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Critique de Sando


Que faire quand la vie nous échappe, quand on réalise qu'on est en train de passer à côté et qu'il n'y aura peut-être pas de retour possible ? Comment s'en sortir lorsque le dialogue avec son propre enfant s'est perdu, laissant place à une incompréhension totale et que l'on assiste impuissant à sa dérive ? Comment réagir quand on sent poindre lentement mais sûrement le début d'une longue descente aux enfers ? Un seul mot : continuer.

Pour Sibylle, mère célibataire enfermée dans ses angoisses qui élève seule son fils Samuel, un adolescent tourmenté, en plein décrochage scolaire, il s'agit bien de cela après le drame qui vient de se jouer et qui a bien failli faire de son fils un criminel : Continuer oui, mais différemment, en empruntant de nouveaux chemins. Hors de question que son enfant aille en pension comme le voudrait son père, non, elle sait d'instinct qu'en faisant cela elle le perd à jamais.

Alors, pour l'éloigner des fréquentations toxiques qu'il est en train de nouer, pour lui ouvrir le coeur et l'esprit, Sibylle choisit de l'emmener au Kirghizistan, ce pays d'Asie centrale où l'on peut se perdre dans les grands espaces, où les gens n'ont rien mais vous donnent tout, où le danger rôde, comme partout… Un voyage de plusieurs mois qu'ils vont entreprendre à cheval, seuls afin de se libérer du superflu, de se concentrer sur l'essentiel et tenter ainsi de renouer avec leurs racines, avec des valeurs plus authentiques et peut-être avec eux-mêmes...

Encore finaliste pour le prix Femina, « Continuer » fait partie de ces romans qui vous happent, vous transpercent et vous bouleversent par la justesse de leur propos, l'intelligence de leur réflexion et la beauté de leur langue. Ici, la relation mère/fils est au coeur de l'histoire et Laurent Mauvignier prend le temps de décrire son évolution : le lien que l'on croit rompu, l'absence de dialogue, l'incompréhension, la colère mêlée de haine qui cache au final un amour absolu et inextinguible ainsi qu'un besoin de reconnaissance mutuel.

le ton est juste, réaliste et rend à merveille la dureté de ce fils mêlé malgré lui à une aventure dont il ne comprend pas le sens. Une dureté contrebalancée par la tendresse et la détermination de cette mère prête à tout pour sauver son enfant de lui-même. Des personnages extrêmement attachants de par leur vulnérabilité et leurs failles, mais qui cachent une grande force de caractère et que l'on se prend à admirer et à encourager avec une véritable empathie.

Dans cette aventure née de l'amour maternel, c'est aussi nous, lecteur, que Laurent Mauvignier interroge, en pointant du doigt les travers d'une société rendue malade par la surconsommation, aveuglée par la surmédiatisation et l'importance donnée à l'image et gouvernée par une individualisation poussée à l'extrême. Des travers propices à la violence, la méfiance, la haine, la superficialité et l'isolement que l'on retrouve nécessairement dans notre quotidien… Un roman qui donne à réfléchir sur le monde actuel et fait naître le désir de prendre sac à dos et chaussures de randonnée et de partir à l'aventure en quête de grands espaces !

Bref, vous l'aurez compris, « Continuer » fait partie de mes gros coups de coeur de cette rentrée littéraire car, en plus de me faire voyager, c'est un roman qui m'a émue aux larmes, m'a bouleversée par sa force et sa beauté, m'a donné à réfléchir sur le monde dans lequel on vit et sur les choix que l'on peut faire pour changer les choses. En deux mots donc : lisez-le !

Un grand merci à Babelio et aux éditions de Minuit pour cette très belle découverte !
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