Roman racontant l'histoire d'une famille de fermiers américains touchée par un drame familial.
La ferme de la famille Senter est remplie d'amour et d'absence.
De lumière, de tendresse, d'affliction et de dévastation aussi.
« le soleil brillait au-dessus de nous, sur notre petite île au coeur de ce vaste monde d'innocence et de malheur ».
Doris et Tub se sont rencontrés dans les années 30 ; installés dans la ferme familiale du Maine, trois enfants sont nés de leur union.
La vie à la ferme laitière est rythmée par un quotidien de dur et rassérénant labeur.
La famille évolue dans une sorte d'autarcie domestique, rassurante, dans une atmosphère chaleureuse et bienveillante renforcée par des liens très forts entre eux.
Pourtant, ce décor tranquille, ce monde à eux, ne restera pas si paisible et une tragédie va survenir.
Lorsque tout vacille et au-delà, la famille devra continuer à vivre, à se conformer aux exigences de la ferme, chacun se confrontant aux souffrances intimes infligées par l'insupportable drame, et tous réagissant de manière différente, tâchant de faire de son mieux en apprivoisant son propre chagrin.
L'autrice s'attache à dépeindre les liens familiaux, le sens des valeurs, les gestes quotidiens du travail à la ferme, avec force et sensibilité.
Dans cette histoire, on lit l'amour parental, fraternel, le chagrin, le deuil, les engagements qui se délitent parfois, la quête de réconfort, la reconstruction, l'espoir, et, l'amour et le pardon.
J'ai trouvé les personnages attachants, ils sont analysés avec fine psychologie, pertinence et sans aucun jugement.
C'est écrit dans un style que j'ai beaucoup apprécié, l'autrice réussit avec douceur et poésie à raconter la tristesse et la joie, l'amour et la rédemption.
Peu de dialogues dans ce roman d'atmosphère faits de ressentis et empreint de grâce et de beauté.
C'est une histoire qui prend son temps et c'est formidablement bouleversant.
Un très beau premier roman, promesse de belles émotions, notamment remarqué par
Joyce Maynard, une autrice que j'adore.
La voix de Doris m'a particulièrement émue, notamment dans les derniers chapitres où elle confie ses pensées comme une sorte de délivrance. C'est une mère consciente de sa dérive et dans l'impuissance de réagir qui s'enferre dans sa léthargie, puis revient tout doucement parmi les siens ; le père, lui, choisit une parenthèse avec sa vie parallèle – placebo de survie pour lui.
Le personnage de la fille Dodie est remarquable. Son courage, sa résilience, sa loyauté, l'évidence avec laquelle elle prend la suite à la ferme, travail qu'elle n'a jamais cessé d'accomplir depuis l'enfance. Sorte de non-choix qu'elle accepte avec bonté, par amour pour les siens.
Le frère Beston est touchant par sa sensibilité et sa fragilité artistiques, son côté un peu en marge de la vie à la ferme sans toutefois l'ignorer.
Chacun tâche de s'en sortir comme il peut, prenant le temps nécessaire, et le lien solidaire, l'amour dans la famille demeurent.