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Critiques de Jean-Félix de La Ville Baugé (59)
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Magnifique

Rentrée littéraire 2023.



Magnifique est, sans conteste, un des romans les plus forts de cette rentrée littéraire 2023 et pourtant, on en parle très peu. Peut-être parce que le quatrième roman de Jean-Félix de la Ville Baugé dérange vraiment en soulignant une fois de plus le rôle de la France dans le génocide rwandais en 1994.

L'auteur qui était au Rwanda cette année-là pour une association venant en aide aux réfugiés du génocide, donne la parole à Magnifique Umociowari, jeune fille du village de Massongo. Avec ce personnage imaginaire mais tellement réel, il m'a plongé dans les souvenirs de cette femme qui vit maintenant en Suisse. Alors qu'elle doit être opérée, incapable de raconter à son mari ce qu'elle a vécu, elle décide d'écrire cela. Commence alors un récit à la fois simple et très fort, à la fois direct et d'une immense sensibilité.

Comme je l'ai entendu récemment sur France Inter, à propos du génocide arménien, ce genre d'horreur inimaginable ne se produit pas subitement, sur un coup de colère. Non. Tout cela est préparé, le peuple conditionné grâce à une montée de la tension palpable mais volontairement ignorée par ceux qui pourraient tirer le signal d'alarme.

Au Rwanda, depuis 1990, le Front Patriotique Rwandais (Tutsis) et l'armée rwandaise (Hutus) se font la guerre, l'hostilité des Hutus envers les Tutsis est manifeste à l'école où l'attitude des enseignants est scandaleuse, Radio Mille Collines (Hutue) diffuse des messages de haine et Kangura, journal hutu, fait de même.

Ainsi, en quelques pages, Jean-Félix de la Ville Baugé, au travers du témoignage de Magnifique, rappelle ce qui a précédé un génocide déclenché juste après la mort du Président rwandais dans un accident d'avion. Tout le pays retenait son souffle et voilà que tous les Tutsis de Massongo sont envoyés dans l'église ! Ils y vont en silence au lieu de se révolter. L'évêque, Hutu, ne bouge pas alors que le massacre commence…

Magnifique utilise ce verbe anodin, couper, verbe qui devient d'une horreur absolue : « Les Hutus ont commencé à couper. Ils étaient concentrés, ils avançaient comme sur la parcelle de bananiers, sûrs, calmes, ils levaient leur machette, coupaient – au lieu d'herbes, de branches – des têtes, des bras, des jambes. »

Si Magnifique échappe par miracle au massacre, elle fait preuve d'une volonté et d'un courage exceptionnels. Tout cela est raconté très simplement, sans oublier ceux qui auraient pu arrêter cette ignominie - notre pays en fait partie - et qui n'ont rien fait !

Ces pages sont terribles mais ce qui suit est aussi instructif comme l'hostilité du père de celui qui a sauvé Magnifique et veut l'épouser. J'ai aussi vécu un moment difficile, au cours de ma lecture, avec cette émission intitulée « Vingt-cinq après le génocide, quelle réconciliation ? » Magnifique hésite beaucoup pour accepter l'invitation mais y va quand même pour rappeler la mémoire de celles et de ceux qui sont morts. Là, elle se retrouve face à un chercheur au Centre de défense de la culture hutue à Bruxelles. Devant tant d'outrecuidance, de mensonge maquillé derrière quelques faits historiques manipulés, j'ai beaucoup souffert car Magnifique ne trouvait pas la force de se défendre…

Certes, il y a eu d'autres livres consacrés au génocide des Tutsis au Rwanda mais celui-ci, dans sa simplicité, est d'une force incroyable. Il faut le lire pour ne pas oublier et aussi pour savoir dans quelles circonstances, Jérôme, le mari de Magnifique, a pu la sauver.


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Magnifique

Alors que 2024 marquera les 30 ans du génocide du Rwanda, Jean-Félix de La Ville Baugé publie un roman, Magnifique, un titre porté à merveille tant il correspond au ressenti que j’ai pu avoir lors de sa lecture !

