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Critique de Sachenka


C'est fou les bêtises qu'on peu faire quand on est jeune. Shoya, un jeune adolescent japonais en CM2, est un cancre désoeuvré, en quête d'émotions fortes et se laissant entrainer dans toutes sortes d'aventures, certaines moins recommandables que d'autres (comme sauter d'un petit pont pour plonger dans une rivière). Sans trop savoir pourquoi ni comment, il prend en grippe une nouvelle élève de sa classe, Shoko. Cette dernière est sourde et, en plus d'avoir à survivre avec son handicap, elle devra endurer les remarques désobligeantes des autres élèves (qui voient le rythme de leur cours ralentir à cause d'elle, et leurs chances de gagner une compétition de chorale s'envoler) mais surtout du harcèlement de Shoya. C'est le premier tome du manga A Silent Voice.

Pourquoi cette histoire se démarque ? D'abord, parce qu'elle est présentée essentiellement sous l'angle de l'intimidateur. Bien sûr, on voit parfois la réaction de Shoko et les remarques insidieuses des autres filles à son endroit mais l'essentiel repose sur les comportements délinquants de Shoya. Sans jamais l'excuser, on peut le prendre en pitié lui aussi, il est pris dans une spirale de laquelle il ne semble pas pouvoir sortir. Étiqueté casse-cou, fauteur de troubles, c'est comme si les ennuis se collaient à lui, s'il ne pouvait s'empêcher de faire des bêtises.

Ensuite, l'autre particularité de ce manga, c'est qu'on voit l'autre côté de la médaille. Shoko ne réagit pas, ne défend pas, elle subit en silence. C'est l'histoire de sa vie. Toutefois, lorsqu'elle pert pour une énième fois son appareil auditif, sa mère la change d'école. C'est alors un retournement de situation, tout le monde en fait porter la responsabilité à Shoya et c'est lui maintenant qui se retrouve isolée, rejeté, voire harcelé. Il vit à son tour des moments difficiles. Certains pourraient dire : « Tant pis pour lui ! » Ce n'est pas l'approche privilégiée par la mangaka Yoshitoki Oima. C'était audacieux et pertinent. Travaillant moi-même dans le milieu scolaire, je remarque qu'un bon nombre d'intimidateurs ont eux-même souffert d'intimidation ou ont d'autres démons à combattre. Ça n'excuse aucunement leurs actes mais il est important de creuser plus en profondeur le phénomène. Je sais qu'il est plus simple de trouver un coupable et de le punir mais ça règle rarement le problème. Shoya, pour trouver la rédemption, devra apprendre à vivre avec lui-même et ce qu'il a fait. C'est parfois pire.

Bref, malgré le propos sombre, A Silent Voice est une lecture agréable à cause de la manière dont les thèmes sont exploités et, surtout, des personnages attachants. Je recommande ce manga à tous, jeunes et moins jeunes.
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