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Critique de 3447


Un roman poignant du début à la fin, au rythme effréné et parfait, une magnifique maîtrise des ellipses et des scènes, une tension grandissante, un intérêt fulgurant, un univers passionnant. J'avais une très légère appréhension en commençant le livre : ayant lu la saga « La Sélection » il y a longtemps j'avais souvenir d'une romance plus qu'autre chose, et je craignais que ce roman ne soit dans la même veine. Que nenni ! Une chance pour moi, on reste principalement dans la politique et les intrigues, dans l'envie de liberté et de démocratie, de justice. J'ai adoré.

La narration à la première personne nous permet instantanément de nous attacher à Gabrielle. Elle n'est pas l'héroïne pudique et innocente et elle n'est pas non plus l'héroïne badasse qui n'a peur de rien et se bat pour ses amis. Gabrielle est l'héroïne du peuple, celle qui a des rêves de vengeance mais ne réagit pas à l'instinct, celle qui est intelligente et se sert de sa tête, celle qui veut vivre et être libre, celle qui tient à ses proches mais croit en ses propres convictions, celle qui se trompe mais rebondit. le trait qui m'a le plus plu : elle réfléchit. J'insiste sur ce point car souvent on a un personnage qui se bat pour sa survie mais laisse ses sentiments altérer son jugement, un personnage impulsif, et c'est loin d'être le cas de Gabrielle, ce qui est rafraîchissant et très plaisant. D'ailleurs, j'ai adoré voir la force de certains personnages féminins qui ont décidé de se sauver et non pas d'attendre qu'on les sauve.

Toutefois, les personnages masculins ne sont pas en reste. En fait, aucun personnage ne l'est. J'ai trouvé que chacun – même les plus détestables – était vraiment très bien construit, avec une personnalité profonde et sensée, une personnalité reflétant des dualités, une personnalité humaine. J'aurais aimé en connaître certains davantage, et j'espère en revoir certains dans une suite.

L'intrigue, de son côté, est palpitante. On se retrouve dans une France monarchique de notre époque, une France d'exécutions, de répression, de robes et de froufrous, mais une France de voitures et de caméras également. Cet univers m'a totalement emballée, j'ai adoré le concept, et avec peu de descriptions et d'explications on comprend totalement dans quoi on plonge. En cela je trouve l'écriture de Maiwenn Alix remarquable : elle nous fait entrer dans son monde, comprendre les tenants et aboutissants, sans s'appesantir, tout en légèreté et sans temps mort de l'écriture. le rythme, d'ailleurs, est parfait, je ne me suis jamais ennuyée et en même temps tout m'a semblé suffisamment décrit, suffisamment expliqué, la fin s'est déroulée comme elle aurait dû, ni trop rapidement ni trop lentement.

Il n'y a qu'une chose qui me reste en travers de la gorge : « Versailles sera truffé de caméras et de domestiques » avertit-on Gabrielle. Pour cette raison d'ailleurs qu'elle ne parle jamais librement et qu'elle doit utiliser un code de résonnance… Alors pourquoi, pourquoi – pourquoi ! – au moment crucial oublie-t-elle ce simple et parfaitement clair avertissement ? Pour le bien du livre et pour l'évolution du personnage, d'accord, mais ça me fait tout de même grincer des dents. D'ailleurs, je suis ravie – façon de parler – de ce qui en résulte : j'ai trouvé que c'était parfaitement logique. On sent que ce livre n'est pas pour un public trop jeune, il est plein d'intrigues politiques, pas de romance ni de noblesse romanesque, c'est un roman qui dépeint ce qui se serait passé si nous étions encore en monarchie et c'est admirablement bien fait et réaliste, en un sens.

C'est donc avec grand plaisir que je referme ce roman, j'espère vraiment qu'il aura une suite, car même si ce livre peut se suffire à lui-même il reste encore tant à écrire ! Pour ma part, je veux savoir ce qui se passe ensuite, ce n'était que le commencement, il reste de nombreux combats à mener. Je croise les doigts.
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