Ce cinquième roman de l’auteur, relatif au Rwanda, pose la question de savoir s’il est possible de construire une histoire d’amour après avoir assisté aux pires atrocités et survécu à l’abomination.

Trente ans après le génocide rwandais auquel elle a survécu, Magnifique Umuciowari, sur le point de subir une intervention chirurgicale, décide de coucher sur le papier, ce qu’elle n’a jamais pu dire à son mari : écrire le récit halluciné et bouleversant qui l’a menée, juste avant leur rencontre à l’hôpital du camp, des collines du Rwanda aux rives du lac Léman, à Genève où ils demeurent.

Dès les premières pages, j’ai été happée par le récit de Magnifique, cette adolescente tutsie qui pensait avoir toutes ses chances pour remporter le titre de Miss Massongo.

Mais les mois qui précédent le génocide, la tension est partout, en allant à l’école, en sortant de l’école, pendant les cours, la nuit, et son père a toujours peur pour elle. Quant à sa mère, elle tricote, elle tricote sans arrêt, même quand elle n’a plus de laine...

Quand le 6 avril 1994, son père entend à la radio que l’avion du Président est tombé, il lève les yeux sur sa fille et lui dit : « Tout peut arriver maintenant… le meilleur comme le pire... »

Elle décrit alors les horreurs qui ont suivi, comment elle a pu échapper à la mort, comment elle a été retrouvée puis sauvée par le regard et l’attention d’un homme qui deviendra son mari. Mais les souvenirs et les traumatismes même en essayant de les tenir à l’écart, sont toujours là et ressurgissent à l’occasion d’un mot, d’une conversation, l’empêchant de vivre un vrai amour.

C’est tout cela, ses peurs, ses réminiscences, ce qu’elle n’a jamais pu dire à Jérôme son mari, qu’elle écrit pour lui faire enfin partager son ressenti…

Jean-Félix de La Ville Baugé réalise un véritable tour de force à explorer ce génocide du Rwanda, encore présent dans tous les esprits, avec une extrême et exceptionnelle délicatesse.

Il fallait beaucoup de talent pour faire ressentir au lecteur les sentiments de cette femme tutsie rescapée de l’horreur avec une telle finesse, une telle pudeur et une telle subtilité sans occulter pour autant les scènes atroces inoubliables dont elle a été témoin.

J’ai été émue et bouleversée aux larmes par son impossibilité à parler à son mari ou à ses enfants des traumatismes dont elle a été victime.

Magnifique est un puissant et superbe roman sur la reconstruction.

Jean-Félix de La Ville Baugé n’hésite pas à évoquer la part de responsabilité de toutes les parties prenantes lors de ce génocide et pose également la grande question du pardon.

La photo de couverture dont on ne voit que la partie supérieure a été prise en juillet 1994, au Rwanda par Patrick Robert, grand reporter à l’agence Sygma. Elle fait écho de manière horrible et inoubliable à un passage du livre.

Elle est visible dans son intégralité sur le site des éditions Télémaque que je remercie infiniment ainsi que Babelio pour la découverte de ce roman absolument MAGNIFIQUE.

Une fin comme je les aime, toute en poésie, finesse et élégance, avec un brin d’humour, clôt ce roman qui restera pour moi inoubliable.


