La nounou portait toujours des leggings qui faisaient plein de plis sur ses jambes courtaudes, si bien qu'on aurait dit des trompes d'éléphants.
L'enfant entra dans le salon. De la papaye, des fraises équeutées et des pêches - son fruit préféré - se trouvaient dans un récipient en verre posé sur la table ; voilà pour le goûter. Des brochettes d'ailes de poulet badigeonnées de miel, d'autres d'éperlans au ventre tendu à craquer d'alevins, des tranches de bœuf salé et des pattes de crabe du Kamtchatka avaient été également préparées.
La soupe de courge dégageait des volutes de chaleur. Yu Ling s'essuya les yeux, baissa le feu et s'accroupit. Dada entra à sa suite et vint se placer derrière elle. "Ling, je te promets que je ne jouerai plus jamais au bord de l'eau" souffla-t-il en collant sa tête tout contre son dos. Elle resta sans bouger, sensible à la moindre bouffée d'air chaud qui s'échappait de sa bouche. Il reposait contre elle de tout son poids. Elle ne savait pas de quoi demain serait fait mais il y avait au moins une chose dont elle était sûre : il avait besoin d'elle. Pas comme un enfant peut avoir besoin d'une nounou ou une femme d'un homme. A vrai dire, elle ne savait pas trop ce que c'était. Mais elle était heureuse qu'on ait besoin d'elle de cette manière-là. Amy avait dit "On est tous aussi démunis quand vient la souffrance", ce à quoi elle aurait aimé ajouter "On est tous aussi forts quand vient le bonheur". Un courant de chaleur lui traversa le coeur et, à cet instant précis, elle se sentit capable de porter le monde sur ses épaules.
La faiblesse des gens bien intentionnés est parfois criminelle.
[…] la faiblesse des gens biens intentionnés est parfois criminelle.
Elle savait que beaucoup de gens la trouvaient bizarre, avec son incapacité à soutenir le regard, sa mine sombre et sa réticence à discuter avec ses employeurs. Mais elle n’avait pas son pareil pour s’occuper des enfants : elle était une nounou attentive et efficace, qui trouvait toujours le moyen de se faire obéir…
Le malheur est la chose du monde la mieux partagée. Moi je ne m'occupe que de ce qui est à ma portée.
Mais la faiblesse des gens bien intentionnés est parfois criminelle. L'aura de l'homme avait fini par disparaitre et elle n’éprouvait plus que de la compassion pour lui.
La soupe de courge dégageait des volutes de chaleur. Yu Ling s'essuya les yeux, baissa le feu et s'accroupit. Dada entra à sa suite et vint se placer derrière elle. "Ling, je te promets que je ne jouerai plus jamais au bord de l'eau" souffla-t-il en collant sa tête tout contre son dos. Elle resta sans bouger, sensible à la moindre bouffée d'air chaud qui s'échappait de sa bouche. Il reposait contre elle de tout son poids. Elle ne savait pas de quoi demain serait fait mais il y avait au moins une chose dont elle était sûre : il avait besoin d'elle. Pas comme un enfant peut avoir besoin d'une nounou ou une femme d'un homme. A vrai dire, elle ne savait pas trop ce que c'était. Mais elle était heureuse qu'on ait besoin d'elle de cette manière-là. Amy avait dit "On est tous aussi démunis quand vient la souffrance", ce à quoi elle aurait aimé ajouter "On est tous aussi forts quand vient le bonheur". Un courant de chaleur lui traversa le coeur et, à cet instant précis, elle se sentit capable de porter le monde sur ses épaules.
Le coffre-fort béait et les bijoux que Chen Wen rangeait dans le tiroir de sa coiffeuse ainsi que les appareils photo hors de prix de son mari avaient disparu. « C'est quoi les autres endroits où ils gardaient des trucs ? » demanda M. Courge depuis le couloir. « La cave à vin, répondit Yu Ling en lui adressant un regard, tu y es déjà allé. »
« Du vin ? On s'en fout ! Y a quoi d'autre qui peut valoir quelque chose ici ? » répliqua-t-il avec impatience. « Ici, tout a de la valeur », répondit Yu Ling. L'homme lorgna le lustre de cristal qui pendait du plafond et parut s'interroger sur la marche à suivre pour le décrocher. « A quoi ça sert acheter des trucs aussi chers si c'est imbougeable ? » finit-il par soupirer.