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Critique de Nastasia-B


Voici une brève nouvelle, au sens strict, de par sa construction, mais que Balzac lui-même a placé dans la section "études philosophiques" de sa comédie humaine, et l'on comprend pourquoi.
En réalité il s'agit d'une parabole, sur la forme ultime de l'art, sur la quête évanescente et infinie des artistes. Balzac pose (ou repose car elles ont été formalisées bien avant lui) les fameuses et protéiformes questions : Qu'est-ce que l'art ? Qu'est-ce que le beau ? Qu'est-ce qu'une oeuvre d'art ? Que recherche l'artiste ? Où se situent les limites ?
Balzac avec la lucidité prophétique qu'on lui connaît évoque ici, dès les années 1830, les brûlantes controverses qui agiteront la peinture au tournant du XXème siècle et jusqu'à nos jours avec l'abstraction, la subjectivité et l'incompréhension du spectateur ainsi que la notion même d'oeuvre d'art.
En somme, pas le meilleur Balzac qu'on puisse rêver, mais pas inintéressant, loin s'en faut. Néanmoins, tout ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand chose.

P. S. 1 : Il fut tiré de cette nouvelle le film de Jacques Rivette intitulé La Belle Noiseuse (nom du tableau controversé dans la nouvelle) avec Michel Piccoli dans le rôle du vieux peintre Frenhofer et Emmanuelle Béart dans celui de Gilette.

P. S. 2 : J'en termine en vous offrant ces deux extraits, le premier reprenant un thème fort chez l'auteur, notamment dans son sublime Illusions perdues :

"Enfin, il y a quelque chose de plus vrai que tout ceci, c'est que la pratique et l'observation sont tout chez un peintre, et que si le raisonnement et la poésie se querellent avec les brosses, on arrive au doute comme le bonhomme, qui est aussi fou que peintre. Peintre sublime, il a eu le malheur de naître riche, ce qui lui a permis de divaguer, ne l'imitez pas ! Travaillez ! Les peintres ne doivent méditer que les brosses à la main."

"- le jeune Poussin est aimé par un femme dont l'incomparable beauté se trouve sans imperfection aucune. Mais, mon cher maître, s'il consent à vous la prêter, au moins faudra-t-il nous laisser voir votre toile. (...)
- Comment ! s'écria-t-il douloureusement, montrer ma créature, mon épouse ? Déchirer le voile sous lequel j'ai chastement couvert mon bonheur ? Mais ce serait une horrible prostitution ! Voilà dix ans que je vis avec cette femme, elle est à moi, à moi seul, elle m'aime. Ne m'a-t-elle pas souri à chaque coup de pinceau que je lui ai donné ? Elle a une âme, l'âme dont je l'ai douée. Elle rougirait si d'autres yeux que les miens s'arrêtaient sur elle. La faire voir ! Mais quel est le mari, l'amant assez vil pour conduire sa femme au déshonneur ? Quand tu fais un tableau pour la cour, tu n'y mets pas toute ton âme, tu ne vends aux courtisans que des mannequins coloriés ! Ma peinture n'est pas une peinture, c'est un sentiment, une passion !"
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