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Critiques de Richard Llewellyn (32)
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Qu'elle était verte ma vallée !

J’ai lu ce livre au collège et il m’a marquée puisque trente-quatre ans plus tard, je m’en souviens encore. Je devais avoir 13 ans environ et je découvrais ainsi la vie des Gallois et leur histoire, une vie finalement pas si éloignée de la nôtre et de ce que me racontait mes voisins de l’époque dont le mari avait été mineur dans les corons et qui, comme beaucoup malheureusement, est décédé de la silicose sans avoir profité pleinement de sa retraite. J’apprenais également beaucoup sur les révoltes de ces mêmes ouvriers sans savoir que chez nous, un certain Jean Jaurès avait lutté pour que les ouvriers puissent avoir de meilleures conditions. La grève de Carmaux… je l’apprendrai bien plus tard… J’ai vu par la suite le film de John Ford (1941), une des rares adaptations à ne pas m’avoir déçue par rapport à un livre. Bref, vous avez bien compris, j’avais vraiment apprécié ce roman.



J’ai relu, il y a quelques années, ce livre, en ayant peur d’être déçue. Après tout, à 13 ans, qu’avais-je aimé ? Sans doute le fait de voyager dans une contrée que je ne connaissais pas, le fait que la narration nous plonge directement au coeur de la famille comme si nous en étions un membre… mais aussi une certaine identification dans le fait que mes parents n’arrivaient jamais à joindre les deux bouts car mon père, petit ouvrier, gagnait une misère et je vous laisse imaginer tout ce que j’ai pu entendre… Pourtant, une trentaine d’années plus tard, en ayant pris du recul avec tout ceci, j’ai redécouvert ce texte comme au premier jour. Mon ressenti est le même : quelle force dans l’écriture ! J’ai acheté récemment les trois romans qui font suite à celui-ci : Là-haut, dans la Montagne qui chante, Là où la lune est petite et Elle est redevenue verte ma vallée. À bientôt, donc, pour mes impressions sur ces derniers !
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Qu'elle était verte ma vallée !

Ce livre faisait partie des ouvrages "conseillés", "obligés" par mon professeur de français en classe de quatrième, au lycée Alain Fournier de Bourges, en 1966.

Il s'appelait Marius Le Saulnier, et c'est à lui que je dois pour l'essentiel, ma passion de la lecture.

Habitants de ces nouvelles cités qui poussaient en périphérie des villes, en France, à cette époque, nous lisions cet ouvrage en rechignant, plus sensibles à l'ouverture du premier supermarché, au dernier flipper du nouveau bistrot, au cinéma facile, à la musique rock diffusée par Radio Caroline.

Ce livre avait toutefois un côté exotique, le Pays de Galles des Morgan, semblait à des années lumière de notre cité, paradis du confort, de la lumière et de la consommation.

Le seul passage qui nous agréait était celui où le jeune Huw Morgan découvre ses premiers émois amoureux, et découvre en même temps que cette fille qui se donne à lui ne sera jamais véritablement sienne.

Nous étions à vrai dire jaloux de lui.

Bien des années plus tard, en lisant l'ouvrage de Richard Hoggart "la culture du pauvre", j'ai retrouvé les mêmes accents chez l'auteur, bien que parés de l'objectivité de l'analyse sociologique, lorsqu'il évoque la distance qui se creuse entre les enfants d'ouvriers qui étudient, et leur famille.

Plus que de nostalgie, le livre de Llewellyn m'a parlé de déchirements, ceux, qu'adulte en devenir, nous ressentons face à la perspective d'abandonner le monde de nos parents, ses références, ses modes de pensées, pour devoir construire notre propre monde, un monde différent.

Au fond Marius nous avait fait lire ce livre pour nous amener à mieux considérer notre situation, nous enfants de parents, à peine sortis de la guerre, référents moraux que la société dans laquelle nous vivions mettait chaque jour un peu plus en difficulté, confrontés à notre désir de liberté, de confort et de jouissance immédiate, eux auxquels tout cela avait été refusé.

Le livre de Llewellyn reste pour moi la référence d'un livre qui a ouvert ma façon de voir le monde.


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Qu'elle était verte ma vallée !

‘’Qu’elle était verte ma vallée’’ est une œuvre majeure de la littérature européenne. Elle n’est souvent pas reconnue à ce niveau, ce qui est dommage. Il est facile de faire le parallèle avec ‘’Germinal’’, puisque les deux se déroulent dans les mines de charbon. ‘’Nord et sud’’ peignait le début de la société industrielle, ‘’Germinal’’ sa jeunesse et ses années de lutte, et ‘’Qu’elle était verte ma vallée’’ sa maturité.



Nous écoutons donc Huw Morgan, petit dernier d’une nombreuse famille de mineurs, nous raconter son enfance et sa jeunesse dans les collines du pays de Galle, entre le village et ses nombreuses affaires, la nature toute proche, et la mine, centre névralgique de leurs vies à tous…



Les ouvriers ont réussi, à force de combat et d’opiniâtreté, à se construire un monde meilleur. Un monde où leur labeur leur permet de nourrir leur famille, de se chauffer, d’envoyer leurs enfants à l’école. Un monde heureux. Un monde soudé, fort, uni dans l’adversité – au point que ses membres peuvent se permettre de faire justice eux-mêmes. Ils peuvent envisager l’avenir sereinement, et non seulement le leur mais celui de leurs descendants. C’est un monde rude encore. Ladite justice y est expéditive et définitive. Les bagarres peuvent être dures. Une femme n’a guère de choix quant à son avenir, et une escapade nocturne peut déclencher une guerre entre deux villages. La religion reste le pilier de la société même si, conformément à la tradition anglaise, des dissidences se forment au moindre conflit.



