les borsalinos, les casquettes de jockey ?
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