Mes parents n'eurent jamais un billet de leur vie ! Seules les piécettes de cuivre leur étaient accessibles. Toute leur existence se résuma à un labeur incessant, tout juste suffisant pour ne pas mourir totalement de faim, sans même avoir un toit hermétique au-dessus de leurs têtes. Le dénuement permanent rendait la plupart des gens insensibles à la souffrance d'autrui.
"Où sont mes ancêtres ?", avais-je demandé à ma mère du temps où je parlais. Elle me répondit qu'elle l'ignorait. Ses parents, comme tous les nécessiteux, avaient conservé l'habitude de déposer les dépouilles des leurs à l'extérieur de la ville. Les chiens errants se chargeaient de la voirie nocturne et au matin la place était nette.
" L'argent n'est rien en soi. Juste du métal ou du papier... Des circonstances favorables l'offrent mais il devient un poison s'il n'est pas partagé... En outre, à quoi bon accumuler ce qui vous sera volé, finalement, par le Grand Usurier Universel, qui a le double de vos clés?"
Mère remarqua: Mais une bonne action accomplir par un pauvre passe inaperçue !où est elle notée ?
Dans son cœur !répondit Père.Seuls les pauvres aident-sans forfanterie-les pauvres et donc leur bonté les comble.Ceux d'en haut ne s'intéressent qu'aux actes des leurs.Laisonns leur cette vanité.
Une fois rentrée, je questionnai Père de façon à éclaircir une énigme. Pourquoi monsieur Wang ne manquait jamais d'argent, grâce à son coq et à ses martingales au jeu, alors que sa famille était toujours aussi pauvre que nous ?
Ne vous ai-je pas dit que la fatalité n’est qu’un épouvantail ?
Voyant mon désarroi, elle écourta nos adieux. Tandis que je l'embrassais, je ne sais d'où elle la sortit, mais elle glissa dans mes mains une bourse de velours noir dont le seul poids avouait une petite fortune.
Je songeai à mes parents qui, durant toute une vie de labeur, n'avaient pas gagné le quart de cette somme.
Même prisonnier au sein de la noirceur, si l'on reste patient et confiant, la déveine se lasse et vous abandonne.
C'est une oasis fleurie, serrée dans l'amoureux corset de ses fortifications.
Mes parents étaient de pauvres gens. Avec Lou-Wen, mon frère de deux ans mon ainé, nous vivions dans une cahute de boue sèche, sous l'ombre glacée des remparts, en compagnie de nos semblables.