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Magnifique

Comment des mots peuvent-ils faire aussi mal ? Comment nous, Français et notre gouvernement en place à l’époque, en cette année 1994 avons-nous pu fermer les yeux, faire semblant de ne rien voir alors que le génocide rwandais se déroulait, outre-atlantique alors que suite à la Seconde Guerre mondiale et au génocide des peuples juifs et tzigane entre autre, nous nous étions dit Plus Jamais Ça ? Ce sont tous ces mots-là, ces non-dits et cs horreurs que Jean-Félix De La Ville Baugé nous expose ici sous forme de roman : le massacre des Tutsis par les Hutus, deux ethnies qui cohabitaient pourtant sur le même territoire rwandais. Je ne m’en rappelle pas, j’avais dix ans à l’époque et pourtant, en lisant cet ouvrage, j’ai pleuré...pleuré devant l’histoire de Magifique, une jeune et belle femme de couleur noir qui a vu ses parents se faire massacrer dans une église. Elle n’y était pas mais elle a vu les Tustis se faire « couper » les uns après les autres, hommes, femmes et enfants. Des pieds et des membres coupés, des corps entassés et elle s’est enterrée vivante avec juste un roseau pour respirer pour tenter d’échapper à ce massacre qui se déroulait sous ses yeux ! Emmenée plus tard dans un camp puis dans un hôpital, elle fera la connaissance de Jérôme, un bel homme suisse appartenant à une association humanitaire. Il la veillera, elle. Pourquoi pas sa voisine d’à coté ou celle d’en face ? Parce que cela devait être ainsi. Plus tard, dénigrée de par sa couleur de peau par ceux qui allaient devenir ses futurs beaux-parents, elle encaissera sans réagir. De son traumatisme vécu au Rwanda pendant cette année 1994, elle ne dira jamais mot à Jérôme, dorénavant son mari, ni à ses enfants mais ses crises de folie la poursuivront. Vingt-cinq ans après, une réconciliation est-elle possible entre les Tutsis et les Hutus ? Magnifique attend des mots d’excuse, de demande de pardon qui ne viendront jamais ! D’ailleurs, entre opprimés et opprimants, qui dit s’excuser puisque les rôles ont été inversés ds décennies plus tôt ?

Un roman poignant, extrêmement bien écrit (trop peut-être) et où il n’y a pas besoin de descriptions inutiles : seuls les mots frappent et frappent fort et juste !
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Magnifique

"J'ai coupé à la machette des hommes, des femmes, des enfants qui vivaient à côté de moi.

J'ai fait ce qu'aucun animal ne fait.

Je l'ai fait tous les jours de huit heures du matin à quatre heures de l'après-midi. Pendant cent jours.

Je rentrais ensuite dîner chez moi avec ma femme et mes enfants.

Parfois, je leur rapportais de la viande, parfois des jouets ou des vêtements volés dans les maisons de ceux que je tuais.

Je me racontais et me raconte encore aujourd'hui que nous pensions ainsi résoudre tous nos problèmes, que nous n'avions pas le choix, que nous pouvions être punis de mort si nous ne le faisions pas, que tout le monde au village le faisait.

Je prends conscience de ce que j'ai fait et, vous, survivants, je vous demande pardon pour vous et pour tous vos proches que j'ai tués de mes mains, pour vos maris, vos femmes, vos enfants, vos parents, qui ne m'avaient rien fait et que j'ai coupés à la machette."



Ce qui a scandé ma lecture du roman de Jean-Félix de La Ville Baugé, c'est l'étrange, insistante, cruelle mais sans pathos "litanie" du verbe "couper".

Il est omniprésent, tout-puissant et pourtant si "banal" dans sa simplicité lexicale.

C'est ça "la banalité du mal" dont parlait Hannah Arendt, couper pendant cent jours tel un fonctionnaire, de huit heures du matin à quatre heures de l'après-midi, plus de 800 000 chairs, 800 000 vies, rentrer le soir pour retrouver son train-train quotidien, faire sonner le réveil le matin pour repartir à la tâche et effectuer cette dernière machinalement, répétitivement...

Comme le disait Primo Levi : "ceux qui sont dangereux, ce sont les hommes ordinaires, les fonctionnaires, prêts à croire et à obéir sans discuter."



Cette "banalité du mal", l'auteur a su la faire passer à travers un style épuré, d'une simplicité telle, que les 236 pages de son roman se lisent d'une traite avec aisance.

