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Critique de Andromeda06


Je n'ai encore jamais lu "Robinson Crusoé" de Daniel Defoe, dont "Vendredi ou les limbes du Pacifique" en est la réécriture. J'ai en revanche lu il y a quelques temps déjà "Vendredi ou la vie sauvage", qui est une adaptation jeunesse. Je ne peux donc faire la comparaison avec le premier, et n'en ferai pas avec le dernier, le public visé étant différent.

Le hasard a voulu que je termine ce roman un 19 décembre, alors que l'histoire se termine également un 19 décembre, mais avec quelques années d'écart... Car effectivement, c'est le 19 décembre 1787 que le Whitebird atteint la côte de Speranza, petite île encore inconnue qui a reccueilli 28 ans plus tôt Robinson Crusoé, seul rescapé du naufrage de la Virginie qui a eu lieu en septembre 1759.

Oui cela fait 28 ans que Robinson a échoué sur "l'île de la désolation", nom qu'il lui affublait au départ. Totalement seul dans cet endroit sauvage et désert d'humanité, il a d'abord sombré dans la folie avant de se reprendre en main. Pour ce faire, il a occupé son corps et son esprit quotidiennement. Son corps grâce à diverses constructions, élevages et cultures. Son esprit grâce à la tenue d'un journal de bord un peu particulier, puisqu'au lieu d'y retranscrire son quotidien, il y étale ses moments d'égarement méditatif. L'île de la désolation est renommée Speranza, il est élu à l'unanimité (forcément !) Gouverneur, ce qui lui octroie les pleins pouvoirs. L'île est désormais administrée d'une main de fer, une charte et un code pénal ont d'ailleurs été établis. Robinson a désormais un but. Une routine s'installe en même temps que sa perception de la vie se transforme. Tout est bien carré, tout est organisé, tout est orchestré au rythme de la clepsydre qu'il s'est fabriqué avec les moyens du bord. Mais voilà qu'un indigène, qu'il a sauvé par erreur et qu'il nommera Vendredi, vient chambouler toute cette routine et l'amènera une nouvelle fois vers d'autres prises de conscience...

Avec une narration entrecoupée d'extraits du journal de bord, nous nous retrouvons dans un roman à la fois d'aventures, initiatique et philosophique, dans lequel nous assistons à l'évolution de l'état d'esprit de Robinson. On le voit s'adapter à son environnement, à la solitude. On le voit passer de survie à la vie, du désespoir et au renoncement à la liberté. On fait face à tous ses ressentis, toutes ses élucubrations philosophiques. On ne peut reprocher à l'auteur de ne pas avoir suffisamment creusé son personnage principal, physiquement aussi bien que psychologiquement.

Tout comme on ne peut lui reprocher d'avoir rendu Speranza bel et bien vivante, imposante. Au-delà des descriptions de son engencement, des différentes zones naturelles et de sa faune et sa flore, l'auteur lui octroie une âme, un corps et un genre aussi peut-on dire. Elle a sa place et son rôle à jouer dans l'évolution qui s'opère en Robinson.

La relation entre Robinson et Vendredi a également une grande part dans l'histoire. Il a été intéressant de voir les liens se transformer petit à petit. Car s'il y a en premier lieu un rapport de force entre eux, une relation maître/esclave, chacun sera l'égal de l'autre à la fin. On assiste dans cette relation à de mini-transformations, instillées au fil des pages, au fur et à mesure que l'état d'esprit de Robinson se transforme à son tour.

Un contexte et un environnement savamment bien décrits. Une dimension psychologique et des ressentis admirablement développés. Une intrigue très intéressante. Une plume agréable, fluide et travaillée. Et pourtant, qu'est-ce que ça peut traîner en longueur par moments ! Les spéculations philosophiques de Robinson ont plus d'une fois failli m'achever, aussi bien que l'inaction dans certains passages, qui peuvent durer sur plusieurs pages.

En enlevant la préface et la postface, le récit n'atteint pas les 240 pages, j'ai pourtant eu l'impression d'en avoir lu le double... Mais bon, malgré cette "mollesse" ressentie, j'ai tout de même réussi à apprécier ma lecture, grâce aux nombreux points positifs relevés plus haut.
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