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4.08/5 (sur 31 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Aubervilliers , 1966
Biographie :

Frédéric Fiolof est diplômé en philosophie et sciences du langage, vit et travaille aujourd'hui en Seine-Saint-Denis après avoir enseigné le français et la littérature en Guinée Bissau et en Roumanie, et dirigé l'Alliance Franco-Sénégalaise de Ziguinchor. Il est conseiller en formation continue, chargé de développement et d’ingénierie de formation.
Pour tromper son étrange manie de lire sans cesse, il tient un blog depuis 2010 (La marche aux pages, écrit ici ou là (Culturopoing, À la dérive, La Nouvelle Quinzaine littéraire...) et a fondé la revue La moitié du fourbi. Son premier roman paraîtra chez Quidam Éditeur en septembre-octobre 2016 : La Magie dans les villes.

Source : http://r22.fr et http://www.quidamediteur.com
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Aujourd'hui tout va bien, constate-t-il. J'ai suivi au pied de la lettre les conseils avisés de mon médecin de famille, de mon orthophoniste, de mon psychologue, de mon ergothérapeute, de mon nutritionniste, de mon podologue, de mon psychothérapeute, de mon cardiologue, de mon dentiste, de mon sophrologue, de mon kinésithérapeute... Et ma foi, les événements de la journée se sont enchaînés avec beaucoup de bienveillance. A un moment donné, je me suis juste un peu ennuyé.
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Il aime bien les dimanches. Leur petit air de répit grignoté, de répit mal ajusté. Ils ont la mélancolie de tout ce qui n'en finit pas de finir. Ils ont quelque chose d'une vieille terrine un peu indigeste que se partageraient fraternellement morts et vivants. Le dimanche, il ne va pas à la messe, il ne fait pas non plus la grasse matinée. Il se lève et ne sort pas. Il veut profiter pleinement de cette croûte de temps, épaisse et friable. Il écoute les oiseaux qui ne chantent pas, la pluie qui tombe ou ne tombe pas. Il pense à de lointains cousins trépanés, qu'il n'a pas connus. Des cousins de cousin en noir et blanc dans les tranchées de la Marne. Il pense à l'eau noire du canal et à cet endroit où elle rejoint la Seine, presque pour rien, sans changer de couleur. Le dimanche, il lit entre les lignes et porte un âne mort dans son coeur. Autour de lui on s'agite souvent. On le contourne comme un vieux chêne. Le sens de la famille se perd dans les rayures de son pyjama. Il se dit que le dimanche mériterait d'être la veille de tous les autres jours. Bien sûr, techniquement, ce serait compliqué. On ne bouscule pas si facilement les agendas, on ne refait pas des calendriers qui se perdent dans la nuit des temps. Il se dit que c'est dommage, et puis il oublie. Il retourne à son temps d'encre molle. Il aime le dimanche non pas comme un jour de repos mais comme on aime un puits. Un puits sombre et débonnaire.
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Il arrive qu’il s’efforce d’être celui qu’on voudrait qu’il soit. Il se rend à un dîner, à une soirée chez des amis, il accroche son cœur au porte-manteau et il fait des phrases qui tombent rondement dans la conversation. Il sait flatter sans en avoir l’air, grincer ou pétiller quand il le faut. Il émet des signaux de joie ou de désespoir aux moments opportuns : une joie jamais trop joyeuse et un désespoir encore plein de ressources. Il se laisse glisser dans les scories du tiramisu et il n’a pas peur d’affronter la nature naturante. On le trouve en forme et il y met les formes. Il éprouve à cela un contentement un peu étrange, comme détaché de lui-même mais pourtant bien réel. Il se demande parfois si lorsqu’une femme simule le plaisir, elle ne finit pas par éprouver ce genre de contentement. Il y gagne une sorte de légèreté provisoire, pas désagréable du tout. Mais sa vieille peau s’ennuie au vestiaire, elle lui manque et il ne repart pas sans elle.
