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Critique de Zebra


Avec « Ça s'est fait comme ça », c'est une confession que vous tenez entre les mains, une confession écrite par Gérard Depardieu et éditée chez XO Éditions, en octobre 2014. Cet ouvrage de 172 pages peut se lire d'une seule traite mais il peut également se laisser déguster, chapitre par chapitre car il s'agit d'une autobiographie qui emmène le lecteur de la naissance de l'auteur jusqu'à sa vie actuelle en territoire russe, à proximité de son ami Poutine.

Dans une confession, il est d'usage de se livrer complètement en n'omettant rien des petits et menus détails, qu'ils soient à votre avantage ou qu'ils vous dépeignent sous un jour que vos ami(e)s même très proches auraient du mal à supporter sans blêmir. Dans « Ça s'est fait comme ça », Gérard Depardieu ne nous épargne rien : sans pudeur mais sans réelle intention de choquer, il déballe et, au fil de ce déballage chronologique, le lecteur découvre un homme entier, avide de liberté, ayant toujours écouté sa propre voix intérieure sans se soucier du qu'en dira-t-on, un homme qui se considère encore aujourd'hui comme un « vivant-mort », pour qui avaler la vie par tous les bouts est inévitablement la bonne et seule démarche possible.

Ayant survécu aux aiguilles à tricoter de sa mère (sic), Gérard Depardieu n'a peur de personne. Ayant une confiance absolue dans son destin, il avance sans trembler -tel un funambule- sur le fil de sa vie. A dix ans, il se « fait sucer la bite » pour récupérer un peu de pognon et pouvoir bouffer : issu d'un milieu pauvre, ses parents (une mère accablée par les grossesses et un père alcoolique) et ses frères et soeurs ne lui sont d'aucune aide. Ayant grandi dans la rue, bien loin de l'école, Gérard Depardieu sait tout juste lire et écrire mais il est passionné par la beauté du monde, que ce soit sous la forme d'une jolie blonde qu'il aperçoit dans la cour du Collège des Charmilles à Châteauroux, ou sous la forme d'une biche croisée par hasard sur une sente dans la foret alors qu'elle était traquée par les chasseurs. Jouisseur, Gérard Depardieu l'est très tôt : à treize ans, plagiste par nécessité, il reluque la chatte des femmes qui écartent les cuisses pour manger sur de petits tabourets (sic). Et il est très culotté : il apprend l'anglais et la vie en se faisant inviter par des GI's dans une base de l'OTAN établie à proximité de son village. Voyou ? Oui, il l'a été quand il était jeune, mais il lui fallait du temps pour devenir ce qu'il était vraiment, lui le fils de Dédé et de la Lilette, lui qui n'aurait pas dû naitre. A seize ans, il monte -sur un coup de tête- à Paris pour faire du théâtre : effacé son passé ! Voici un homme neuf. Inaudible, bégayeur et bougon, il est « remis d'aplomb et tiré d'affaire » par le docteur Tomatis qui diagnostique chez lui une hyper-audition. A partir de là, Gérard Depardieu se sent pousser des ailes : cinéma, théâtre, succès, joie d'être admiré, d'exister à son rythme, voilà ce qui constitue son ordinaire, quand bien même il aurait de temps en temps « des rôles de merde ». A ce petit jeu, il rencontre des personnalités su show-bis (cf. ma citation). D'un tempérament tout-fou, spontané et artiste, il agit sans réfléchir : il aime les femmes et les enfants, mais il exècre la famille qui est pour lui synonyme de « saloperie, coups tordus, grosses conneries ». Épris de liberté, de calme et de beauté, il voit dans la famille une machine qui « tue les envies, les désirs et qui te ment », or Gérard Depardieu ne veut pas être roulé par la vie. Autant animal (il dit de lui qu'il est un « chien des rues ») qu'humain, il aime être en mouvement, satisfaire ses envies telles qu'elles lui viennent, et se protéger tout à la fois. Bref, il veut vivre intensément et jouir de la vie à chaque instant.

Avec « Ça s'est fait comme ça », ce n'est pas de la grande littérature que vous lisez mais un ouvrage sensible, écrit avec justesse, sans autre prétention pour son auteur que d'apparaitre sous son vrai jour, et d'effacer ainsi les clichés et images fausses qui circulent sur lui : une confession en quelque sorte. Je mets quatre étoiles et recommande.
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