Mais c’est un monde dans lequel déjà fermentent de profondes transformations. Déjà le narrateur, Huw, s’insurge de voir l’Angleterre essayer d’effacer la culture galloise, et bannir sa langue des écoles. Déjà sa sœur, Angaharad, préfère affronter l’opinion publique que se résigner à son destin. Les anciens mineurs meurent. La vallée meurt. Bientôt, ce sera le tour des mines elles-mêmes. Tout ce que ces hommes ont construit, tout le bonheur qu’ils ont chèrement arraché par leur labeur et leurs luttes sociales, tout cela sera perdu. Le charbon sera remplacé. Les hommes aussi.

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Qu'elle était verte ma vallée !

Qu'elles sont profondes, la nostalgie et la tristesse que l'on ressent avec le narrateur, une fois ce livre refermé !

Que de bonheurs enfuis, que d'amis et de parents perdus, comme cette si verte vallée qui peu à peu disparaît sous les monceaux de noirs déblais sortis des mines de charbon.

La mine et la vallée, voilà bien les deux personnages centraux de ce roman. le sort des habitants de leurs environs y est viscéralement lié, à la vie, à la mort. C'est leur histoire, à eux tous, qui nous est déroulée ici, à travers le destin de la famille Morgan, vivant dans un village gallois au temps béni de la reine Victoria.

La dynastie Morgan est une longue lignée de mineurs, rudes travailleurs aimant la mine et leur pays d'un même amour profond et sincère, pétris de foi chrétienne et de principes moraux inébranlables. Honneur, droiture, loyauté et respect ne sont pas de vains mots.

On n'est pas dans un Germinal gallois, on se situerait plutôt dans une sorte de « pré-Germinal », et à un niveau de lecture plus global. Là où Zola décrit d'emblée la misère des mineurs et centre son roman sur la lutte sociale, Llewellyn remonte au « bon vieux temps », où le travail à la mine était dur, mais noble, et permettait de vivre dans un certain confort. Une vision poétique dans laquelle l'Homme vivait encore en harmonie avec la Nature, quand il ne prenait à la Terre que ce qu'elle lui offrait généreusement : le charbon. Quand la chasse au profit à tout crin s'empare de ce filon, les choses se gâtent, les salaires baissent en même temps que le prix du minerai, entraînant révoltes et mouvements sociaux. La spirale infernale est lancée, il n'est plus question d'harmonie et de respect, mais d'exploitation des hommes et de la Terre. La Nature perd du terrain, les arbres disparaissent, la poussière se dépose partout. Les grèves sont terribles, personne ne cède, jusqu'à ce que les enfants meurent de faim et de froid. Ce qui est assez frappant, c'est l'opposition entre les générations : le père Morgan ne veut pas voir que la situation se dégrade, tandis que ses fils aînés se battent pour mettre sur pied les Unions, futurs syndicats. Impressionnante aussi, l'importance accordée à la foi, qui gouverne et imprègne tout, rendant certains passages quasi mystiques. L'auteur montre également la solidarité des villageois, tant dans les épreuves que dans la liesse, et le chant choral qui met tout le monde d'accord, à l'unisson. Car tout n'est pas triste dans cette histoire, qui porte aussi son lot de petits et grands bonheurs, d'amour et d'amitié, de caractères bien trempés, sensés, passionnés ou comiquement bornés. le style est un peu désuet, avec détails à foison, et certains comportements nous paraîtraient absurdes aujourd'hui, mais qu'elle est belle, cette saga familiale…


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Qu'elle était verte ma vallée !

Ce qui ressort essentiellement de ce livre, c’est l’impression de bonheur. Bien sûr les hommes travaillent à la mine et c’est un travail très dur, mais il n’en est pas question sauf à propos des grèves et surtout dans la scène finale. Les hommes se plaignent des baisses de salaire, mais pas du travail en lui-même.

Bonheur, car Huw Morgan, le narrateur, grandit puis vit les premières années de sa vie d’adulte dans une famille très aimante et au sein de laquelle règne un profond respect pour chacun des membres et une grande complicité amoureuse entre les parents. Il est vrai que la vie est imprégnée d’une morale rigoureuse, soutenue par une foi profonde, que les déplacements se font beaucoup à pied, que les hivers sont froids, que les châtiments corporels font partie de l’éducation, en particulier à l’école. Mais il est beaucoup question de fêtes, de repas abondants, de lectures en famille... La cassette où chacun des fils en âge de travailler et le père versent leur salaire semble inépuisable.

Ce n’est en aucun cas un livre misérabiliste sur la condition ouvrière, même s’il est question à plusieurs reprises de grèves qui sont cause de déchirements au sein de la famille et de la vallée. En revanche, c’est la description de la fin d’un monde. A la fois le travail des mines, et la vie presque en autarcie de la vallée, dans laquelle la morale prévaut sur la loi, qui parait presque inutile.

J’ai eu beaucoup de plaisir, surtout dans les deux premiers tiers, à accompagner ce garçon dans la découverte de la vie, de l’amitié, de l’amour au sein d’une nature encore très belle, mais déjà menacée par les tas de déchets sortis des mines. A découvrir ces hommes et ces femmes qui vivent une vie riche en sentiments, en entraide.



Challenge pavés 2014-2015

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Qu'elle était verte ma vallée !

Je vais envelopper mes deux chemises, avec mes chaussettes et mon habit du dimanche, dans le bout d’étoffe bleue que ma mère avait coutume de nouer autour de ses cheveux quand elle faisait le ménage, et je quitterai la Vallée. “



Voilà comment commence cet épais roman du gallois Richard Llewelyn, que j’ai découvert à travers son adaptation célèbre par John Ford. Un film dont j’étais tombée amoureuse par la poésie, la force et la nostalgie qui s’en dégageait. Des sentiments qui me sont revenus identiques à la lecture du texte.



