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Citations de Gaëlle Perrin-Guillet (88)


Paddington la maudite.
Station puante et enfumée qui, pour sortir de terre, l'avait dépossédé de son seul bien. Les contremaîtres l'avaient expulsé de chez lui en échange d'à peine vingt livres sterling : le prix de son existence aux yeux de ceux qui faisaient le monde.
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Tout était limpide. Sa motivation : l'amour fou, disait-elle. Son mode opératoire : toujours le même. sa dénonciation : involontaire. Et son arrestation. Malgré tout, le rouage essentiel n'y était pas. Pourquoi ?

Quelle était cette œuvre soi-disant de génie qu'elle poursuivait ? Il avait eu beau tourner les pages, s'abreuver des détails sanglants de ses meurtres, parfois même il avait essayé de se mettre à sa place, tenté de la comprendre de " l'intérieur ", rien ne lui avait sauté au visage, pas le moindre indice. Les flics affectés à cette affaire avaient bien bossé à l'époque, tout avait été passé au peigne fin. L'assassin avait fini derrière les barreaux, au final, c'est ce qui comptait le plus.

Aujourd'hui, tout était à refaire …
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"Qu'est-ce qui vous faire rire comme ça, Doc ?
- Je vous imaginais sur ma table d'autopsie...
- Et ça vous fait rire ? s'étonna le flic, la cigarette collée aux lèvres, la flamme du briquet suspendue devant lui.
- J'avoue que oui. En fait, j'ai surtout imaginé vos poumons... bien noirs, bien charbonneux...
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Il était à peine 8 heures du matin quand Caroline Juvet traversa le petit parking de l’hôpital. La matinée était calme, la chaleur étouffante des derniers jours avait laissé place à une pluie rafraîchissante. Abritée sous un parapluie aux motifs bariolés, la jeune femme hâte le pas et pénétra dans le hall du centre hospitalier. Il était tôt, mais la salle d’accueil était déjà remplie de gens attendant pour des rendez-vous divers ou des nouvelles d’un proche hospitalisé.
Ses patients à elle n’avaient pas d’horaires. Ils arrivaient à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, mais pouvaient patiente longtemps pour qu’on s’occupe d’eux, sans un mot plus haut que l’autre, sans accès de colère. Les morts sont des gens civilisés.
La jeune femme souriaient en appuyant sur le bouton de l’ascenseur. Elle se tourna et remit une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille, rectifia son maquillage et, satisfaite, tira un dernier coup sur sa blouse pour finir de la défroisser.
Ce n’est pas parce que ses patients étaient morts qu’elle devait leur manquer de respect et se présenter à eux dans une tenue négligée. Sans parler de son chef de service. Craquant à souhait. Malgré la différence d’âge, elle le trouvait très séduisant. Le docteur Bernet était un homme de grande classe et d’une intelligence remarquable et elle savait qu’elle avait tout à apprendre en effectuant ce stage à ses côtés. Si les leçons pouvaient déborder un peu du cadre professionnel, elle ne serait pas contre non plus.
Caroline gloussa comme une adolescente et se sentit rougir.
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« Fais attention à toi, Alix. Cette femme est dangereuse. Et pas seulement parce qu’elle tue avec autant de plaisir qu’elle bouffe une glace, mais parce qu’elle t’a dans le collimateur et te connait par cœur. Ne te laisse pas avoir. Sois vigilante, s’il te plait. »
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Décidément, Henry n'aimait pas ses semblables. Plus le temps passait, plus le sentiment de ne pas appartenir à la horde avec laquelle il était obligé de vivre lui pesait.
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Chacun son monde.
À eux les quartiers huppés aux vitrines scintillantes et aux automobiles en acier brossé qui dégagent des fumées à I'odeur de lys. À moi le monde sombre et la poussière du charbon que les mineurs jettent par pelletées entières dans les hauts fourneaux pour transformer le métal qui servira à construire les machines dont raffolent les Londoniens.
Chacun a besoin de l'autre, l'un pour rêver à ce qu'il pourrait avoir, l'autre pour se sentir exister, mais jamais nous ne nous mélangeons. Et si nous le voulions, les gardes du Gouvernement ne nous laisseraient pas faire. Les ordres émanent de la Reine. Eux de leur côté, nous du nôtre.
Même avant l'épidémie qui a ravagé notre monde, les séparations entre pauvres et riches existaient déjà. Mais la maladie a accentué cette frontière. Jusqu'à dresser des barricades entre la City et le reste du monde.
Les postes de surveillance ont fleuri bien des années auparavant, avant que je ne vienne au monde.
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Au fond de son lit, Ruiz essayait vainement de profiter de ces quelques heures de liberté. Il avait à peine dormi quatre heures d’affilée en trois jours et pourtant le sommeil le fuyait comme un pestiféré. Il avait espéré que la blonde qui partageait ses draps à cet instant l’aiderait à déconnecter un peu et qu’il pourrait s’octroyer un moment de repos bien mérité. Mais rien à faire, il n’arrivait pas à dormir.
Il se redressa sur son oreiller et attrapa une cigarette qu’il s’empressa d’allumer. La couette bougea à ses côtés et une crinière dorée s’agita. A peine un regard dans sa direction et la jeune femme replongea sous les draps en grognant.
Le flic esquissa un sourire vite effacé par une grimace de dépit. Il ne savait même pas pourquoi il l’avait appelée. Désespoir, solitude, envie de se sentir vivant ? Il n’en avait aucune idée et, finalement, s’en foutait un peu. Il la connaissait depuis des années et avait tissé avec elle une relation simple, basée sur le besoin ou l’envie, selon le moment. Pas de prise de tête, pas de reproche, rien que la satisfaction d’un instant de volupté partagé. Le reste, il le laissait bien volontiers à celui qui en voudrait. Même si, au fond de lui, il savait pertinemment que ça ne durerait pas éternellement. Elle était plus jeune que lui, belle à damner un pape, et par-dessus le marché, intelligente.
Elle le quitterait certainement un jour pour un autre, un homme qui serait disponible, qui lui apporterait l’attention qu’elle méritait et lui ferait mener la vie à laquelle elle avait droit. Peut-être même qu’il devrait tenter sa chance et envisager une aventure différente à ses côtés. Envoyer valdinguer toutes ces conneries de célibataire auxquelles il se raccrochait comme un naufragé a sa bouée, lâcher son boulot qui le bouffait petit à petit de l’intérieur et découvrir les joies de la vie de couple. Peut-être.
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Londres, 1892.

