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4.2/5 (sur 30 notes)

Nationalité : France
Biographie :

François Dupaquier est un auteur, réalisateur, producteur.

Titulaire d'un DESS de droit international et d'un DESS de gestion de projet humanitaire, il est spécialisé dans la recherche, l’analyse et l’évaluation humanitaire, politique et de contexte.

Il a travaillé en Afghanistan, en Syrie, en Irak, en République Démocratique du Congo, en Géorgie, au Sahel ou en Afrique centrale.

Il s'est engagé au Moyen Orient dès le début de la révolution syrienne et intervient comme analyste du conflit et de ses conséquences humanitaires sur les populations.

Depuis plus de dix ans, il développe également des projets audiovisuels.

Auteur et réalisateur pour la télévision, il a été sélectionnés et primés dans plusieurs festivals internationaux et a travaillé sur plus de 40 films institutionnels et corporate pour différents clients, entreprises, associations ou organisations. Il est également producteur au sein de la société FrontView production.

François Dupaquier est intervenant en université et enseigne l’évaluation de besoins, de projet en situation de crise.

"Juste parmi les hommes" (2019) est son premier roman.
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Source : www.fayard.fr
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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
Alors elle se prit à penser à son père. Elle se demanda pourquoi il fallait toujours vivre avec les souvenirs de ceux que nous avons perdus au lieu de s'attacher à ceux qui étaient encore présents. Elle avait vécu et souffert avec le fantôme de Sibel. Puis elle avait été envahie par la disparition de Jeanne. Mais avait-elle été suffisamment avec Robert ? Avait-elle laissé la place à l'amour de Baz ? Pourquoi vouloir vivre parmi les morts plutôt qu'avec les vivants ? Il faudrait ne jamais avoir à regretter de dire à quelqu'un qu'on l'a aimé.
page 377.
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Quand il eut fini ses incantations, le terroriste leva les yeux vers la fenêtre aux carreaux épais. Il voyait le ciel à travers les filets anti-évasion, au-dessus des derniers étages de la prison. En regardant les miradors qui s'élevaient comme des minarets à la gloire de Dieu, il pensa que pendant toutes ces années, ils avaient réussi à faire de ces prisons des mosquées. Ils y avaient prié, prêché, converti, banni le porc, imposé le ramadan et la loi divine, appliqué leur courroux aux mécréants et remis les musulmans dans le droit chemin. La prison n'avait pas été une sanction mais un catalyseur, un ^passage obligé du djihad, et une porte vers le champ de bataille. Chacune d'elles était une "katiba" où résonnaient des milliers "d'Allah akkar" à la mort d'un seul infidèle.
pages 361-362.
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- Et moi, Lou, j'aimerais une histoire qui m'aide à vivre, rugit Tara, les yeux rouges. J'aimerais une histoire sans violence, sans mensonge, où l'on se regarde dans les yeux et où on voit la lumière. Mais Lou, qu'est-ce qui se passe à la fin ? hurla-t-elle. Pourquoi personne ne m'aide à sortir de la nuit ? Est-ce que je ne vaux que ça ? est-ce que je ne suis que ça ?
pages 349-350.
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Il faut continuer à croire en la justice, comme vous le faites, ma petite Tara. La nôtre est peut-être moins belle que la vôtre. Elle est faite d'os et de sang. Mais c'est celle que nous avons choisie, et la seule qui nous reste.
page 347.
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Il passe devant l'hôtel Four Seasons. Le palace est protégé par de hautes palissades qui en barrent l'accès. A l'intérieur vivent cent cinquante employés des Nations Unies. L'organisation internationale a privatisé les bâtiments pour cinq millions de dollars annuels. Les fonctionnaires n'en sortent que pour aller au travail, n'ayant quasiment jamais l'autorisation de quitter Damas. Ils passent leur vie entre leurs bureaux et les restaurants de l'hôtel de luxe à l'intérieur de marbre, avec les multiples bars proposant les meilleurs scotchs Islay, la piscine, le sauna et la salle de gym - en attendant les prochaines vacances. Et cela, pour dix mille dollars de rémunération mensuelle pour les bas échelons, comprenant le salaire, les bourses de mission, d'installation, de voyage, d'éducation pour les enfants, de position non familiale, les compensations pour le départ du foyer, les rémunérations complémentaires pour visiter la famille, les primes de danger ou de récupération pour les congés qui ont lieu toutes les quatre semaines. Tout cela bien sûr n'étant soumis à aucun impôt. Anatoli