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Citation de le_Bison


Trois individus sortent d’une BMW, stationnée en double file, le poussent violemment dans l’entrée, et, d’une balayette, l’étendent à terre. Pour Stéphane, c’est une fraction de seconde, un cauchemar instantané dans lequel on se met à le frapper. Combien de temps cela dure-t-il ? Il ne le sait pas, un instant et une éternité à la fois : un instant pour basculer du calme à la brutalité féroce, une éternité dès les premiers coups, dans les côtes et sur le visage, avec des douleurs intenses, une sensation de brûlure insupportable, et le sentiment terrible d’être si vulnérable, totalement dépendant de ces brutes. Il sent la frayeur dans sa chair, la terreur dans son esprit, ce plaisir qu’ils éprouvent à jouir du pouvoir de l’arbitraire. Il jette un hurlement de survie, car il croit entendre ses os craquer sous leurs coups. Eux lui crient qu’ils vont le finir, l’achever, qu’il va mourir comme un chien. L’histoire toute entière des barbaries humaines défile en lui, les femmes battues, les enfants frappés, les innocents torturés, il comprend tout. Il vient d’entrer dans la vaste et silencieuse famille des victimes. Celle dont on parle abstraitement, celle qu’on évite, par superstition, par peur de la main noire, de la contagion, peur de la tristesse, du désenchantement. Après tout, ces trois-là, ils ont sûrement une bonne raison de le taper…
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