Mais l'épure et le banal ont cette qualité presque inattendue, surprenante, insoupçonnée, qu'ils sont à "double tranchant"; ces mots simples portent en leur sein tout le poids du tragique, toute l'horreur du crime, toute l'injustice de la faute inexpiée... parce que inexpiable ?



J'ai pas mal de lectures à mon actif sur le génocide rwandais de 1994. Les dernières étant – Notre-Dame du Nil – de Scholastique Mukasonga et – Petit Pays - de Gaël Faye.

J'avoue qu'il faut un très bon bouquin pour ne pas me donner l'impression du "déjà lu"...

- Magnifique – a réussi par son apparente simplicité, sa force contenue, ses cris rentrés à m'offrir ce type de lecture revisitée, renouvelée...



Magnifique est une jeune fille tutsie d'une grande beauté, une petite villageoise de dix-sept ans, qui vit dans un petit village rwandais où cohabitent, sous tension(s), Hutus et Tutsis.

Magnifique est la fille d'un couple dont le père est un agriculteur modeste ; la mère tricote.

"Elle tricotait des pulls, des jupes, des napperons, dont nous n'avions nul besoin. Quand la laine se mit à manquer, elle continua à tricoter. Elle restait le plus souvent dans la maison, entrechoquant ses aiguilles sans fil."

Leur vie est rythmée par le travail du père, l'école où se rend Magnifique, les brimades que les Hutus réservent aux "cancrelats" que sont pour eux les Tutsis et l'écoute de la Radio Mille Collines.

Le 6 avril 1994, après le crash de l'avion du Président rwandais, le massacre commence.

Magnifique va être l'unique rescapée tutsie de son village.

Recueillie par une organisation humanitaire, elle va s'éprendre de Jérôme, un jeune homme suisse qui est tombé sous le charme de Magnifique et qui la veille jour et nuit durant ses longues semaines d'hospitalisation.

Jérôme est Suisse.

Follement amoureux de Magnifique, il va l'épouser.

Ils vivront à Genève dans une belle maison, auront des enfants... mais la jeune fille tutsie portera toujours en elle l'indicible...

Au cours d'une visite médicale, elle apprend qu'elle est atteinte d'une tumeur et doit être opérée.

Sentant sa fin possible, Magnifique décide de coucher sur le papier tout ce qu'elle a vécu et dont elle n'a jamais parlé.

Le cahier devra être remis à Jérôme si l'intervention se passe mal...



À travers le drame intime de Magnifique, l'auteur réussit le tour de force de faire revivre celui du génocide et, ce passage m'a bluffé, au prétexte d'une émission télé à laquelle Magnifique est invitée en qualité de témoin face à un contradicteur érudit, le génocide en question est abordé, "analysé" sous différents angles qui sont rarement ou peu évoqués dans des romans de ce genre. Beaucoup de questions sont alors posées dont l'Histoire donnera un jour peut-être les bonnes réponses... Un passage très "déstabilisant" mais subtilement insidieux de l'ouvrage.



Je ne veux pas en dire davantage.

Lisez ce livre, dont la lecture est à la fois plaisante, touchante, interpellante et offre matière à réflexion.



Je tiens à adresser un grand merci à Babelio et aux éditions Télémaque pour cette excellente découverte.
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Magnifique

« La journaliste m’avait interpellé un après-midi : « Nous avons eu connaissance de votre histoire et l’avons trouvé fascinante. Nous voudrions vous inviter à notre prochain débat qui sera consacré au vingt-cinquième anniversaire du génocide rwandais. »



Magnifique est son prénom. Horrifique est son histoire.



Lorsque je raconte cette lecture à des amis, les mots affluent comme un torrent, la colère se déverse en vrac contre tous ces manipulateurs et tous ces pantins manipulés armés de machettes. Contre toute cette haine. Le dégout me fait débiter des idioties dont je ne suis même pas capable.

Pourtant, devant ma feuille blanche, rien ne s’évacue, un peu comme Magnifique dont les mots restent bloqués dans la gorge, refusant d’expulser l’horreur. Garder les images de la traîtrise et de la lâcheté derrière ses paupières fermées mais tremblotantes c’est comme protéger ses proches.



