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Critique de Meps


Les polars nordiques ont clairement la côte au XXIème siècle. Les auteurs islandais et suédois se montrent particulièrement en réussite, trustant les palmarès depuis la fin du XXème siècle, de Mankell à Larsson, en passant par Indridason. Les précurseurs ont vite été rejoint par des héritiers, et même des héritières, à l'image de Camilla Läckberg, dont le succès des aventures de ses héros Erica FalcK et Patrick Hedström ne se dément pas au fil des livres. Par le biais d'une lecture commune, me voilà donc lancé à la découverte des héros de Mme Läckberg.

Étant assez novice dans le genre puisque ma seule référence était le Millenium de Larsson, je m'attendais à un polar bien noir et glauque... et je me retrouve au départ dans un cosy mystery de petit port suédois ! Certaines mises en scène macabres et plusieurs révélations ramènent tout de même un peu de sordide dans tout cela, mais contrebalancé par un côté romance clairement assumé. On est un peu dans un patchwork littéraire où on a du mal à situer le style.

La volonté affichée de l'auteure (qui le confirme par son personnage principal Erica Falck, elle même écrivaine) de s'attacher particulièrement à la psychologie des personnages est à double tranchant. Cela ne peut évidemment que ralentir l'action et fera fuir certains adeptes du genre, mais l'aspect très fouillé est aussi intéressant, notamment dans le soin apporté aux détails même pour les personnages très secondaires. de simples témoins qui n'auront que peu d'importance dans l'histoire voient leurs vies pourtant abordées en profondeur. le projet de saga qui à ce que j'ai compris garde le même village pour cadre nous permettra sans doute de retrouver certains de ces protagonistes dans d'autres romans.

Côté style, c'est plutôt basique, parfois même carrément maladroit mais j'ai l'impression que cela est surtout dû à la traduction. La présence de deux traducteurs (une suédoise et un français) pourrait montrer que l'exercice fut difficile, un seul traducteur qui maîtrise parfaitement les deux langues me semble le plus souvent souhaitable, le "double filtre" amène peut-être un risque de dénaturation claire du style donc je ne me sens pas trop le droit de juger cet aspect. Après, merci sylvaine pour m'avoir précisé que les deux traducteurs ont collaboré souvent sur d'autres livres (notamment Millenium où je n'avais pas repéré autant de maladresses), l'hypothèse que j'avance semble avoir du plomb dans l'aile… mais je remarque aussi que ce n'est pas le même duo de traduction (Lena Grumbach reste, pas Marc de Gouvenain) qui officie ensuite sur les tomes suivants, à voir si ça change quelque chose à la lecture.

Si on excepte certains longs passages sur les interrogations amoureuses des personnages principaux qui m'ont semblé parfois ridicules, la narration se tient plutôt. L'utilisation d'ellipses, la rétention de certaines informations, les indices parsemés à la fois très clairement et discrètement permettent au lecteur de dénouer certains fils et le perdent sur certains autres. le lecteur est clairement invité dans l'enquête, les révélations peuvent être anticipées mais pas toujours aisément. Ce petit jeu entre les enquêteurs qui font patienter le lecteur sur les indices récoltés et les lecteurs avides de mieux comprendre est plutôt réussi, la filiation avec la reine Agatha peut être tracée, même si il faut garder le sens des proportions, l'élève est loin de dépasser le maître.

Finalement, le succès de Läckberg auprès du public tient peut-être au mélange des genres pour certains, mais je pense surtout à un objectif tenu de s'attacher à la psychologie des protagonistes plutôt qu'à une action à tout va et à un trop grand déballage macabre. La Suède à l'image si lisse à l'international montre en tout cas toutes les failles de sa société par l'intermédiaire de ses polars. Läckberg, comme Larsson d'une autre façon avec Millenium, nous fait pénétrer dans l'arrière boutique des histoires de famille, où tout est bien plus terne et sale que le clinquant de la vitrine des jolis blonds aux yeux bleus des clichés suédois.
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