Les Morgan ont toujours vécu dans la même vallée. Grande famille de 9 enfants (si je ne me suis pas trompée dans ce compte), dont 6 garçons, les générations se sont succédés dans la mine, rapportant un salaire qui permet une vie modeste mais riche d’amour, d’amitié et de solidarité. Au-dessus de cette marmaille, règnent la mère et le père, amoureux et terriblement taquins, vivant heureux entourés de leurs enfants, malgré les temps difficiles.



“Oui, c’était vraiment le bonheur ; nous avions bonne maison, bonne nourriture, bon travail. Le soir, rien ne nous appelait au-dehors sinon le culte à la Chapelle, une répétition du chœur, parfois une lecture en commun.”



Lorsque commence le roman, on découvre le narrateur qui est le plus jeune enfant de la famille, Huw Morgan (je n’ai jamais su comment le prononcer), six ans. On le quittera, une trentaine d’années plus tard alors que toute la famille est morte ou s’est dispersée. Car s’il décrit la paix qui règne et la joie d’une si belle famille, c’est aussi le début des problèmes et des premiers chocs entre mineurs et la Compagnie du Charbon qui baisse sans cesse les salaires.



“Allons sur la montagne, allons trouver la paix.”



La montagne est en effet un personnage à elle toute seule. On s’y réfugie pour être seul, on y fait des bébés, des meetings politiques. C’est aussi le seul passage pour quitter la vallée discrètement. Immuable, elle trône.



A travers une génération, Huw nous dresse le portrait d’une vie qui n’existe plus. Celle de l’honneur, de la bonté, de la joie, mais aussi celle qui chasse les jeunes femmes perdues, les commérages, etc. Une petite communauté que les luttes politiques vont déchirer malgré l’unité première.



Une communauté où l’école est lointaine, alors qu’elle représente le seul moyen de sortir des mines. Une école anglaise où il est interdit de parler gallois, alors que “les Anglais ne sont-ils pas stupides de construire des écoles pour les Gallois, d’exiger, sous peine de punition, qu’ils y parlent anglais, et de nejamais y faire donner un cours d’élocution afin d’enseigner la façon dont les mots doivent être prononcés ?” Ceci dit, on a pas fait mieux en France avec les langues régionales …



Les Anglais sont pourtant bien loin dans l’enfance de Huw, les ennemis étant plutôt représentés par la Compagnie du Charbon, de moins en moins paternaliste.



La fin d’un monde représenté par l’accumulation des déblais de charbon dans cette belle Vallée : “Le long de la route de la montagne, tels des dos d’animaux surgis du puits et enterrés là, les tas de déblais s’arrondissaient. Des arbres vivants s’y trouvaient ensevelis. Ici et là, les ajoncs y allumaient leur flamme d’or, et partout où le vent le permettait, l’herbe essayait d’y pousser.” Cette herbe, c’est l’espoir et la lutte des mineurs qui veulent sauver la vallée. Jusqu’à ce que les intérêts individualistes les perdent.



Huw, au moment de quitter la Vallée, n’accuse personne. Il regrette, se rappelle doucement, nostalgiquement, des plus beaux moments vécus ici, qui ne reviendront jamais.



C’est une formidable fresque, qu’il est difficile de rendre ou même d’essayer de résumer ici : naissances, morts, mariages, bonheur, misère, les événements se succèdent, et l’on vit chaque instant avec la famille Morgan, que l’on ne quitte qu’à regret 500 pages plus tard.



Un chef d’œuvre de beauté, de pureté, qui nous laisse une ombre nostalgique au fond du cœur pour ces temps révolus.



Je vous recommande donc de découvrir le roman, puis de compléter par le film qui est une très bonne adaptation.
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Qu'elle était verte ma vallée !

Benjamin d’une famille galloise de mineurs, Huw Morgan grandit dans le respect des conventions tandis que la révolte gronde contre les propriétaires qui paient de moins en moins leurs ouvriers.

Entre tradition et nouvelles idées sociales, son père et ses frères se déchirent sous les yeux du gamin et des femmes de la maison. Cependant il n’est jamais loin le moment de réconciliation, d’entraide communautaire, bientôt conduite par le bon révérend Mr Gruffydd.

Huw se souvient de ses frères, de ses sœurs, de ses parents et de la belle Bronwen… Il regarde avec fatalité les menaces qui planent à présent sur sa maison.



« Qu’elle était verte ma vallée » est un beau livre très bien écrit à la fois réaliste et nostalgique.

L’auteur sait faire vibrer la corde sensible au plus profond de nous. Il fait appel à cette mélancolie de l’enfance avec adresse et je me souviens avoir refermé ce livre en larmes, lors d’une première lecture, il y une cinquantaine d’années.

De vraies réflexions ponctuent çà et là l’histoire. La vie ouvrière évidemment, comme toile de fonds, et surtout ce tournant inéluctable vers la vie moderne qui marquera le déclin de l’époque minière. Le racisme, les préjugés, les règles rigides de la vie en communauté sont aussi des thèmes forts de l’ouvrage.

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Qu'elle était verte ma vallée !

Très franchement, je ne sais pas trop quoi dire sur QUELLE ÉTAIT VERTE MA VALLÉE ! C'est un excellent divertissement et je l'ai bien aimé... mais le côté "ravi de la crèche chez les mineurs" m'a un peu refroidie.



Peut-être que c'est la traduction qui m'a gênée ? Il faut dire qu'elle date de 1969... une époque où les traducteurs.trices n'avaient pas la rigueur de ceux et celles d'aujourd'hui.



