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Critique de ODP31


ODP31
26 décembre 2020
La Chasse aux communistes est ouverte à Hollywood en 1953. McCarthy, ses Beagles puritains et ses Setters ascétiques traquent faucilles et marteaux dans les boîtes à outil des scénaristes et acteurs. Chasse à la cour de la Galinette à paillettes. le seul rouge qui est autorisé par les comités de censure, c'est celui du sang versé par les faux indiens dans des westerns de série B.
Les grands studios étant jugés trop indépendants et réfractaires à une propagande trop apparente, l'armée, lassée du subliminal, charge deux agents, un accro aux courses et une jeune femme dopée aux grands principes, d'engager un producteur de navets, Larkin Moffat, pour réaliser un film de genre dopé au patriotisme. L'opération est financée par la mafia et une valise de deux millions de dollars est confiée à Moffat, avec la bénédiction d'un représentant de l'église, gardien de la morale dans la cité des anges, farouche apôtre des ligues de vertu catholique et amateur de jeunes acteurs. Pléonasme.
Le problème de ce Moffat, c'est qu'il est incontrôlable, ambitieux à outrance, pervers et d'une jalousie pathologique vis-à-vis de sa maîtresse, Didi, qu'il veut imposer en tête d'affiche.
Tout l'opération va déraper et révéler la face cachée d'Hollywood, l'exploitation des acteurs par le système, le despotisme des patrons des Majors, la comédie de la vraie vie où les gentils et les méchants boivent dans le même verre à la santé du rêve américain. Il n'y a pas un personnage pour rattraper l'autre, de la Pin-up arriviste gonflée à bloc au réalisateur maudit , du proxénète Siffrédien au sheriff raciste, ils barbottent gaiement dans leurs turpitudes.
Du stupre façon Ellroy à la violence Tarantinesque, le roman de Dominique Maison m'a impressionné par son rythme et sa mécanique irréversible. Tous les personnages de ce polar magistral traversent l'histoire comme un mec bourré qui veut quand même prendre sa voiture à la fin d'une soirée arrosée. Tout le monde sait que cela va mal finir mais le gars se sent invincible, porté par un destin, jusqu'au premier platane.
Dominique Maisons filme les coulisses, les décors en carton, les acteurs sans leur costume, en mêlant au générique, Errol Flynn, Clark Gable, Franck Sinatra et surtout l'irrésistible Hedy Lamarr, qui vole la vedette aux êtres de fiction du roman et tire la couverture à elle, au propre, au sale comme au figuré. Leur dernière séance. Les étoiles ne brillent que la nuit et ces stars désabusées entretiennent leur légende en multipliant les excès en fricotant avec des mafieux, attirés par la lumière. C'est l' «Hollywood Babylone » de Kenneth Anger.
Grand Roman noir backstage qui décortique le mythe hollywoodien et qui décrit cette volonté d'instrumentaliser la machine à rêve pour manipuler les masses. Un régal et un final apocalyptique.
Coupez ! C'est dans la boîte !



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