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3.93/5 (sur 21 notes)

Nationalité : France
Biographie :

1995, David Vallat, 23 ans, est arrêté. Impliqué dans les réseaux du GIA qui terrorisent alors la France, le djihadiste a longtemps côtoyé Khaled Kelkal, Ali Touchent ou encore Boualem Bensaïd. Derrière les barreaux, il ouvre les yeux.
Aujourd’hui, David Vallat témoigne des mécanismes qui poussent un jeune à s’engager dans le djihad. Déterminé à lutter contre les dérives religieuses, il décortique, dans ce livre citoyen, les rouages de l’embrigadement et propose des pistes vers un processus de déradicalisation. David Vallat pensait vivre caché mais les attentats de Charlie Hebdo et ceux du 13-Novembre ont changé la donne.

Source : Amazon
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mes lectures m'ont sans doute aidé à voir autrement. Je commence à changer. En prison. C'est donc possible.
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À Villepinte, je m’inscris à la bibliothèque. Je me lance dans la lecture. Le détenu qui tient le registre des livres est d’origine pakistanaise. Il m’a pris en amitié. Il me signale que la direction de la prison demande la liste de toutes mes lectures. Je cherche à déjouer cette surveillance. Alors je commande exclusivement des bandes dessinées. Astérix, Tintin, voilà pour les rassurer. Et je fais commander les livres qui m’intéressent par d’autres détenus. Je lis tout, sur tout. Histoire, géographie, philosophie, sciences naturelles, tout y passe. Un livre ou deux par jour, de littératures en tous genres. Je découvre l’histoire de la navette spatiale, l’architecture indonésienne et les rudiments de la physique quantique. J’ai plaisir à lire Rousseau, Le Contrat social. Je suis bluffé par Le Prince de Machiavel. Les manigances existaient déjà à son époque. Le pouvoir, les injustices, les combines, je trouve là les thèmes qui me taraudent depuis l’adolescence. C’est apaisant, stimulant en même temps. Une distance commence à s’instaurer entre l’environnement et moi, presque en moi-même. Les livres me changent.
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L’émir me conseille de rejoindre « la maison des Algériens », à Peshawar, située dans un autre secteur de la ville. Mon passage dans le camp de Khalden a dû me procurer une réputation. « L’Algérien. » Ce surnom me colle à la peau. Ce qui explique sans doute le choix de l’émir. Et une bonne part de ma destinée.

Les Algériens ont été les premiers à s’engager dans les combats contre l’invasion russe. À Peshawar, ils disposent en remerciement d’un quartier entier, sans payer l’eau ni l’électricité. Cet endroit est devenu un autre haut lieu du djihadisme mondial. Je file sur une mobylette-taxi. Trois quarts d’heure de trajet et me voilà dans le quartier Babi. J’arrive donc devant bayit el Djezairioune, la « maison des Algériens ». L’architecture simple et carrée, semblable aux autres bâtisses de la rue, se distingue, là aussi, par un mur d’enceinte de trois mètres de haut, avec portail en acier.

L’émir Abou Makhlouf m’accueille avec une vigoureuse accolade. Une dizaine de résidents sont présents, dans l’attente d’une destination. Je reconnais deux visages, croisés à Khalden. L’émir m’explique que mon retour en France nécessite quelques jours de préparation, pour l’achat des billets et les formalités. Je passe dix jours ici. L’organisation est bien huilée. Les djihadistes de toutes nationalités vont et viennent. Il faut tenir des tours de garde chaque nuit. On me fournit un pistolet Makarov, à glisser sous l’oreiller. Ce réseau islamiste met à profit ce temps de transit pour compléter notre formation. Notre formatage plutôt. Hormis les prières, nous n’avons pas de cours religieux mais les conversations entretiennent en permanence l’idée et le désir de combattre. Les zones d’attractivité changent, sous l’effet de la géopolitique mondiale. Dans cette maison, il est bien sûr beaucoup question de ce qui se passe en Algérie, avec l’irrésistible montée des islamistes. On m’indique que le Groupe islamique armé (GIA) vient de passer sous le commandement unique de Zitouni. À cette époque, le mouvement bénéficie encore d’un soutien populaire. Il n’y a pas de massacres de villageois, comme celui de la plaine de Mitidja, qui aura lieu l’année suivante. La propagande est efficace. Nous visionnons des cassettes vidéo. Les films sont tout récemment tournés. Je découvre sur écran une scène d’embuscade filmée dans une ville algérienne. Un préfet et ses dix-neuf gardes du corps sont attaqués, tous tués. Les images sont violentes, assorties de slogans. Sous cette influence, de nombreux résidents n’ont plus qu’une idée en tête : rejoindre le maquis algérien pour soutenir ces nouveaux soldats de la cause islamiste. Ici, au Pakistan, dans l’attente de formalités, le recrutement bat son plein. Pour ma part, c’est toujours en Bosnie que je veux aller. Je suis bien le seul.
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