sourit en regardant ce bâtiment blanc plein de certitudes, rempli de ces jeunes hommes et femmes qui n'ont souvent, malgré sa proximité, connu la guerre que derrière des ordinateurs, dans des prisons dorées, et qui rentrent dans leur pays célébrés en sauveurs. Lui est un travailleur de l'ombre. Pourtant, il ne ressent aucune frustration, aucun dégoût ni aucune indignation face à ce système qui n'a aucune crédibilité à ses yeux. Ce n'est qu'un outil qu'il manipule à sa guise pour servir les intérêts de sa cause, celle de la défense de sa patrie. Anatoli a finalement bien plus l'impression d'oeuvrer pour la paix que ces pantins bleus et blancs. Il a déjà utilisé ces gens en Tchétchénie ou ailleurs. Même s'ils coûtent cher, c'est le prix à payer pour se doter de l'arme de la bienfaisance qui pèse dans la balance des négociations. La preuve, il a suffi de promettre quelques camions d'aide pour Alep depuis la Turquie, et finalement de ne jamais les envoyer, pour que plus personne ne les embarrasse avec le départ de Bachar. Et au final, l'argent de l'humanitaire revient pour partie en Syrie et permet de rallier à leur cause les populations sous leur contrôle. Comme toujours, c'est une question d'argent placé qui rapporte plus qu'il ne coûte. Et si le système leur échappe, si certains veulent se rebeller, si les nations unies accusent publiquement les Syriens et leur allié russe d'exactions, il suffit de refuser certains visas de leur personnel, voire de menacer de mettre tout le monde dehors. Rien n'est pire pour ce système onusien et humanitaire que de nier sa propre existence, sa capacité à être présent et finalement à vivre de sa rente. La preuve, se dit Anatoli, plus ils les ont contraintes, plus ils les ont menacées, plus les Nations unies ont mis d'argent dans le pays et ont soutenu leur cause. Quels piètres négociateurs. Et puis, au besoin, s'il le faut, il est aisé de détruire le peu de crédibilité de l'institution en écrasant sa réputation d'un coup de talon. Il suffit de montrer publiquement sa vénalité et son incapacité à résoudre les problèmes. Les négociations de paix entreprises par les Nations unies en Syrie ont été un échec total. Au bout du processus, un veto russe au Conseil de sécurité permettra toujours de protéger leurs intérêts. Encore une fois, le système multilatéral bâti par l'Occident démontrera au monde sa faiblesse et la Russie sa grandeur. Dire que les habitants de la planète entière payent tout cela avec leurs impôts sans même s'en rendre compte, pense Anatoli. Cela lui semble tellement incohérent qu'il est pris d'un fou rire qui emplit l'habitacle de la voiture.
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C'est bien plus tard que Zoé comprit la responsabilité de ces sacs de riz dans toute la violence et la pauvreté des bidonvilles. La politique des crapules n'a pas seulement armé les gangs, elle a économiquement terrassé la population. En 1987, alors qu'Haïti était quasiment autosuffisant en riz, le pays se lança, avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, dans une politique drastique de libéralisation et de diminution de ses tarifs douaniers sur ses importations. En dix ans, la quantité de riz importée, principalement des Etats-Unis, fut multipliée par vingt-huit puis par cinquante dans les dix années suivantes. La production locale haïtienne s'effondra, n'arrivant pas à concurrencer le prix des produits importés. En parallèle, le programme d'aide alimentaire de l'Usaid explosa, augmentant considérablement l'aide alimentaire distribuée dans le pays. La population devint complètement dépendante de ce riz étranger et les paysans durent fuir leurs terres pour venir engorger les bidonvilles de Port-au-Prince. Mais, tout cela, Zoé ne l'a su que bien après avoir distribué son riz aux fantômes de Cité Soleil.
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Partout dans le pays, la répression est terrible. L'armée tire sur les civils. Des snipers prennent pour cible tout être vivant passant dans le champ de leurs lunettes. Ils abattent hommes, femmes, enfants, indifféremment et aveuglément. Des milliers de personnes s'entassent dans les prisons souterraines du régime, où beaucoup sont torturées. Pour devenir prisonnier politique, il suffit de passer un barrage au mauvais moment, que l'on soit un paysan passant par là, un ouvrier s'étant trompé de chemin, un habitant du quartier rentrant chez lui ou un manifestant pacifique. Tous les jours, pendant des mois, les prisonniers sont sortis du cachot où ils s'entassent par dizaines, couverts de poux, allongés sur le sol les uns sur les autres, dans la puanteur des corps et des défécations. Fouettés avec des câbles en acier, pendus