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Écrire à chaud demande de la confiance, comporte le risque de se tromper – mauvaise distance, mauvaise posture, risque de se prendre trop au sérieux, d’être paranoïaque ou au contraire de ne rien voir venir, de dire des banalités puisque le moment vécu, comme le lieu habité, souvent nous cache ses aspérités. Mais peut-être qu’une fois derrière nous, il deviendra notre lieu lointain et qu’on y découvrira, alors, les positions différentes dans lesquelles nous ignorions, chacun, nous trouver. (Hélène Gaudy, « En cours »)
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Il y a des jours qui passent, blanc comme neige. Des jours où rien ne se pose. L'oeil n'ai rien vu, l'oreille rien entendu. Les mots lus ont glissé sur la page comme un filet d'eau pressé de rejoindre la rivière. Chaque visage a été tous les visages, chaque parole moins qu'une brise dans la brise. Des jours ni tristes ni beaux, en somme. Des courants d'air muets dans nos tuyaux d'orgue. Des jours dont on finit par douter qu'ils ont vraiment existé. Petite vie s'accorde, se racle la gorge.
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Bricoleur, il ne l’est pas pour deux sous. Quand on lui demande de monter un meuble ou de poser des étagères, il soupire. De construire un château, il prend son air désolé. Il ne tient pas de son père, qui était né sur une échelle. Il n’a jamais eu de goût ni de disposition pour le savoir-faire manuel qu’on aurait pu lui transmettre. Il a placé ailleurs sa patience et ignore comment rendre les objets dociles. Sa femme voudrait bien que ça change. Elle est délicate, encourageante, alors elle ne dit rien. Elle dispose un peu partout des notices et des plans de construction. Il découvre des croquis annotés aux quatre coins de son appartement. Sous son oreiller, dans son assiette, dans ses poches de veston. Les bons jours il en fait des pochoirs ou des listes de consignes qui riment dans le vent. Les mauvais jours, il n’en fait rien et les laisse reposer là où ils sont. Parfois, sa femme délicate dépose aussi des pièces détachées à intervalles réguliers sur la moquette. Mais il les prend pour des îles, et ça lui va comme ça.
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Je suis l’humble orphelin selon l’ordre des choses.
L’ordre des chiffres. 1 + 1 = 0.
Faut-il s’en prendre à l’arithmétique ?
Absurde. Ferme ton clapet. Avance. Marche dans la nuit de ta petite poésie ventriloque. Digère ton encre noire. Nu comme le premier homme. Le premier fils. Craché comme un noyau de cerise du cul des jardins de l’Éden.
Pupille de la nation, je veux. J’en appelle à la loi du 27 juillet 1917. Le roi a dit je veux et on lui a coupé la tête. M’en fous la tête. Je veux. Je veux que le ministre de l’Instruction Publique prenne en considération le préjudice dont je fais l’objet.
Non, dit le ministre. Tu n’entres pas dans les cases.
Mais j’entre dans les cases, moi ! Faites-moi une place dans les cases ! Cochez-moi ! J’ai froid. La Nation me doit un geste de salut public. De secours populaire. J’ai nourri de mes fèces la terre de mon pays. J’ai lu La Légende des siècles. J’ai payé mes impôts. J’ai voté. J’ai suivi des débats politiques à la télévision. J’ai fait des dictées avec zéro faute. J’ai bu tout le vin de mon pays.
J’ai été exemplaire.
Et les miens sont morts quand même.
Oui, mais pas à la guerre dit le ministre.
J’emmerde le ministre. Les miens sont morts à la guerre de la vie. Ni faite ni à faire. Ils ont été tués à l’ennemi. Et ils m’ont laissé bête. Ignorant. J’ai droit à un second tour d’école gratuite. À une bourse de lumières.
Tu croyais quoi au juste ? Que les pierres chantent ? Que l’âme des morts flotte le soir au-dessus des hortensias ?