« Ta mère s’est penchée sur moi. Elle m’a caressé la joue avec son doigt. Elle a dit : « le voyage a dû être long...» Elle savait surement que le voyage avait commencé avant l’avion...»



Magnifique est retrouvée inconsciente sous les corps de ses parents morts. Coupés.

L’amour de Jérôme, médecin Suisse, patiemment, passionnément, courageusement, l’arrachera à son destin de Tutsie.



« Je découvrais que, quand tu étais là, les souvenirs s’éloignaient. C’est pour ça qu’encore aujourd’hui, je déteste quand tu pars en mission, j’ai toujours l’impression que les souvenirs vont en profiter pour revenir m’écraser.



Ce roman est passionnant autant que bouleversant. Pudeur, tendresse, émotion et monstruosité sont dans la même civière.



Grâce à son parcours professionnel, l’auteur maitrise parfaitement ce sujet. J’ai eu parfois l’impression que ce roman pourrait être qualifié de récit tant son analyse des causes profondes de ce génocide est clairement formulée.



Et puis, « Ce qui est drôle, c’est que tu sois un des hommes les plus informés au monde sur les massacres et que tu croies encore qu’il y a des bons et des méchants. Il n’y a que des méchants dans cette affaire. »



Heureusement, qu’il n’y a que des gentils chez Babelio de m’avoir choisi en MPC et d’autres gentils aux éditions Télémaque de l’avoir mis sous pli. Je les remercie.



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Magnifique

La lecture de Magnifique me laisse sur une impression mitigée. Sur le même sujet j'avais été très touchée par le roman de Gael Faye " Petit pays". La biographie de J.F De la Baugé m'avait laissé penser que,bien que n'étant pas originaire du Rwanda, son expérience apporterait une profondeur et un réalisme que je n'ai pas toujours trouvé.

Certains aspects de ce roman m'ont dérangée. J'en ai apprécié d'autres. Je vais tenter de m'en expliquer.

Magnifique est une jeune fille tutsi. Nous faisons sa connaissance quelques jours avant le massacre des hutus sur les tutsis. Massacre organisé qui durera cent jours et coûtera la vie à des milliers de personnes. En quelques heures elle se retrouve la seule survivante de sa famille. Blessée mais sauvée grâce aux cadavres qui la recouvrent ! La scène est cauchemardesque mais correspond malheureusement à ce qu'on sait de l'horreur de ce conflit.

Certaines de ses réactions lors de sa fuite et de ce qu'elle met en œuvre pour échapper aux hutus,m'ont semblées irréalistes sur le plan psychologique . Des éclats de rire notamment qui m'ont paru en décalage avec la violence du traumatisme vécu et le danger toujours présent.

Elle est ensuite recueillie par la croix rouge et j'ai été très dérangée par la façon dont l'auteur scénarise la relation amoureuse qui va lier Magnifique à l'homme qui se tient à son chevet ,puis l'emmener avec lui en Suisse. Sans verser dans du féminisme extrémiste, la relation m'a paru totalement asymétrique au point de trouver cet homme irrespectueux de cette jeune fille qui,à mon sens,n'était pas en capacité émotionnelle de s'affirmer dans des choix à ce moment là et dans ce contexte. Tout se passe trop vite. La beauté de cette femme trop souvent mise en avant a conforté mon malaise face à une relation presque malsaine. Bien sûr le lien est plus complexe que cela et je ne veux pas le réduire à cette impression, mais elle m'est restée tout au long du roman.

La seconde partie de l'histoire m'a davantage plu car J.F de la Ville Baugé met à profit son expérience et ses connaissances pour étoffer l'histoire par une analyse politique intéressante.

Par le biais de ses personnages, il interroge sur les responsables de ce génocide, sur l'implication de la France dans le conflit. Il ose également en proposer une vision non manichéenne en resituant ce conflit dans une histoire sur une période bien plus étendue dans le temps et aussi en mettant en lumière les enjeux géopolitiques.

