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Citations de Christine Avel (31)


J'ai compris. Je ne suis pas un sorcier né dans une famille de Moldus, mais plutôt un cracmol, un être humain banal, quoi, un gars sans aucun don. Né par erreur dans une famille de sorciers.
J'ai pleuré jusqu'au matin.
Je me suis dit : "ça y est, c'est fini. Tout est fini."
Mais là, je me trompais.
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À vrai dire , j'évitais de regarder dans sa direction. Il était beaucoup plus grand et plus musclé que moi [...] J'enviais sa peau mate; à côté de lui, je me sentais aussi blanc qu'un poulet de supermarché.
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Je pars comme je respire, souffle et cœur léger, un pied devant l’autre, pas un regard en arrière. Je n’ai pas pris le temps de disséquer ce mot, départ, en moi depuis toujours. Dès que j’ai pu tenir sur mes deux jambes et imposer ma volonté, je suis partie.
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Nous savons qu'un jour, il sera archéologue. C'est une évidence. Nous ne savons pas encore que les évidences sont minces et se déchirent au moindre coup de vent.
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La chasse au touriste est une pratique nocturne. Il faut de l'expérience, de la pratique, de la ruse - le touriste est malin, et rapide avec ça.
..... nous partons chasser le touriste comme d'autres les grands fauves armés de courage et d'armes improvisées.
Avec l'ère de la chasse au touriste s'ouvre, sur une note triomphante, l'âge d'or du chantier. Ici seulement nous sommes uniques, p 82
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Ici commence et finit le monde. Ses limites sont précises et immuables, elles vont du troisième caroubier de la grand-route à l’extrême pointe des rochers de la crique, une poignée de kilomètres plus loin.
Ainsi en a décidé Niso, debout sur le bassin blanc des grandes décisions, celui-là même où, chaque été, nous allons massacrer de minuscules serpents, dans une orgie de hululements sauvages. Ce jour solennel où Niso l’affirme, bras croisés sur la poitrine, relevant le menton comme son père : « Ici commence le monde », nous l’acclamons en chœur.
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Mon enfance est aux deux-tiers immobile, elle m'entraîne par le fonds. Je m'accroche au tiers restant pour ne pas m'embourber.
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Ici commencent et finissent nos vies. Nous y passons deux ou trois mois par an : le reste de l'année n'existe qu'à peine, étiré dans une brume compacte de monotomie - une récitation bien apprise et débitée par cœur, à toute vitesse, sans en savoir le sens, oubliée à la seconde de l'arrivée sur l'île, et dont jamais nous ne parlerons entre nous. ...
Puis toujours ce point précis, dans la descente en pente douce vers la plage, où nous sommes d'un coup attirés vers la mer : nous le devinons sans savoir où il est. Arrivés là exactement, les bras en croix, nous nous mettons à hurler, galopons jusqu'à l'eau, nous jetons pêle-mêle dans les vagues, libérant nos poumons de tous les cris contenus dans l'année.
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Dans l'eau, Niso n'a jamais froid. En bas seulement, en profondeur, cramponné d'une main au rocher, quelque chose dans sa poitrine se desserre, se déplie lentement comme un étau et les racines s'écartent (...).
Il reste le plus immobile possible, laissant ses mains flotter comme deux poissons-pilotes dociles autour de lui. Parfois, ultime récompense, un bande sardines argentées frémit devant ses yeux, tout près, au rythme de la houle.
Lorsque le trop-plein de l'année s'est enfui en mille et une bulles d'air, alors seulement, d'un coup de talon, il monte vers la surface.
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Nous n'avons pas peur du temps qui passe, encore moins de mourir, certains qu'un jour, les archéologues du futur nous réveilleront avec les gestes sûrs du vieux Nikos, qui a dégagé un à un les ossements de la fouille.
Les vies enfouies en profondeur nous portent, bien mieux que nos arbres généalogiques malingres. Les vieilles pierres nous rassurent. Elles nous soufflent que rien ne change si vite, que la vie durera.
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Elle fait comme nous tous : elle apprend à vivre sans palliatif, s'applique à faire l'adulte. Elle y parvient assez bien.
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Dans les chambres à l'odeur forte de lessive sèche, de fleurs et d'antimoustique - odeur étrange et permanente, encens d'église et de musc - nous soupçonnons que les adultes ne s'enferment pas seulement pour travailler, ils s'adonnent avec ardeur à ce que nous ne pouvons imaginer. Les murs sont couverts d'insectes écrasés avec fureur en constellations sombres, fossilisés, araignée, scorpion, cafard ou simple scarabée, victime à l'évidence d'une erreur judiciaire ; une empreinte de chaussure se devine au plafond.