En revanche, j'ai beaucoup aimé partager cette lecture (commune) avec Myriam Veisse et Suzette Laguinguette pour le groupe FB #alassautdespaves et leurs chroniques seront sûrement plus pertinentes que la mienne.



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QUELLE ÉTAIT VERTE MA VALLÉE !

de Richard Llewellyn (traduit Berthe Vulliemin)



Éditions Libretto
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Qu'elle était verte ma vallée !

Ce livre de mineurs de fond, dans ce cas au Pays de Galle, a fixé chez moi le respect , une admiration même, et un intérêt pour un métier et des hommes qui sont fiers d´eux et font montre d´une solidarité. rare.

Le Général Bigeard ayant recu l´ordre un jour de briser une grève de mineurs dans le Nord, avait jugé que le métier de mineurs était autrement plus dur que le sien.

Que dire d´autre?





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Qu'elle était verte ma vallée !

Un livre lu lorsque j'étais très jeune.

Mon 1er exploit de lecture, car il s'agit d'un gros pavé ! et j'en étais fière !

J'en garde le souvenir merveilleux d'une véritable ouverture de mon esprit d'alors !

Je lisais des mots pour dépeindre les valeurs qui m'ont toujours guidée : la loyauté, l'honneur, l'Esperance, le bonheur, le travail juste, la revendication légitime, l'amour , la nature , la conscience écologique avant l'heure !

Bref, un livre qui a eut une fonction " éclairante" .

Je n'ai jamais vu le film ...et je le regrette .
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Qu'elle était verte ma vallée !

Une lecture de jeunesse qui m'avait laissé un bon souvenir et sa relecture, avec la maturité acquise, m'a encore plus charmée et bouleversée. Un sentiment de nostalgie habite ce roman mais aussi beaucoup d'amour et d'humour, bref un plaisir sans cesse renouvelé. Comme quoi, relire un livre, lorsque les années sur nous ont passé, apporte toujours son lot de découvertes.
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Qu'elle était verte ma vallée !

Ce roman offre une plongée dans le monde des mineurs du pays de Galles au début du XXe siècle.



Rien à voir avec Germinal, le point de vue est différent. Ici, c'est un seul narrateur Huw Morgan, qui visite ses souvenirs et nous raconte la vie de sa famille. Le récit est plus nostalgique que social même si le contexte est parfaitement décrit.



La famille Morgan vit sous la tutelle du père et de la mine qui pour un temps leur permet de bien vivre, un travail dur mais une bonne paye, le bonheur pour ces familles qui peuvent bien manger, se vêtir, se chauffer et avoir quelques économies . Les loisirs sont simples, l'église, les chorales, le rugby, la famille. L'avenir est tracé, on descend à la mine, on épouse la voisine, on fait des enfants . ..



Seulement comme dans toutes les mines, passé l'euphorie, le rendement devient le maître de la situation, les mines sont moins faciles à exploiter, des travailleurs acceptent de venir pour des salaires plus bas et le monde ouvrier doit s'organiser pour résister et tenter de peser sur les exploitants.



Les fils ainés de la famille Morgan sont très actifs sur les ébauches de syndicats, les unions et les exigences à avoir. Le père ne partage pas leur point de vue mais comprend peu à peu que l'avenir bougera et que Huw son dernier garçon n'aura pas la même vie.



Il y a la mine mais il n'y a pas qu'elle dans ce roman. L'amour est aussi un pilier de ce récit, celui dû à Dieu et aux parents mais aussi celui entre hommes et femmes entre désir et normes sociales.



C'est un très beau roman où l'on découvre un monde perdu qui, tel qu'évoqué dans le récit, ne manque pas d'attraits derrière la tendresse de l'auteur pour ses personnages .
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Qu'elle était verte ma vallée !

La famille Morgan vit depuis toujours dans les montagnes du Pays de Galles et elle a la houille dans le sang. Gwilym et Beth Morgan ont plusieurs fils et filles : leur famille est soudée par l'amour et la foi. Les mines donnent en abondance et le pain ne manque jamais. Mais survient un jour où le charbon se vend moins bien, où les salaires baissent et où l'immobile tranquillité de la vie vole en éclats. La Vallée noircit et le monceau de déblais n'en finit pas de s'étendre. « Considérablement allongé, noir, énorme, sans vie, il s'étalait au fond de la Vallée, des deux côtés de la rivière. L'herbe verdoyante, les roseaux, les fleurs, tout avait disparu, enseveli par lui. Et, sans cesse, les bennes, grinçant et cahotant le long des câbles, venaient y déverser leur poussiéreux fardeau, grossir le dos noir, sale, ridé, de ce monstre hideux. » (p. 103)



Les mineurs grondent et les grèves se succèdent, pendant des mois entiers. Alors que la famine ravage la vallée, le père Morgan s'oppose à ses fils qui croient en l'Union et au communisme. Le merveilleux équilibre n'est plus et l'argent est devenu le centre d'attention, entraînant dans son sillage les dérives et les vices. « Or, votre plus grand ennemi, en ce moment, c'est le charbon. C'est donc plus fort que lui que vous devez devenir. Le charbon est inerte, sans âme. Mais, leurrant les hommes, il s'anime et prend vie, sous la forme de l'or. Vous l'évaluerez par wagonnets, à tant la tonne. D'autres l'estiment par cargaisons, titres, lettres de change, actions, emprunts, taux d'intérêt. Et là commence l'usure, votre seconde ennemie. » (p. 154) Les idéaux sont puissants et les révoltes sont légitimes, mais le feu de la contestation prend difficilement devant la faim qui creuse le ventre et qui fauche les enfants.