Une des questions qui tissent ce récit est celle de la possibilité de se reconstruire après avoir vécu le pire de la barbarie humaine. L'auteur traite ce sujet avec bien plus de subtilité et de realisme qu'il ne le fait dans la première partie du roman. J'ai apprécié la dignité qu'il offre à cette femme qui doit faire face 25 ans plus tard aux souvenirs qui l'agressent encore et continuent à la détruire.

La photographie que l'éditeur a choisit pour la couverture de ce livre est un morceau de la photographie qu'un reporter de l'agence Sygma à prise au Rwanda en 1994. L'oiseau survole un " amas" de personnes assassinées...ce choix est un bel hommage aux victimes de ce génocide et illustre parfaitement les scènes d'horreur décrites par l'auteur.

Je remercie sincèrement les éditions Telemaque pour ce beau livre,ainsi que babelio pour m'y avoir donné accès en "avant première " puisqu'il ne paraîtra que le 7 septembre 2023.

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Magnifique

[Retour publié le 29/05/2023 sur le forum du jury FNAC, partiellement remanié depuis. Épreuves non corrigées.]



Le médecin annonce à Magnifique Umuciowari qu’elle a une tumeur sur le nerf auditif et qu’elle doit être opérée. Elle quitte alors précipitamment le cabinet, submergée par les souvenirs de tout ce qui s’est passé 28 ans auparavant, au Rwanda. Elle décide enfin de raconter tout ce qu’elle tait à son mari depuis si longtemps, mais n’y réussissant pas, elle va l’écrire, à la première personne. Les antagonismes entre Hutus et Tutsis existent depuis longtemps quand le génocide commence le 6 avril 1994, avec comme prétexte l’explosion de l’avion du président hutu Juvénal Habyarimana. Tous les Tutsis du village de Massongo se réfugient dans l’église à l’instigation du curé. La quasi-totalité sera massacrée. Rares sont les survivants, mais Magnifique, 17 ans à peine, en fait partie. Elle explique comment elle survit en avalant deux poignées de farine de sorgho qu’elle va récupérer la nuit dans la réserve de la famille, comment elle réussit à se cacher en s’enterrant pendant chaque journée, et comment elle tient grâce à la petite voix qu’elle entend dans sa tête. Assez effrayante, d’ailleurs, la petite voix : tantôt encourageante, tantôt culpabilisante, menaçante, allant jusqu’à l’incitation au suicide… Magnifique est enfin récupérée par un camion du FPR, et prise en charge à l’hôpital du camp. C’est là qu’elle rencontre Jérôme, un humanitaire, et que, après avoir passé plusieurs jours et nuits à son chevet, celui-ci lui demande de l'accompagner en Suisse et de l’épouser…