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Jules remplit de nouvelles lignes, à un rythme toujours plus frénétique. Sa gomme, sous les secousses, fait des bonds réguliers jusqu'au bord de la table et menace de plonger vers le sol.
De temps à autre, il s'arrête net, le nez en l'air comme s'il nageait le crawl en compétition et ne respirait que pour repartir de plus belle.
Je profite d'une de ses remontées à la surface pour chuchoter :
- Mais qu'est-ce que tu écris ?
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Notre nombre varie, certains sont des réguliers, présents sans faute dès juin, d’autres apparaissent de loin en loin sur l’île. À cinq, huit ou dix ans nous sommes un groupe compact, bruyant et hirsute, sans cesse en mouvement, nous parlons toutes les langues de la terre, nous les avons apprises dans le jeu, les roulades et les rires.
Sur l’île nos prénoms sont courts, sonores et singuliers : Niso, Zac, Evi. Cent fois ils ont été déformés, rallongés à la mode grecque puis raccourcis de nouveau jusqu’à former ces syllabes colorées qui n’appartiennent qu’à nous, que nous ne portons qu’ici. De septembre à juin nous serons Denis, Giacomo, Isabelle, des prénoms d’enfants sages de nos pays, de gosses sans histoire, auxquels il faudra accoler l’initiale du patronyme, F. ou D., pour nous différencier du voisin.
Ici seulement nous sommes uniques.
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J'habite Nébouzat-le-Froid. C'est un nom totalement ridicule, je sais. J'en ai longtemps eu honte.
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Chaque mois, je reçois une revue pour ados. Le dernier numéro avait pour titre : "Faut-il être populaire?"
Quelle question, comme s'il ne valait pas mieux être populaire, belle et intelligente que moche, seule et bête.
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Ma valise en pagaille est mon espace de liberté, ma résistance symbolique à la monotonie. Dans ma volonté de ne pas m'encombrer l'esprit, de ne plus faire de listes, de ne plus ordonner mes voyages comme ma vie, je veux voir une ascèse du départ. A l'opposé des ambitieux suréquipés, emportant avec eux un caisson d'altitude, je suis de ces alpinistes qui refusent l'oxygène pour grimper un 8000.
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L'allergologue, démoralisée, l'expédia en cure thermale pour souffler un peu. Clémence s'ennuya beaucoup. But de l'eau. Barbota. Se roula dans la boue dans une joyeuse régression collective. Se fit doucher, ausculter, masser, racler, palper, l'esprit vide, le cerveau liquide et le corps amolli. (...) Au cinquième matin, vautrée dans un Jacuzzi entre une candidose généralisée et un psoriasis facial dévorant, elle sut qu'elle ne tiendrait pas vingt-quatre heures de plus.
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Dans leur famille, nul ne nomme jamais le motif des séjours d'Evi, d'ailleurs brefs. Ainsi peut-on éviter d'identifier le mal que l'on flaire en elle : est-elle dérangée ou juste dépressive ? On la croit volontiers un peu à l'ouest, voire complètement barrée, mais on se contente de demander d'un ton enjoué, à Niso de passage, " Le séjour d'Evi se passe bien ? ", comme s'il s'agissait d'un simple camp d'été, d'un voyage linguistique.
Un voyage, précisément. Elle n'est ni dérangée ni barrée. Elle prend congé d'elle-même, s'absente et puis revient. A Saint-Vincent il n'y a rien à faire, rien à exiger d'elle, elle peut rêvasser allongée tout le jour, ne s'abrutit pas de médicaments mais de souvenirs, à Saint-Vincent Zac n'est plus qu'un prénom très doux qui tient chaud le soir, que de retour dans sa chambre elle recopie des dizaines, des centaines de fois.
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Notre grande affaire est le chantier. Les plantes croissent autour de la maison, les chats se reproduisent, mais le seul décompte du temps est celui des fouilles : progression des carrés, numéros des tessons, ordre des publications.
Si nous grandissons (nous en doutons parfois), c’est à leur seul rythme. Ainsi nous savons qu’Evi est née l’année des premiers sondages du quartier Nu, que le toit de plastique protecteur a été posé pour les neuf ans de Zac.
Nul ne nous chassera. Nous sommes du clan des Élus.
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