Jean-Pierre Harris

(...) dès 1874, des travaux sont entrepris pour creuser un canal qui permettent d'associer la Loire à la Seine et même à la Saône. Entreprise interrompue en 1791, plutôt pour permettre la mobilisation de la patrie en danger, que pour des raisons politiques ou économiques.
Ce n'est qu'en 1822 que reprennent les travaux et souvent, des forçats creusent les tranchées, ce qui explique une révolte qui fut durement réprimée et qui peuplait encore des légendes semant l'angoisse dans l'esprit des enfants. Ce n'est qu'en 1841, sous Louis-Philippe, qu'il est inauguré et cela dans une relative discrétion : l'annuaire du département de la Nièvre pour 1844, comme le rapport du préfet à la session d'août 1887 du Conseil général, prouvent que ce canal du bois est menacé par la crise du marché dans ce domaine, et qu'il est donc, comme on a pu l'écrire "à contre courant, anachronique au moment même où s'achève sa construction". (Le canal du Nivernais)

A La campagne, l'habitation regroupe hommes et bêtes au moins pendant l'hiver. Ce n'est que dans la deuxième moitié du XIXe que va apparaître la fermette nivernaise, surtout dans les Vaux d'Yonne qui bénéficient du lien économique avec Paris et de l'enrichissement du second Empire. La loge du Coucou avec son toit de chaume, son unique fenêtre, correspond à cette définition d'un espace utérin où se reconstitue un silence et un repos primitifs.
"L'habitation du paysan est petite, humide, mal éclairée ; le plus souvent elle est privée de fenêtres ; le jour et l'air y arrivent par une seule porte qui ferme mal et lui apporte le froid rigoureux de l'hiver et en tous temps, les exhalaisons pestilentielles du fumier et des immondices qui croupissent dans une eau fétide devant sa maison, car, c'est devant sa porte qu'il amasse tout ce qui peut faire un peu de fumier : boues, pailles, herbes, déjections des animaux". (Adolphe de Bourgoing, 1797-1879)

Pendant de nombreux siècles, la forêt a représenté plus de la moitié de la province du Nivernais, et les moines en furent longtemps les principaux propriétaires et donc bénéficiaires. Ce n'est que lorsque le commerce des bois de chauffage vers Paris, se développa, que la forêt prit une valeur économique et intéressa les financiers.

On a peine à croire qu'à la fin du XVIIIe et pendant la première moitié du XIXe, la Nièvre fut un pays industriel, qui, malgré des crises graves et jamais complètement surmontées, fournit aux armées de la République, de l'Empire et même de la Restauration, des canons et des pièces pour les fusils, tandis que les mines de charbon de La Machine se développent un peu plus tard.

(...), le paysan ne buvait du vin que pour les grandes circonstances : "Les boissons en usage était le poiré provenant de poires sauvages pilées, un cidre provenant de pommes de même nature qu'on appelait scite. Les plus aisés des habitants buvaient ce qu'on appelait du rapé, provenant d'eau versée sur du marc de raisin et y ayant séjourné quelque temps. Dix hectolitres d'eau pouvaient ainsi passer sur un hectolitre de marc en produisant une boisson plus tonique que les autres et qui était plus estimée". (Comte de Motalivet, 1801-1890, "Un heureux coin de terre, Saint-Bouize et Couargues")

Où sont donc ces microcosmes de culture populaire qu'étaient les lavoirs d'autrefois, gageons qu'on y parlait plus encore qu'à confesse et peut-être des mêmes choses sur les mêmes gens, dans les mêmes lieux? Hélas, la rumeur est tenace, insolente, insistante! Mais on riait aussi de bon coeur, et dans toutes nos campagnes.