par les pieds ou les poignets, les doigts troués à la perceuse, les testicules électrocutés, la chair du dos déchiquetée à la baïonnette, le corps ruisselant de sang, les hématomes explosant sous la pression des coups, la bouche tuméfiée incapable de s'ouvrir, ils doivent avouer ce qu'ils savent ou pas, dénoncer tous les coupables et les innocents. Souvent, ils en meurent ou sont abattus et finissent dans une fosse commune. Ils disparaissent. Parfois, ils sont transférés ailleurs, et tout recommence. Et s'ils survivent, il arrive qu'ils soient libérés, graciés par la magnanimité de Bachar. Pendant ce temps-là, des quartiers entiers sont bombardés au mortier ou par hélicoptère. Les civils se terrent dans les caves ou sont emportés, à table, en famille, pendant le déjeuner, par l'explosion d'un obus.
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Quand une personne fuit et passe une première fois la frontière de son pays, elle reçoit souvent le statut de réfugié dans le premier pays d'accueil. Ensuite, sa vie se borne à sa tente, son préfabriqué dans le meilleur des cas, et les limites du camp où elle va passer une partie ou l'entièreté de son existence. Parfois c'est toute sa descendance qui va y voir le jour. En Palestine ou au Kenya, déjà trois générations s'y sont succédé S'il n'est pas dans un camp, le réfugié doit trouver à se loger dans une ville, un appartement quand il en a les moyens, en s'y entassant le plus souvent avec des dizaines d'autres malheureux. Sinon, il trouve un abri, une ruine ou un immeuble en construction abandonné, dans lequel il va passer des mois ou des années entre des murs en parpaings gris, sur un matelas humide, avec des bâches pour seules fenêtres. Parfois aussi, il ne lui reste que la rue. Presque toujours, il n'a de toute façon pas le droit de travailler, de s'éduquer ou de se soigner. Il sombre dans la dépendance au système humanitaire. Il devient un bénéficiaire, un numéro sur le fichier Excel de ces employés sortant des grandes écoles de l'Occident. Zoé comprend qu'ici, dans ce bois, les individus ne fuient pas simplement la guerre ou la misère. Ces exilés tentent d'échapper désespérément à ce système humanitaire qu'on leur promet comme seul avenir possible. Ils n'en seront que les bénéficiaires finaux, bien après les organisations internationales, les gouvernements, les Nations unies et tous leurs fonctionnaires et consultants, les directeurs des ONG, les responsables financiers, logistiques ou de la communication, les auditeurs internes et externes, les coordinateurs techniques, de suivi-évaluation, les comptables, les responsables des achats et des stocks, les chargés de projet, les chauffeurs, gardiens et cuisiniers, du siège en Occident, de la base régionale, de la capitale nationale, de la base de coordination, de la base à côté du camp, du bureau du camp. Pour qu'à la fin, au bout de la chaîne, ils reçoivent ce sac de farine qu'ils devront traîner sur le sol jusqu'à leur abri, leur identité volée, la carte de réfugié à la main, dans une file d'attente, sous un ciel sans nuage un jour d'été au fond du désert de Raqqa ou de Kidal, les pieds dans la boue sous les trombes d'eau du Congo, assoiffés, gelés, martyrisés, suppliant leurs enfants de ne plus hurler.
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- Mon histoire, elle a commencé il y a bien longtemps. Un peu à cause de la tienne, finalement. Tu sais, ces sacs que tu chargeais à Algésiras avec le drapeau américain ? Eh bien, j'en ai distribué beaucoup en Afrique. Je suis un peu responsable de ta situation et de celle de ta famille, dans une certaine mesure. Car ces sacs qu'on distribue en Afrique, ces tomates qu'on cultive ici dans ces serres, tout ça arrive à un moment ou à un autre sur les marchés à côté des produits de ton père. Et bien qu'il faille faire traverser la terre entière à ces denrées, bien qu'elles doivent passer les barrières douanières des pays, elles sont vendues bien moins cher au consommateur que celles de ton père. Et lui ne peut alors plus vendre sa production et vous ne pouvez plus en vivre. La suite, tu la connais : toi, à la fin de l'histoire, tu risques ta vie pour venir charger des sacs d'aide humanitaire sur des bateaux en direction de ton pays d'origine. Tu cultives des tomates que mange ta famille car elles ne coûtent rien à produire.
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— Tu crois qu’aimer… essaya-t-elle dans une plainte. Tu crois qu’aimer, c’est ne donner que de l’amour ?
— Je ne sais pas, Tara, répondit Baz après un silence. Je crois qu’aimer, c’est être libre, et peut-être juste regarder l’autre tel qu’il est.
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