Huw Morgan, à la veille de quitter sa maison, se lance dans un récit pétri de nostalgie. Il évoque les siens, sa Vallée et le passé. « Ma Vallée, ô Vallée qui es en moi, c'est en toi, éternellement, que je veux vivre. Que la Mort, pire que la Mort frappe mon esprit, que la cécité dévore mes yeux, si ma pensée ou ma vue t'oublient. Vallée devenue pour certains celle de l'Ombre de la Mort, tu ne peux l'être pour moi, car la meilleure partie de mon être, c'est le souvenir de tes bruns, de tes verts, lorsque tu nous envoyais tes doux parfums, faisais croître les herbes odorantes pour la marmite, les fleurs, et que les oiseaux chantaient éperdument leur joie. » (p. 231 & 232) Huw a la nostalgie d'un passé prodigue où régnait le bonheur de l'abondance. La cassette familiale, symbole de richesse et de sécurité n'était jamais vide et s'ouvrait généreusement aux voisins et aux pauvres. Les années ont passé et la fertile source a tari. Le récit de Huw est mélancolique et désabusé. La résignation est douloureuse, sans sérénité. « Comment garder rancune à des choses devenues poussière ? » (p. 100) La fatalité pèse désormais plus lourd qu'avant.



Huw est un garçon sensible et passionné. Quand il évoque les siens, c'est toujours avec respect et amour. Quand il décrit sa Vallée ou sa maison, son cœur est plein d'une tendresse qui se traduit dans une langue riche et lyrique. La douleur du départ n'a pas d'égale : « Chère petite maison, dans laquelle j'ai vécu, de quel bonheur tu as été témoin, même avant ma naissance. C'est en toi qu'est ma vie, et tous ceux que j'ai aimés sont partie de toi, de sorte que m'en aller, te quitter, c'est comme me quitter moi-même. » (p. 156) Et pourtant, on le sent, ce départ est inéluctable. Les déblais ont envahi la Vallée, la maison est sur le point d'être submergée et l'heure n'est plus au bonheur. Ce que décrit Huw, c'est un Paradis perdu, un âge d'or révolu. « Oui, c'était vraiment le bonheur ; nous avions bonne maison, bonne nourriture, bon travail. Le soir, rien ne nous appelait au-dehors, sinon le culte à la Chapelle, une répétition du chœur, parfois une lecture en commun. Malgré cela, nous trouvions toujours à employer notre temps jusqu'au moment d'aller nous coucher. Nous lisions, étudiions, bricolions dans les communs, ou partions chanter quelque part, de l'autre côté de la montagne. Je ne me souviens pas que nous ayons jamais manqué d'occupation. Je me demande ce qui a bien pu se passer, pendant ces cinquante dernières années, pour que tout soit ainsi changé. Et je ne trouve pas d'autres explications que la mort. » (p. 156)



On assiste au déclin d'une société patriarcale ancestrale. Certaines traditions disparaissent, un nouvel ordre s'installe au nom du progrès et du profit. Les fils s'opposent aux pères et quittent les foyers pour des contrées plus prometteuses. Les femmes sont toujours le ciment des familles. Beth Morgan est une mère coulée dans un moule robuste : elle mène à la baguette sa famille et son cœur pardonne toujours puisqu'il aime au-delà de tout. Les sœurs sont les meilleures amies des frères. La fierté se porte haut en Pays de Galles et personne n'a à rougir d'être un Morgan. La force du cœur et la force des poings font les hommes d'honneur.



La communauté de la Vallée est profondément pieuse. Le protestantisme y est pur, voire originel, sous l'égide du bon Mr Gruffyd, un pasteur éclairé et sensible. La modération préside toute chose, même si la foi ne prévient personne contre les passions. Souvent, la Vallée résonne des cantiques que les hommes entonnent à toute occasion. « J'entendis vibrer les voix riches et mâles des hommes de la Vallée, sonores, courageuses, nettes, bonnes, nobles et fières, et je sus que ces voix étaient aussi la mienne, car je faisais partie d'eux, comme eux de moi, et nous de la Vallée, et elle de nous. » (p. 231) La Vallée a une voix puissante. Les aléas ne la font pas taire : le chant de la terre galloise résonne pour longtemps entre les montagnes et envoie à l'Angleterre un éternel message d'insoumission.



Huw est habile narrateur. Il redevient l'enfant qu'il a été et repose un regard candide sur son univers. Mais il a toute la sagesse et la mémoire de l'homme fait et il conclut les chapitres par des annonces terribles : avant de les lire, on sait que des accidents de mine déciment les familles, qu'une fillette sera souillée par un monstre en haut de la colline ou que la grève se profile. Le roman tient le lecteur en haleine sans discontinuer. Le récit mêle les grandes affaires des travailleurs et les affaires privées de la famille. Les mariages et les naissances, les scandales et les épreuves sont d'une égale importance pour le cœur d'un enfant.



Qu'elle était verte ma vallée n'est pas un Germinal gallois, en aucun sens. Richard Llewellyn met à l'honneur les sentiments, son texte n'est pas une étude sociale de la grève chez les mineurs. Les mines galloises sont cruelles et exigeantes, mais pas comme le Voreux de Zola. Lantier est un homme seul, enragé de socialisme. Les Morgan sont un clan, soudé même dans la discorde. Richard Llewellyn offre une œuvre qui flirte avec la poésie : c'est une longue élégie qu'il nous est donné de lire, le chant du cygne d'une époque qui s'éteint.



C'est la lettre de Jérôme Soligny à l'auteur, dans le cadre du festival Avousdelire, qui m'a donné envie de découvrir ce roman.



Le film éponyme de John Ford avec Maureen O'Hara, Roddy McDowall et Walter Pidgeon est très fidèle au texte de Richard Llewellyn. Les quelques raccourcis ne dénaturent pas l'histoire et c'est un plaisir d'entendre le chœur des chanteurs gallois résonner dans la vallée. L'image en noir et blanc se prête à la nostalgie et à la célébration du passé.



