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Critique de deidamie


« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je vais clamer mon amour pour un roman de Flore Vesco. Je le dis solennellement : D'or et d'oreillers… j'te kiffe.

Or donc c'est l'effervescence chez les Watkins : le jeune, riche et beau lord du voisinage cherche une épouse. Toutefois, lord Handerson pratique des méthodes étranges : pas de bal, pas de jeux d'esprit lors de pique-niques, non. Les prétendantes doivent passer une nuit dans son château, et cette nuit déterminera si elles feront des épouses adéquates…

Ce roman réécrit un conte qui… mmh… attendez. le mieux, c'est de laisser parler la personne concernée. Je vous présente donc Mini-Déidamie ! Elle passait son temps dans sa chambre à relire ses bouquins jusqu'à les apprendre par coeur parce qu'elle trouvait que dehors, c'était nul. Alors Mini-Déidamie, tu le connais bien, ce conte ? Tu aimes La princesse au petit pois ?

-Nan, pas trop.

-Et pourquoi tu ne l'aimes pas ?

-Passqu'elle est peut-être une Vraie Princesse, mais si ça se trouve, elle est méchante, et le prince l'épouse quand même. C'est bizarre de se marier avec quelqu'un juste passqu'il supporte pas un petit pois. Je trouve que… c'est un peu débile.

-Hé bien, merci beaucoup Mini-Déidamie.

-J'peux regarder la télé, s'il te plaît ? C'est l'heure d'Ulysse 31.

-Ah, si Ulysse revient, il faut y aller, en effet. Zou, file.

La princesse au petit pois, quel conte inepte et sans intérêt ! Fort heureusement, Flore Vesco le dépoussière à fond en proposant une histoire amusante, pleine de profondeur et de sensualité, si, si.

Le début ressemble beaucoup au commencement d'Orgueil et Préjugés, l'ironie d'Austen en moins : les jeunes filles doivent être mariées, et la pression se dessine nettement derrière cet impératif.

-Alors, je t'arrête, moi, je trouve que ça ne ressemble pas du tout !

-Ah Méchante Déidamie, tu es là ?

-Ben évidemment que je suis là ! Mini-Déidamie s'est encore mise devant une de ses séries de l'Antiquité, tu penses bien que j'allais pas rester ! J'en peux plus, moi, de ces génériques ! Mais pour en revenir au bouquin, je ne suis pas du tout d'accord avec toi, Déidamie ! Rien dans le style de Flore Vesco n'évoque Jane Austen ! Ca va pas mieux, tu délires total !

-D'accord, pas dans le style, mais dans l'ambiance ! L'ambiance « mes filles doivent mettre le grappin sur ce beau parti avant qu'une autre ne le fasse » !

-Ouais, chuis pas convaincue.

-D'accord ! Alors on peut parler de l'humour de ce texte. La narration prend soin de collecter tous les clichés du conte et de la beauté pour mieux les tourner en dérision. Les personnages ne sont pas décrits minutieusement dans leurs perfections, s'ils en ont, elles sont moquées. En revanche, ce que j'ai trouvé intéressant, c'est tout le travail sur le corps : bridé par les convenances, brisé par les travaux, vecteur de plaisir et précieux outil.

L'héroïne se réjouit de pouvoir utiliser son corps à sa guise. Peu lui importe de ne pas représenter une beauté selon les standards en vigueur : elle se meut, elle choisit, elle affronte et son corps lui procure du bonheur non parce qu'il est beau, mais parce qu'il est efficace. le regard sur le corps reste positif: tu en as un ? Profites-en donc !

Ensuite, qui dit conte dit prince charmant et donc histoire d'amour. J'ai adoré cette histoire d'amour, présentée comme un jeu sensuel au cours duquel les partenaire se découvrent et tissent petit à petit leur complicité. Ca me fait penser à Jane Eyre, tu sais, quand Jane chahute avec M. Rochester, mais en plus sexuel et en tellement plus drôle ! Tiens, je vais le relire.

-Déidamie, tu cites encore des trucs qui n'ont rien à voir ! T'en sais rien, si l'autrice pensait à Jane Eyre, ni même si elle l'a lu ! Tu extrapoles et ce n'est pas rigoureux, comme démarche.

-Pardon ! Mais j'y peux rien, plus je lis de livres, plus je regarde de séries, plus j'ai l'impression que les oeuvres se répondent sans cesse entre elles. Comme le dit un glorieux philosophe de France Inter, Frédérick Sigrist*, « touuut est connectéééé ». En dernier lieu, l'aspect fantastique et horrifique de l'histoire a comblé ma peau de frissons délicieux ! Je ne m'attendais pas du tout à la tournure qu'elle prendrait.

D'or et d'oreillers offre une histoire d'amour positive et sensuelle, drôle et terrifiante à la fois, avec une héroïne forte et active. Depuis Cinder, j'ai l'impression que le prince prend le rôle de la princesse, et j'avoue que cela donne des récits intéressants, originaux et plaisants. Je le relirai avec plaisir, pour mieux admirer les finesses de la prose. »

*Animateur de l'émission et de la chronique Blockbuster.
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