" On peut tout quitter sauf ses obsessions. "
Tout est là ou presque, essentiel.
Ce récit pourrait presque se résumer à cette phrase, simple, évidente.
Elle m'a sautée aux yeux en cours de lecture.
Pour finir par prendre tout son sens.
Le dessin, la peinture, l'amour, mais aussi l'absence, insondable.
Les nombreux suicides au sein de la famille de
Charlotte, tournoyant comme une sarabande infernale au-dessus de sa tête en permanence.
L'obsession de l'auteur aussi pour la vie de cette jeune femme.
Sa longue quête pour découvrir " les lieux et les couleurs, en rêve et dans la réalité."
Deux vies donc,
Charlotte, David.
La peinture de
Charlotte qui crée un choc, obsède David, l'écrivain.
Puis les recherches, les tâtonnements, l'écriture épurée, comme sous tension permanente.
Accéder à un formidable hommage posthume.
Trouver comment appréhender les contours de la vie et du talent de l'artiste.
Au-delà des années et du malheur de cette jeune existence brisée par la guerre.
Je referme doucement ce testament littéraire, émue c'est assez rare, en ayant eu le privilège d'assister à une belle rencontre entre deux artistes. David a pris son temps, c'est palpable, pour approcher l'oeuvre et la sensibilité de
Charlotte.
Tout est évident dans ce livre, l'expression simple et juste, la forme, particulière et si adaptée finalement - une succession de phrases courtes, enchaînées au rythme d'un long poème d'amour et d'admiration.
La marque des livres rares, inspirés.
Non seulement ce récit m'a permis de découvrir
Charlotte Salomon et son oeuvre, mais aussi la double illustration de la définition de
Kandinsky :
" Créer une oeuvre, c'est créer un monde. "
Le monde de
Charlotte grâce aux mots de David.
Une lecture marquante sous le signe de l'amitié, je remercie chaleureusement fanfanouche sans qui je n'aurais probablement pas lu ce roman.