J'ai passé un agréable moment avec cette adaptation qui prolonge brillamment un texte d'exception.


Lien : http://www.desgalipettesentr..
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Qu'elle était verte ma vallée !

Sur le vieil exemplaire acheté d'occasion que je possède de ce roman au format Livre de poche, figure en première page une note écrite au crayon par son précédent propriétaire : "Histoire d'un adolescent".

Mais ce livre est tellement plus.

Je ne peux m'empêcher de repenser à un autre chef d'oeuvre de la littérature mondiale "Moby Dick" qui lui aussi est beaucoup plus qu'une histoire de course à la baleine.

Roman d'apprentissage, de passage aussi, fin d'une époque, éveil d'une conscience écologique, perte de valeurs, montée du cynisme capitaliste...

Tout cela nimbé dans l'esprit du jeune Huw, du souvenir ému et nostalgique d'un havre familial, fait d'amour et de respect mutuel, de l'émergence de ses désirs et de la constitution de sa compréhension du monde des adultes.

On se demande parfois si un tel monde en pays de Galles a bien pu exister. Ces hommes qui chantent en travaillant, qui prient avec ferveur, se battent avec ardeur. Mais pourtant sous la plume talentueuse de Llewellin tout prend vie et il réussit la prouesse de rendre sensible ce monde crépusculaire.

Le très beau film de John Ford a lissé certains aspects du roman mais lui reste fidèle. Le réalisateur des Raisins de la colère que des imbéciles ont traité de "réactionnaire" ne pouvait qu'être sensible à ces petites gens, fidèles à leurs traditions, dignes et courageux.







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Qu'elle était verte ma vallée !

Lorsque je suis tombée sur un livre de Richard Llewellyn, j’ai tout d’abord été attirée par son nom gallois. L’histoire se passait au Pays de Galles, il ne m’en fallait pas plus pour prendre ce livre.

Et ce roman a traîné près de deux ans à côté d’autres livres à lire sur ma bibliothèque. A l’avouer, je craignais malgré tout de m’ennuyer. Quand le résumé promet les folles aventures d’une famille de mineurs, la motivation de se lancer a tendance à manquer.

Finalement, je ne me suis pas ennuyée un seul instant. En fait, je n’avais pas été emportée de cette manière par un roman depuis bien longtemps. Tout est raconté à la première personne, du point de vue de Huw (dire You), un petit garçon que l’ont suit jusqu’aux premières années de l’âge adulte. L’auteur utilise cette méthode pour nous faire redécouvrir la vie, le monde de la mine, les traditions galloises d’un regard neuf. Nous nous retrouvons plongé dans un village gallois aux mœurs arriérées, très croyant, au code de l’honneur exagérément poussé, qui pourrait être détestable si le regard du narrateur n’avait pas cette tendresse qui excuse tout. Cependant, Huw observe tout d’un œil critique et intelligent, ce qui accompagne les pages de réflexions très bien vues sur les hommes, le rôle des traditions, des croyances, l’évolution industrielle… Faut-il condamner ou non ? Llewellyn ne donne pas de réponse claire. Chaque point de vue s’oppose et se défend.

Si vous trouvez ce titre au milieu de vieux livres, je vous le conseille vivement.

" Il n’y a pas de barrières ni de haies qui nous séparent de notre passé. Vous pouvez y retourner comme bon vous semble, si votre mémoire vous le permet." (R. Llewellyn)
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Qu'elle était verte ma vallée !

Une fois n’est pas coutume c’est un film qui m’a décidé à lire ce livre, le film est superbe et le livre magnifique. J’ai vu le film de nombreuses fois et lu ce livre à plusieurs reprises ma première lecture remonte à 1995 ...hier ...

Il vous faudra fouiller dans les bibliothèques car ce livre est aujourd’hui indisponible, j’espère que vous tomberez sous son charme si ce n’est pas déjà fait.



Le Pays de Galles quand la reine Victoria règne encore, quand les paysans se transforment en mineurs, quand le village ne craint pas d’être enseveli par une montagne de scories, le Pays de Galles quand la famille Morgan entre en scène.



Entrons chez Huw Morgan le héros du livre, entrons dans sa maison pour y être accueillis par sa mère qui comme chaque jour est aux fourneaux. Ils sont assis autour de la table, le père qui va découper la volaille, les cinq frères dont Ivor est l’aîné, tous mineurs, les deux soeurs de Huw. Bientôt s’ajoutera à la famille Bronwen la femme d’Ivor.

Les femmes de mineurs le samedi « s’installaient sur une chaise, devant leur porte, et attendaient le retour des hommes, gravissant la colline. »

Les tabliers des femmes s’emplissaient de pièces d’or durement gagnées au fond de la mine. Le dimanche était réservé au temple, à la lecture de la Bible. Parfois le père et ses garçons allaient assister à un match de rugby et Huw lui courait acheté du toffee avec son argent de la semaine.

La vie était belle et les conflits avec la direction de la mine finissaient par s’arranger, alors s’élevaient les chants des villageois « voix sonores, s’envolant en multiples harmonies »

Huw Morgan se souvient des images et des sons de son enfance, de son amour pour la femme d’Ivor son frère aîné, amour d’enfant oui mais ne riez pas de lui car « prétendre qu’un enfant puisse être amoureux peut sembler absurde. Mais que vous le croyez ou non, j’ai été cet enfant et personne sinon moi n’a su ce que j’éprouvais »

Huw est un enfant sage, qui craint et admire son père et ses frères, regardez le vivre au quotidien dans ce village qui est en train de changer. Le travail se fait plus rare, les salaires baissent, le mot grève est prononcé. Fini le temps où l’on s’inclinait devant la direction, l’idée de syndicat flotte dans l’air même si le mot est tabou à la table des Morgan.

