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Critique de karkarot


Ce livre est assez court, mais dense. Il pose de nombreux constats, amène des informations en grande quantité, tisse un réseau de données autour de la nourriture, de sa sociologie, convoque de nombreux auteurs et études, principalement français et anglo-saxonnes. On se sent même un peu submergé, parfois. le tout est expliqué à l'aide d'analogies, d'invectives et d'apostrophes au lecteurs, de comparaisons un peu loufoques et très ironiques sur un ton agréable et amical.
C'est donc très bien documenté, et on adhère sans peine au propos et aux infos.
L'industrie alimentaire copine avec le politique à tous les niveaux (de l'OMC à la région, en passant bien sûr par la PAC de l'UE, comme l'actualité nous le prouve assez) pour maximiser ses profits à court terme, guidés en cela par une pensée néo libérale bien huilée, sur fond de fond de pension et d'actionnaires. Si une vague mention AB apparait parfois sous leur égide, ce n'est que pour leurrer le chaland, et conquérir une autre part de marché, avec les profits qui vont avec.
Nihil nove sub sole dirait l'autre...
D'un autre côté, la nourriture sert aussi depuis bien longtemps de moyen de classement de la population. Les riches, les dominants, n'importe comment qu'on les appelle, se servent de ce qu'ils mangent et de la façon qu'ils ont de le consommer pour se séparer des autres. L'histoire regorgent d'exemples, et l'autrice nous en rappelle un bon paquet.
Le vice va jusqu'à se rapprocher des valeurs des pauvres ou des exclus, ou des exotiques, mais en les marquant bien de son sceau de richou, pour toujours exprimer son appartenance à cette classe mais en même temps prouver sa coolitude et son ouverture d'esprit. Attitude perverse et méprisable s'il en est.
Un peu comme plagié un langage de banlieue alors qu'on vient du XVIème pour se donner un genre.
Encore, Nihil nove...etc.
Bon, certes.
Mais c'est là que le bas blesse un peu:
On fait quoi ? On détruit le système des bourses des matières premières, on brûle Chicago, on pend Bayer et Monsanto par les pieds au dessus d'une bassine pour faire du boudin, on soumet à la questionnette le prochain membre des CSP+ qui se régale de topinembourgs en écoutant du Jul alors qu'il a mis ses enfants à Stanislas pour qu'ils ne fréquentent pas le moindre petit arabe ? Je dis oui, mais le livre, non.
Alors on reste un peu sur sa faim (ouaf !) devant l'absence de direction claire, d'aboutissement au projet, de déduction à tirer de ces nombreuses études. Un "indignez-vous et brûlez moi tout ça !" qui nous mettrait un peu en joie à la fin, quoi !
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