L’homme scrutait sa flasque désespérément vide, comme si la regarder allait la remplir par magie. Il mit la main à la poche, à la recherche d’un penny, mais ne rencontra là aussi que le néant. Cela le fit rire. Il s’allongea à même le ciment froid du tunnel obscur où il avait désormais élu domicile, loin de la surface et de sa vie trépidante.

Il ferma les yeux. Le tremblement du sol sous sa tête, un courant d’air frais sur sa peau : le dernier métro entrait en gare. L’homme imagina la foule sortant des wagons, les uns habillés de redingotes flambant neuves, avec à leurs bras des femmes drapées dans des robes de taffetas aux couleurs sombres et sobres, tenues agrémentées de camés autour de leur cou fin et gracile et des gants de soie sur leurs mains. Certains couples marchaient tranquillement pour profiter de l’air chaud de la station de Paddington, tandis que les autres, plus modestes dans leur tenue de travail, allaient d’un bon pas, pressés de retrouver la rue. Nulle part ailleurs ces deux mondes si distincts n’auraient pu se côtoyer comme ici. Même les gredins pouvaient se fondre dans la masse et frotter leurs fripes sales et malodorantes aux épaules des gentilshommes, une main noire de suie les délestant de leurs bourses, avant de filer vers la surface.
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Ses patients à elle n’avaient pas d’horaires. Ils arrivaient à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, mais pouvaient patienter longtemps pour qu’on s’occupe d’eux, sans un mot plus haut que l’autre, sans accès de colère. Les morts sont des gens civilisés.
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L’air du soir était chargé de fumée et sentait le charbon. Le vent ramenait les nuages pleins de suie en provenance des usines plus au nord sur le quartier de Marylebone, saupoudrant au passage les murs et le chaussée d’une pellicule noirâtre qui persisterait jusqu’au lendemain. L’air de Londres n’avait que faire des frontières entre quartiers. Les docks pouvaient empester jusqu’aux confins de Mayfair et empuantir aussi bien les robes de dentelles que les tenues des ouvriers, tandis que le charbon recouvrait les toits des demeures les plus luxueuses au cœur même de la City. Londres partageait ses atouts avec tout son peuple, sans discernement, sans retenue.
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Un éclat de voix nous fait tourner la tête sur notre gauche. Deux gardes se mettent soudainement à courir après un homme qui s'enfuit, trébuche et s'affale de tout son long sur les pavés poussiéreux de la rue, juste devant nous. Je regarde les gardes lui tordre un bras dans le dos en lui hurlant dessus:
- Vous êtes en état d'arrestation pour vol manifeste. Veuillez ne pas bouger.
Dans la ruelle voisine, l'écho des pattes d'une sentinelle retentit et je vois alors de très près cette bestiole de fer et d'acier que je n'avais qu'aperçue lorsque nous étions venus chez Philip pour la première fois. Elle doit mesurer trois mètres, si ce n'est plus et ressemble réellement à une grosse araignée, Son ventre est en fait une cage vitrée dans laquelle les gardes enfournent le pauvre homme. Une fois chargée, la Sentinelle repart de son pas mécanique et disparaît au coin d'un petit immeuble délabré, suivie par les deux gardes.
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Et quand une autrice capable de vous transir littéralement de froid en évoquant le brouillard de Londres et de vous faire frémir les narines en décrivant une tasse de thé, s'empare de cette toile de fond rétofuturiste, je vous fiche mon billet qu'il ne vous faudra qu'un paragraphe pour voir s'ériger sous vos yeux un Londres steampunk plus vrai que nature.
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Il y avait deux villes : celle des riches et celle des pauvres. Et malgré tout ce que les pauvres tentaient de faire pour s'en sortir, ils resteraient pauvres aux yeux des riches. Il n'existait aucun pont entre ces deux états, et le mélange ne pouvait ce faire.