Vous allez vivre le temps d’un livre au coeur de cette famille, voir Huw grandir, voir son amour des livres s’épanouir, le voir entrer à l’école. Mais vous allez aussi accompagner les mineurs dans leurs revendications, leur révolte pour une vie plus juste.

Huw grandit au rythme des difficultés du village que tente de lui expliquer le pasteur Mr Gruffydd. A t-on le droit de se servir de ses poings pour se faire respecter ? Est-il normal que seule la fille soit montrer du doigt quand elle met un enfant au monde sans être mariée ? la bataille contre les injustices n’est-elle pas légitime ?

C’est douloureux de grandir, de voir mourir les uns, partir les autres. Et arriver à l’âge adulte il est difficile de se retourner sur ce passé empreint de beauté, de chaleur et de regrets.

"Qu'elle était verte, alors, ma vallée, la vallée de ceux qui ne sont plus !"

Aux sons des chants gallois laissez vous séduire par ce roman initiatique, roman de formation au plus beau sens du terme.

Vous allez vibrer et je serais très étonnée que quelques larmes ne viennent pas

On aime tout ici : les descriptions de cette vie simple, le récit réaliste où Zola n’est pas loin, un récit où des mots comme entraide, solidarité, équité, justice, vous rendent témoins et complices des combats de ses hommes pour une vie meilleure.

L’écriture est simple, émouvante parfois lyrique, toujours on y entend la sincérité.

Il n’est pas étonnant que John Ford se soit emparé de ce récit pour en faire un superbe film qui reçu l’Oscar du meilleur film.

Livre avant film, film puis livre, peu importe, les deux sont des oeuvres émouvantes trouvent une place dans le coeur du lecteur et du spectateur.
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Qu'elle était verte ma vallée !

Bien entendu, quand on parle de mine en littérature, il y des doigts qui se lèvent

« Moi, m’sieur ! Moi m’sieur !

- Oui, Lantier ?

- « Germinal », m’sieur !

- Bravo, Lantier, vous n’avez pas creusé trop profond pour trouver la réponse ! »

« Germinal », bien sûr, mais pas seulement ! Mais vous auriez pu me citer « Sans famille » d’Hector Malot ou « Les Indes noires » de Jules Verne ; chez nos amis belges la grande saga des Bauduin (« Bauduin des Mines », « Carpant », « Madeleine Bauduin », « La Citadelle Bauduin », « La fin des Bauduin ») d’Oscar-Paul Gilbert (un écrivain wallon injustement oublié), et chez nos voisins d’Outre-Manche « Qu’elle était verte ma vallée » de Richard Llewellyn, et « Sous le regard des étoiles » d’A.J. Cronin, plus des dizaines d’autres ouvrages qui de près ou de loin abordent le sujet, d’un point de vue romanesque, certes ; mais aussi documentaire, sociologique, politique… la mine est une… « mine » de sujets à … « creuser » !

Richard Lewellyn (1906-1983) est un écrivain britannique connu surtout pour son roman « Qu’elle était verte ma vallée » (1939). Autre roman traduit en français : « Les derniers jours d’Herculanum » (1957) (une variation – non dénuée d’intérêt, et peut-être même plus emballante que l’original – des « Derniers jours de Pompéi »)

Contrairement à ce qu’on pourrait penser « Qu’elle était verte ma vallée » n’est pas un roman autobiographique. Llewelyn a très peu vécu au Pays de Galles (où se situe l’action du roman). Il s’est inspiré pour une partie des souvenirs de son grand-père, mais surtout des témoignages d’une famille galloise qu’il a recueillis dans la région de Gilfach Goch (Sud du Pays de Galles).

Nous sommes donc dans une cité minière du sud du Pays de Galles, sous le règne de la reine Victoria. Le roman raconte l’histoire de la famille Morgan, une famille de mineurs, à travers les yeux de l’un des garçons, Huw. Huw est doué pour les études, ce qui le différencie de ses frères et lui fait envisager un avenir loin de la mine où travaillent son père et ses cinq frères.

Ceux qui s’attendront à une copie de « Germinal » seront déçus : si globalement le cadre reste le même (la mine), beaucoup de différences existent entre les deux romans. La mine de « Germinal » est un vase clos : il y a la mine, les corons, le village et les habitations des patrons. Dans « Qu’elle était verte, ma vallée » le décor s’agrandit à toute la vallée. Le propos politique est plus dilué. Si Zola se préoccupe de donner un point de vue social « extérieur », Llewellyn exploite un point de vue familial « intérieur ». Le côté humain des personnages est traité différemment : chez Zola, la dénonciation de la misère créée par les conditions de travail et l’arrogance des patrons est l’un des thèmes majeurs. Chez Llewellyn, sans être occultée, elle est dépeinte au ras des individus, avec beaucoup de tendresse. D’ailleurs les personnages de « Qu’elle était verte ma vallée » ne sont pas fondamentalement malheureux, il y en eux un fond d’optimisme qui réjouit le lecteur. Le ton du roman (conscience sociale, humanisme, tendresse pour les moins chanceux, poésie du quotidien) est exactement celui qu’on retrouve dans les films de John Ford, spécialement ceux des années 30, comme « Le Mouchard », ou « Les Raisins de la colère ». Il n’est pas étonnant qu’il ait adapté (de façon magistrale « Quelle était verte ma vallée » (1941)

« Qu’elle était verte ma vallée » a donné lieu à trois suite : « Là-haut, dans la Montagne qui chante » (1960), « Là où la lune est petite » (1966) et « Elle est redevenue verte ma vallée » (1975)







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Qu'elle était verte ma vallée !

