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31 Réponse(s)



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Edrykk le 05 mars 2024
Durant la fin de la semaine les charognards s'abattirent sur les balcons du palais présidentiel, détruisirent à coups de bec le grillage des fenêtres, remuèrent avec leurs ailes le temps stagnant intra-muros, et le lundi au petit jour la ville se réveilla d'une léthargie de plusieurs siècles sous une brise tiède et tendre de grand cadavre et de grandeur pourrie.
Gabriel Garcia Marquez, L`Automne du patriarche
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MayaJ il y a 3 semaines
Les lueurs se sont multipliées.
C'est à ce moment que je suis entré, que commence mon séjour dans cette ville, cette année dont plus de la moitié s'est écoulée, lorsque peu à peu je me suis dégagé de ma somnolence, dans ce coin de compartiment où j'étais seul, face à la marche, près de la vitre noire couverte à l'extérieur de gouttes de pluie, myriades de petits miroirs, chacun réfléchissant un grain tremblant de la lumière insuffisante qui bruinait du plafonnier sali, lorsque la trame de l'épaisse couverture de bruit, qui m'enveloppait depuis des heures presque sans répit, s'est encore une fois relâchée, défaite.
Dehors, c'était des vapeurs brunes, des piliers de fonte passant, ralentissant, et des lampes entre eux, aux réflecteurs de tôle émaillées, datant sans doute de ces années où l'on s'éclairait au pétrole, puis, à intervalles réguliers, cette inscription blanche sur de longs rectangles rouges : "Bleston Hamilton Station".

Michel Butor, L'Emploi du temps
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myrtigal il y a 3 semaines
« Je suis né dans la ville d’Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers... » 

La gloire de mon père
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SylvieP13 le 19 février 2024
Je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien.
Je tiens à le dire, il faut que tout le monde le sache.



Le rapport de Brodeck
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gege1968 il y a 3 semaines
Ils allaient, ils allaient toujours, et lorsque cessait le chant funèbre, on croyait entendre, continuant sur leur lancée, chanter les jambes, les chevaux et le souffle du vent. Les passants s'écartaient pour laisser passer le cortège, comptaient les couronnes, se signaient. Les curieux se joignaient à la procession, demandaient : « Qui enterre–t–on ? » – On leur répondait : « Jivago. » – Ah bon. Il fallait le dire. – Mais non, pas lui. Elle. – Ça revient au même. Dieu ait son âme. C'est un bel enterrement.
Les derniers instants s'égrenèrent rapidement – instants comptés, instants sans retour. « La terre du Seigneur et tout ce qu'elle recèle, l'univers et tous ses vivants. »

Le Docteur Jivago
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GURB le 30 novembre 2023
«Il avait plu des oiseaux morts.» On dirait du García Marquez, mais non. C'est la première phrase du roman de Victor Pouchet Pourquoi les oiseaux meurent.
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Roberte53 le 07 mars 2024
Mon incipit préféré est celui du livre de Simone Veil, Une vie :

Les photos conservées de mon enfance le prouvent : nous formions une famille heureuse. Nous voici, les quatre frère et soeurs, serrés autour de Maman ; quelle tendresse entre nous ! Sur d'autres photos, nous jouons sur la plage de Nice, nous fixons l'objectif dans le jardin de notre maison de vacances à La Ciotat, nous rions aux éclats, mes soeurs et moi, lors d'un camp d'éclaireuses... On devine que les fées s'étaient penchées sur nos berceaux. Elles avaient noms d'harmonie et complicité. Nous avons donc reçu les meilleures armes pour affronter la vie. Au-delà des différences qui nous opposaient et des difficultés qu'il nous fallut affronter, nos parents nous offrirent en effet la chaleur d'un foyer uni et, ce qui comptait plus que tout à leurs yeux, une éducation à la fois intelligente et rigoureuse.
Plus tard, mais très vite, le destin s'est ingénié à brouiller des pistes qui semblaient si bien tracées, au point de ne rien laisser de cette joie de vivre. Chez nous comme dans tant de familles juives françaises, la mort a frappé tôt et fort. Traçant aujourd'hui ces lignes, je ne peux m'empêcher de penser avec tristesse que mon père et ma mère n'auront jamais connu la maturité de leurs enfants, la naissance de leurs petits-enfants, la douceur d'un cercle familital élargi. Face à ce que furent nos vies, ils n'auront pu mesurer la valeur de l'héritage qu'ils nous ont transmis, un héritage pourtant rare, exceptionnel.
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Nereide_irisee le 02 mai 2024
''Je voulais commencer ce roman par une citation. M. Keegan, le directeur de mon collège, qui nous enseigne l'histoire le vendredi après-midi, dit que nos rédactions devraient toujours commencer  par une citation qui plante le décor ''
L'effet Matilda  Ellie Ivring
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HORUSFONCK il y a 3 semaines
Voilà mon incipit préféré.
Il est de l'immense Gabriel Garcia Marquez.
Il ouvre Cent ans de solitude.

Bien des années plus tard, face au peloton d'exécution, le colonel Aureliano Buendia devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l'emmena voir la glace.
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voui il y a 1 semaine

       Lune, vallée, rosée, mort.
       Dans la nuit du troisième jour du mois de mars de l'an 1992 de notre ère, précisément entre quatre heures et quatre heures quinze du matin, un peu moins de huit ans avant la célébration du bimillénaire de l'ère chrétienne --et donc, à certains égards, des temps nouveaux-, mais dans une ambiance qui, elle, n'avait rien de festif, György Korim freina à hauteur de l'entrée du buffet NON-STOP de la gare routière, coupa son moteur, s'extirpa de la voiture, puis, persuadé d'avoir enfin trouvé, après trois jours de divagation éthylique, l'endroit où il obtiendrait, avec ces quatre mots en tête, ce qu'il cherchait, poussa sans hésiter la porte d'entrée, se dirigea d'un pas vacillant vers le seul homme accoudé au comptoir, et, au lieu de s'écrouler sur-le-champ, compte tenu de son état, lui dit, au prix d'un terrible effort et en détachant chaque syllabe :

        Mon cher Ange, cela fait longtemps que je te cherche.


       

"La venue d'Isaïe"  de László Krasznahorkai
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Thesauruskatinite il y a 1 semaine

« Ah ! le soir, oui : des pensées de fin du monde envahissent le cœur des déshérités. De fin ? non, c’est le contraire : de perpétuation du monde et du temps même, Seigneur, dont l’abolition serait si douce à leurs poitrines lasses, puisqu’il faut supporter l’écoulement sempiternel des heures, des minutes, des secondes à l’horloge et, à chaque nouveau déclic des aiguilles qui tournent en rond, faire avec… la solitude ? Non plus, pas exactement, plutôt une incomplétude qui fait la solitude amère, on souhaiterait un jumeau. »

Incipit de La tristesse est un esprit de feu , de Manfred Resveur

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