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3.95/5 (sur 41 notes)

Biographie :

Jean-Marc Graziani [44 ans ] est né à Bastia , vit et travaille en Corse. De nos ombres est son premier roman. Il est également un photographe de grand talent.

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Bibliographie de Jean-Marc Graziani   (1)Voir plus

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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Pourtant, collée aux mots que je pouvais lire, j’attendais ceux d’Auguste avec une impatience d’enfant. Ils étaient ma fenêtre sur la rue, une faible lucarne donnant sur une impasse, mais par laquelle une brise asthmatique rafraîchissait mon front, et l’espoir d’y voir passer l’ombre de François me donnait du courage.
Et cet homme, cet homme de rien, disant des mots de rien : il devint mon ami.
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En exergue

Quand j'y repense, il n'en reste pas moins que j'avais commencé d'écrire, et cela pour fixer les "secrets" que j'aurais pu oublier. Et même plus que pour les fixer, pour les susciter, pour provoquer des secrets à écrire. ---Louis Aragon, - Je n'ai jamais appris à écrire ou Les Incipit.
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Jean-Marc Graziani
extrait article de Télérama du 9 octobre 2020- de Christine Ferniot

(...) À 44 ans, marié et père de trois enfants, Jean-Marc Graziani n’a rien oublié de ses lectures d’enfance, portées vers la science-fiction et le fantastique. Il en a conservé le sens de la mise en scène parfois horrifique, souvent poétique. On devine son désir de passer de l’autre côté du miroir en compagnie des fantômes, quand il parle des anecdotes que tout le monde lui racontait, comme s’il avait pour devoir de les restituer.

Longtemps, Jean-Marc Graziani a pensé que l’écriture n’était pas pour lui. Il a fait des études d’histoire puis a suivi la voie familiale en devenant sapeur-pompier, comme son père. Plus tard, il a commencé à écrire des nouvelles en participant à des concours avant cette première publication aux éditions Joëlle Losfeld. Il répète souvent que l’écriture lui demande un effort incroyable, qu’il doute sans cesse et ne s’attendait pas à figurer un jour dans la vitrine d’une librairie. « Une page par jour », dit-il, comme un mantra. Précisant : « Je m’astreins à une page par jour quoi qu’il arrive, que l’inspiration soit là ou pas. » Un peu rassuré par la parution de son livre, il vient de commencer un nouveau manuscrit. (...)
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Le lendemain, pour l’enterrement, il fait affreusement chaud. La sueur mêlée à l’eau de Cologne auréole les chemises, et sur le front de la morte, qu’on aperçoit dans le cercueil ouvert, perle une étrange rosée. Devant elle, on défile encore ; retardataires, curieux, laiderons se repaissant de l’immanente justice qui fait que, très souvent, les beautés sont fragiles ; tous passent, brisant de leurs dos, de leurs nuques, de leurs pauses trop longues devant le catafalque, le lien des yeux, celui que le veuf, debout à quelques pas, voudrait indéfectible ; et François la fixe, depuis plus d’une heure déjà, et n’a pas bougé d’un cil ; bien sûr on vient l’embrasser et dire "condoléances !", mais lui ne répond pas, ne vous regarde pas, il la fixe, et ce regard puissant pourrait vous transpercer si, à cet instant, vous partagiez le même univers, mais non, vous ne risquez rien : lui est ailleurs.
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Il revoyait tout, le pauvre : la main aimée à laquelle il reste juste assez de force pour achever d’écrire et plus assez pour replier le mot ; celle, anonyme, qui le fait à sa place et qui, pour satisfaire la dernière volonté du mourant, trouve n’importe quel disque pour le glisser à l’intérieur, et le disque dans l’enveloppe, et l’enveloppe dans la boîte ; les doigts qui la retrouvent derrière le meuble où elle avait glissé ; la main du facteur fouillant dans sa musette ; de Mammo qui ne savait pas ; la mienne déchirant le papier ; enfin la sienne, portant la lettre à ses yeux où les images se brouillent dans les larmes.
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Cela me prit beaucoup de temps mais, au prix d’efforts dont ma beauté m’avait dispensée toute ma vie, je parvins à isoler des images assez longtemps pour y trouver quelque réconfort, interrompant le flux discontinu des choses comme on recueille entre ses mains l’eau glacée d’une fontaine ; juste assez de temps pour boire. Je n’ai survécu que par cela, mon esprit je veux dire, par ces instants volés, ces toussotements de réverbères éclairant l’obscurité par intermittence. C’est grâce à eux que je n’ai pas sombré dans la folie.
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Joseph -

Grenier

C'est étrange de se promener dans la maison d'un mort. il vous semble toujours qu'un lourd secret s'y cache, entre les pages d'un livre, au plus profond d'un vase, ou derrière un tableau. Et le défunt, loin de vous décourager, vous incite à percer le mystère, comme si le salut de son âme, coincée quelque part, bloquée dans l'au-delà par je ne sais quelle formalité, exigeait qu'ici-bas le mystère fût levé. Des lettres poussiéreuses d'un amour impossible aux preuves irréfutables d'un crime crapuleux, les morts ont des secrets qu'ils ne peuvent garder. Moi, j'ai fait profession de les en délivrer. (p. 20)
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Elles remontent du sol, se mêlent, tournent avec le soleil, comblent nos vides, nous hantent. Etonnantes, vraisemblables, inventées, certifiées, corrompues, essentielles ou futiles.. Les histoires.
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Une femme comme un tourbillon, accélérant le monde autour, le rendant plus drôle, plus intelligent, plus beau. Elle était magnifique, avec des yeux vifs qui paraissaient voir en toi pour te dire : “Toi, je te connais, inutile de faire semblant.” Et si elle disait ne pas croire en Dieu, elle le trouvait en chacun de nous : petite flamme sur laquelle elle ne cessait de souffler. Pour nous, c’était une sœur, une mère aussi, soucieuse et attentionnée comme elle l’était pour son propre fils. Oui, elle avait un fils... D’un Russe, de passage à Paris, elle avait eu un enfant. Elle l’avait choisi lui parce qu’il était très beau mais aussi parce qu’elle avait lu dans ses yeux qu’il mourrait bientôt. Et elle avait trouvé ça trop injuste. L’enfant, un garçon, elle l’avait appelé Mikhaïl, en l’honneur de Lermontov, le poète russe, mort lui aussi très jeune, dans un duel. En plus de rappeler les origines de son père, ce prénom, comme un talisman, était censé protéger l’enfant contre je ne sais quelle malédiction familiale. L’officier d’état civil avait refusé, et finalement elle avait dû l’enregistrer en tant que Michel, mais pour nous tous, il était Mikhaïl, un gamin taciturne qu’elle trimbalait partout, caché derrière son violoncelle.
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Il marchait calmement, son regard balayant l’espace devant lui comme un périscope la surface de l’eau. J’étais content de voir sans être vu, de le savoir si proche et à mille lieues de nous. Mais, à peine m’avait-il dépassé, qu’un sifflement se fit entendre puis un autre. Quelqu’un le hélait, et il leva la tête. Alors, d’une jalousie entrouverte, je vis sortir une main tordue qui pointa du doigt ma fenêtre. Et je reculai, horrifié.
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