Pays de Galles. Huw Morgan est le plus jeune d’une nombreuse fratrie. Cinq grands frères : Ivor, Ianto, Gwilim junior, Davy et Owen ainsi que deux soeurs : Ceridwen et Angharad (une troisième soeur, Olwen, viendra un petit peu plus tard …) L’ainé a vingt ans de plus que Huw. Le père et les quatre ainés sont mineurs. Gwilim senior les éduque dans la plus stricte discipline. Beth, la mère, ne peut que se soumettre, même si elle est loin d’être une épouse effacée.



Si le père est plutôt résigné et s’en remet toujours à la justice de Dieu, ses enfants – eux – se révoltent contre l’injustice des plus nantis et se tournent vers les syndicats, rejetant plus ou moins l’autorité du chef de famille.



Huw, le narrateur, âgé d’une bonne soixantaine d’années, revient sur son enfance, son adolescence et ses années de jeune adulte, avant qu’il ne s’éloigne des maudites mines de la région, comme l’ont fait ses frères avant lui. Un enfant qui, par l’observation des siens, va approfondir sa compréhension des sentiments humains. « Il faut que les choses se passent dans l’ordre, selon le bien et avec décence. Sacrifier la vie d’un homme, où même de deux, pour l’obtenir en vaut la peine » (ainsi parlait le père, à propos du dévergondage des jeunes femmes …)



Ce roman, plus tolérant qu’il n’y parait de prime abord, est un récit touchant, empreint d’empathie et de bienveillance, portant un regard lucide sur la difficulté du peuple à garder la tête hors de l’eau et l’influence écrasante de la religion. Une très belle écriture, sensible et lumineuse. Je viens tout juste de relire cet ouvrage culte une cinquantaine d’années après l’avoir initialement découvert en milieu scolaire. Et, si je l’avais beaucoup aimé à l’époque, la maturité aidant, je l’ai particulièrement mieux intégré et doublement savouré ! J’aurais bien aimé pourvoir découvrir également de l’auteur : « Elle est redevenue verte ma vallée », suite qui, malheureusement, semble épuisée à ce jour …
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Qu'elle était verte ma vallée !

Il était une fois, au siècle dernier dans un coin perdu du Pays de Galles, les Morgan qui de génération en génération vivent du travail de la mine. On pourrait s’attendre à une vision pessimiste et plaine d’amertume de cette vie, l’auteur a choisi d’en faire quelque chose de paisible, presque poétique par moment. Bien sûr, il y a les grèves par lesquelles les hommes manifestent leur mécontentement, défendent le maintien de leurs salaires et rappellent combien cette vie est difficile.



Ce qui unit cette famille, c’est l’amour, le sens de l’entraide, de l’amitié. La rigueur religieuse est un socle solide.



Huw, le petit dernier, alors devenu adulte, se laisse aller à ces souvenirs heureux de cette jeunesse à l’ombre de la mine, faite de petits et grands bonheurs, sans pour autant en oublier les épreuves, la malveillance à l’égard de celles et de ceux qui veulent sortir des rails, et la piètre place faite aux femmes.



J’ai apprécié cette lecture que j’ai trouvée agréable, fluide et paisible. En revanche, j’ai un peu regretté le côté trop lisse qu’il m’a inspiré. J’aurai apprécié un peu plus de rugosité, au fil des pages.


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Qu'elle était verte ma vallée !

Fin XIXème et début XXème siècle, la misère et l'exploitation sociale engendrées par la révolution industrielle pousseront les ouvriers à entrer en résistance, soutenus par des penseurs qui veulent rendre la société plus juste et le système économique plus efficace en faisant passer les intérêts de la société avant les intérêts privés, ces hommes s'appelleront des Socialistes.



Un roman politique, non, humain d’abord, celle d’une famille galloise de mineurs.

Huw, benjamin de la famille grandit à une époque qui oscille entre tradition et nouvelles idées sociales, entre son père et ses frères, alors que la révolte gronde.

Le travail de plus en plus dur, de plus en plus dangereux, et pourtant de moins en moins payé, les liens très forts qui unissent cette communauté de misère, qui, pourtant, toujours s’entraide quelques soient les difficultés, les désaccords, un livre qui nous rappelle toutes les valeurs humanistes d’une époque autrement difficile que la nôtre et pourtant parsemée de quelques bonheurs.

Huw fera bien sûr partie de ceux qui se révolteront.

L’écriture est simple, émouvante, sans misérabilisme, un grand roman.



Petit aparté.

En France c’est en 1841 qu’a été interdit le travail des enfants de moins de 8 ans.

En 1851 la durée du travail des enfants de moins de 14 ans sera limitée à 8 heures par jour, 12 heures de 14 à 16 ans.

Par la loi du 2 novembre 1892, la durée maximum de travail est ramenée à 10 heures quotidiennes à 13 ans, à 60 heures hebdomadaires entre 16 et 18 ans, et un certificat d'aptitude est nécessaire

C’est en juillet 1916, tout juste un siècle, que la journée de travail des jeunes filles âgées de 18 à 21 ans sera ramenée à 10 heures.

En 1919, la loi sur la journée de 8 heures est votée par l’Assemblée nationale. Associé au jour de repos obligatoire depuis 1906, le travail hebdomadaire est fixé désormais à 48 heures. Des exceptions restent toutefois possibles, mais le principe est acté.



Traduit en vingt langues, vendu à travers le monde à plusieurs millions d’exemplaires, « Qu’elle était verte ma vallée », incarne aujourd’hui, de façon presque emblématique, cette révolte qui a traversé tous les pays industrialisés.

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