J'ai découvert Sacha Morage à tout hasard, au détour d'un Tik Tok. Lorsque je l'ai vue parler de son roman, je me suis dit une chose : il me le faut. Ainsi, j'ai eu le grand plaisir de l'acheter au Salon du Livre de Wallonie 2023 (en plus d'avoir un joli exemplaire dédicacé !).
Pour en revenir à La Voix de la Vengeance, j'avais de grandes attentes et je n'ai certainement pas été déçue ! C'est un immense coup de cœur de ce mois-ci, voire de cette année !
Tout d'abord, l'univers. Je l'ai trouvé original, loin de ce qu'on peut voir d'habitude. J'ai juste regretté l'absence de cartes pour situer la multitude des îles qui constituent l'Archipel. Toutefois, on comprend que plus les îles sont du Sud, plus elles sont considérées comme "barbares". Il est parfois difficile de comprendre les mécanismes d'un univers de fantasy quand le récit est écrit à la 1ère personne, mais dans le cas de La Voix de la Vengeance, je n'ai ressenti aucune incompréhension à ce niveau-là.
Ce qui est véritablement fascinant dans ce roman, ce n'est néanmoins pas son univers (bien que complet, je le répète), mais son héroïne. Ou devrais-je dire son anti-héroïne. J'ai suivi les aventures de Vaelle, ses conspirations pour parvenir à sa vengeance, le cœur battant.
Après le meurtre de son frère - dont elle était extrêmement proche ; je qualifierai même leur relation de fusionnelle -, elle jure de se venger du fameux contrôleur Yervain. Au fil des chapitres, nous suivons donc Vaelle dans sa propre descente aux Enfers.
Elle n'hésite pas à mentir, manipuler, tuer même pour s'approcher de son objectif. Le pire est vraiment ce moment de froideur incroyable où elle
vend Letrez - son ami et amant - au Bureau, simplement pour éviter d'être soupçonnée ! . Sa psychologie est fascinante et effroyablement bien écrite.
J'ai adoré cette représentation de la folie qui grandit peu à peu. Vaelle perd petit à petit l'esprit, on constate qu'elle hallucine, qu'elle devient même paranoïaque. La fausse identité qu'elle se constitue déteint de plus en plus sur elle. Un moment qui m'a marquée, c'est celui où
elle embrasse et couche avec le contrôleur Yervain, l'objet de toute son obsession de vengeance. Ce moment représentait, pour moi, à quel point la ligne entre haine et amour, jalousie et désir, était incroyablement fine. Ce développement était d'ailleurs très bien amené, mais surtout merci de ne pas avoir transformé ce passage en véritable romance. J'ai eu un peu de peine pour Yervain, certes, mais c'était plus que cohérent que Vaelle le repousse, le rejette et ce, avec une brutalité qu'elle ne cherchait même plus à cacher .
Outre la folie, La Voix de la Vengeance aborde, évidemment, la notion de justice. Contrairement à d'autres récits de vengeance, il n'est pas tellement question de "est-ce bien de faire justice soi-même", mais plutôt "qu'est-ce qui peut pousser quelqu'un à vouloir faire justice lui-même ?". L'obsession de Vaelle pour Yervain se développe parce que PERSONNE ne prend sa plainte. Parce qu'il fait partie des puissants, et pas elle. Parce qu'il est protégé, et pas elle.
La condescendance avec laquelle elle est reçue au Bureau pour sa plainte fait écho à certains faits actuels, ce qui ne rendait la frustration de Vaelle que plus vraie encore.
En fin de compte, j'ai été assez surprise du dénouement. Je m'attendais à ce que
Vaelle tue bel et bien Yervain, mais l'idée d'avoir à son tour brisé ce à quoi il tenait le plus (sa carrière) était bien trouvée. . Quant à la fin de Vaelle elle-même...
elle est amère, mais je ne lui voyais pas avoir une "happy end". Elle a simplement quitté la cage de sa vengeance pour une autre, dont elle a volontairement laissé la clé au Bureau .
En résumé, je conseille cette lecture à tout amateur.ice de fantasy, avide de découvrir une anti-héroïne à la fois attachante et effrayante dans un récit de vengeance, de folie et de justice.
***
Instagram : @loky.lettres
Tik Tok : @salty_loky
Lien :
https://www.instagram.com/lo..