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Toucher le fond n’est pas toujours si simple. Il a pu le constater. Le fond, c’est dur et quand tout va mal on finit par atteindre le roc. Le roc est l’autre nom du fond. C’est la surface solide sur laquelle on se pose avec un peu de chance ou sur laquelle on s’écrase quand on en a moins. Pourtant, un jour où plus rien n’avait ni queue ni tête, il s’est posé sur le roc. Un vrai jour pourri de chance. Soudain il a remarqué que son pied s’enfonçait encore. Le fond, c’était de la vase. Il s’est senti happé dans un monde plus bas et a pensé ça ne se peut pas. Mais il est passé en-dessous, il avait de la vase plein la bouche et il y avait là de drôles de poissons au regard grave et millénaire et des tas de petites bêtes de la nuit qu’il n’avait encore jamais vues. Il s’est demandé s’il leur ressemblait. Tout un petit monde lui disait salut, on t’attendait. Lui n’attendait personne, il glissait de plus en plus bas et il a demandé au petit monde : Mais c’est quand le fond ? Alors toutes ces choses lui ont répondu : Le fond, tu l’as déjà touché, il est au-dessus de toi. Détends-toi. Prends la vie sans fond du bon côté. Voyage.
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Seuls nos yeux se cherchaient encore au fond d'un puits impartageable. Vers quoi aurais-je bien pu t'accompagner quand je n'avais plus que nulle part où te conduire ? Ce lieu insensé auquel je ne t'avais pas destinée. Certains mots sont restés figés là. Dans toute leur maladresse. On ne peut pas vraiment leur en vouloir, nous sommes des êtres maladroits. On n'accompagne jamais ses vivants vers la mort. Jamais.
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C’est parfois difficile de ne pas succomber au charme viril de l’aéronautique. Le Salon du Bourget est un monde d’une logique implacable. Tout semble être à sa place : les ingénieurs bien rasés discutent derrière leur comptoir, les militaires se déplacent en petites délégations derrière leurs supérieurs, les missiles sont rangés par ordre de taille et, sur le tarmac, les réacteurs des gros-porteurs brillent de mille feux.
En 2017, nous avions été invités par un magazine à réaliser une série d’images sur le 52e salon international de l’Aéronautique et de l’Espace de Paris-Le Bourget. Nous avons tout d’abord réalisé une première série de photographies au Salon, puis nous sommes rentrés à notre atelier et nous avons réalisé une seconde série d’images en intervenant directement sur les photographies que nous avions faites. Au fur et à mesure que les images se construisaient, nous avons commencé à voir émerger une certaine représentation du monde de l’aéronautique dans laquelle les notions de performance, de fiabilité et d’innovation avaient été remplacées par celles d’absurdité, de bricolage et de nuisance.
Nous pensons que le documentaire photographique est un acte qui peut avoir lieu à la fois avant et après l’événement que l’on cherche à documenter. À l’inverse de la retouche photographique classique qui cherche sans cesse à « invisibiliser » les actions ayant lieu après la prise de vue, nous préférons laisser apparentes et lisibles chacune de nos interventions sur les images. Il nous semble que cette manière de documenter la réalité permet de rendre compte d’une plus grande variété de points de vue et nous pensons que c’est précisément en multipliant les points de vue qu’il est possible de s’approcher au plus près de la complexité du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.
L’aéronautique n’est pas un objet qui nous est extérieur. L’aéronautique est un objet qui nous traverse de part en part en permanence. Il constitue une forme d’ « hyperobjet » aussi menaçant que fascinant pour reprendre ici le terme du philosophe Timothy Morton. Son ambition de vitesse et de puissance se réalise au prix d’immenses dommages environnementaux et si nous voulons lutter contre les accélérations d’objets protéiformes, nous devons rapidement inventer un nouvel imaginaire de la lenteur. (Matthieu Raffard, Mathilde Roussel, « Accélération »)
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