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— Tout le monde n’est pas comme cela, m’sieur ! Je ne suis pas comme cela. Votre dernière affaire vous a touché bien plus que vous ne voulez l’admettre. Je le comprends. Mais vous restez là, assis dans votre fauteuil, à attendre que les jours passent. Vous ne parlez plus, vous ne faites plus rien. Vous râlez contre le monde entier en refusant d’ouvrir les yeux sur ce qu’il y a de beau dehors. Avez-vous oublié miss Pickman ? Elle a su remonter la pente sur laquelle vous vous laissez glisser. Vous êtes plein d’aigreur, monsieur Wilkes. Je ne vous reconnais plus. Si vous comptez poursuivre sur ce chemin, autant vous tirer une balle dans la tête tout de suite !
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Coucher sur papier l’horreur qui la submergeait chaque jour un peu plus, démystifier l’acte et le transformer en mots bruts auraient dû suffire à la protéger, à la maintenir dans un rôle de témoin silencieux de faits sanglants.
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Au tout début de leurs entretiens, Alix avait pensé que l’accident de la route qui avait coûté la vie à ses parents l’avait déstabilisée au point d’en faire une meurtrière. Un déclenchement affectif pour un exutoire à sa colère. Elle s’était trompée.
Tout cela n’avait rien à voir. Il avait suffi qu’elle croise la route d’un homme pour que son destin bascule. Comme si notre vie n’était conditionnée que par les rencontres que l’on pouvait faire.
Longtemps, après ces entretiens, elle avait essayé de voir sa propre vie avec les yeux d’Éloane.
Et si Flavien s était révélé être un dangereux psychopathe ? Lui aurait-t-elle voué sa vie comme Frezet l’avait fait ?
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- […] Un ciné, ça te branche ? »
La jeune femme sécha ses larmes et se leva.
« Avec plaisir ! Mais on évitera toute violence et on s’en va plonger dans les histoires d’amour pleines de guimauve qui dégouline ! Avec du pop-corn à s’en faire exploser le ventre !
- A vos ordres, madame ! Je vous avance la limousine, soyez prête dans dix minutes. »
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Elle refusa qu'il entre dans la maison arguant du prétexte que son conjoint devait dormir et qu'elle ne voulait pas le réveiller. En fait, elle ne voulait pas faire entrer cet homme, et la fonction qu'il incarnait dans son sanctuaire et ramener avec lui toute l'horreur des dernières heures. Sa maison était son refuge, le seul endroit où elle pouvait laisser à la porte ses problèmes, ses tensions et toute la saleté du monde que son couple côtoyait chaque jour.
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- Par contre, je me rappelle très bien la bestiole qui m'a piqué. Petite, avec de grandes pattes comme une araignée. Toute en métal ocre. J'entends encore ses pattes cliqueter sur les dalles dans la ruelle où elle m'a coincé, Et ses yeux rouges qui ont clignoté juste avant qu'elle ne m'enfonce son dard dans le ventre.
Sa voix trahissait toute la terreur qu'il avait dû éprouver à cet instant. Mais une question me taraude. Sa description ne correspond pas à ce que je connais et qui parcourt les rues la nuit tombée.
- Ce n'était donc pas une Sentinelle?
Miss Pewel me lance un regard que je ne comprends pas. Chargé d'angoisse et de résignation.
- Non, Enora, ce n'était pas une Sentinelle.
- Mais alors ? Qu'est-ce que c'était ? Une nouvelle machine qui va nous traquer encore ? Les Sentinelles ne leur conviennent plus qu'ils en inventent de nouvelles ?
- Cette machine n'est pas une nouvelle arme, Enora... Mais une ancienne. Elles étaient en service il y a presque trente ans.
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