***

J’aurais beaucoup aimé apprécier vraiment ce roman qui touche un sujet si douloureux. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux livres de Jean Hatzfeld, à Petit Pays de Gaël Faye ou encore à Un dimanche à la piscine à Kigali de Gilles Courtemanche, et j'ai trouvé Magnifique de Jean-Félix de La Ville Baugé assez décevant... Dès le début, je n’étais pas enthousiaste : une écriture passe-partout, un style minimal, parfois brutal, beaucoup de redites, des descriptions sans beaucoup d’âme, mais on pouvait considérer ces caractéristiques comme volontaires et les attribuer aux traumatismes de Magnifique qui s’exprime ici à la première personne. Cependant, l’humanitaire suisse qui propose le mariage à une gamine rwandaise de 17 ans, ça m’a semblé un peu gros. Elle trichera donc sur son âge et le tour sera joué : il pourra la ramener avec lui, chez, lui, en Suisse. J’avoue que ça m’a achevée. Je n’insisterai pas sur les bizarreries et les incohérences de leur relation de couple : l’importance accordée au physique de la jeune femme (et des autres femmes) et l’infantilisation dans laquelle son mari semble se complaire. De plus, j’ai été vraiment ébranlée et gênée par l’entrevue qu’accorde Magnifique à la télévision française, plusieurs années plus tard. Vu le syndrome de SPT qui l’habite toujours, c’est bien peu crédible, mais là n’est pas la question. Ce qui m’a choquée, c’est l’importance accordée, pendant plus ou moins 25 pages, aux arguments d’un « chercheur » auxquels ni le journaliste présent sur le plateau, ni Magnifique ne sont à même de répondre. Est-ce qu’il présente la théorie révisionniste que l’on appelle « la théorie du double génocide » ? Je ne sais pas. J’ai cru comprendre qu’il faisait référence à un massacre qui avait eu lieu avant celui de 1994. Magnifique reste quasi muette pendant l’entrevue et chacune de ses tentatives d’intervention paraît renforcer la condescendance, voire le mépris, du chercheur. Je n’ai pas les compétences pour commenter cet aspect du roman, mais je pense que justifier un massacre par un autre, mettre en balance le nombre de morts de chaque camp est aussi scandaleux que vain. Le choix de la photo de couverture (Patrick Robert, grand reporter à Sygma) est une totale réussite. Cet oiseau, image incongrue au premier coup d’œil, prend tout son sens en deuxième de couverture.

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Magnifique

Merci beaucoup à Babelio pour cette Masse critique privilégiée et aux Éditions Telemaque de m’avoir permis de découvrir ce livre.

Pour commencer, ce qui attire c’est la photo de couverture du livre. Un oiseau vole dans un ciel bleu et des arbres autour.

Que survole-t-il ?

Une partie de la photo dont on peut découvrir l’intégralité sur le site des Éditions Telemaque, qui a été prise par le grand reporter Patrick Robert de l’Agence Sygma. Une photo très liée à l’histoire de notre héroïne Magnifique.

Ce livre est divisé en deux parties. La première partie concerne l’histoire de Magnifique et la deuxième partie est plus particulièrement axée sur la géopolitique du pays et l’histoire du Rwanda.

Donc l’auteur, nous emmène au Rwanda pour connaître l’histoire de Magnifique qui est Tutsie.

Suite à une opération, que Magnifique doit subir, celle-ci écrira une longue lettre à son mari, pour lui parler de ces mots et de son histoire qu’elle n’a jamais pu prononcer jusqu’à leur rencontre à l’hôpital.

Magnifique va nous conter son histoire. Elle va donc à l’école et son père a toujours peur qu’il lui arrive quelque chose. Il lui dit de se dépêcher de rentrer de l’école. Il y a de plus en plus de tension dans le pays, surtout depuis l’accident d’avion du Président. Son père pense qu’il peut tout arriver à présent.

Un massacre a lieu dans son village. Magnifique nous raconte comment elle réussit à survivre et comment elle arrivera jusqu’à l’hôpital. Tout au long du récit, on est confrontée à ses peurs, ses heures interminables, afin de s’échapper.

Par instant, Magnifique nous parleras de sa vie avec son mari et de ce qu’elle ne peut lui raconter.

J’ai appris énormément de choses dans la deuxième partie de ce récit et tout ce qui concerne la géopolitique du Rwanda et c’est ce que j’aime dans un livre, et retrouver de l’émotion comme dans celui-ci. On s’attache également immédiatement au personnage de Magnifique.

Un livre très émouvant, avec un superbe titre.

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Magnifique

Quand le médecin annonce à Magnifique Umuciowari qu’elle a une tumeur sur le nerf auditif et qu’il doit l’opérer, la petite voix et les souvenirs reviennent. Elle pense que c’est le moment de raconter à Jérôme, son époux, ce qu’elle a vécu vingt-huit ans plus tôt. Mais elle n’arrive pas à parler. Elle décide alors de lui écrire son histoire. Le texte lui sera remis si l’opération tourne mal.



Magnifique est née le 27 août 1977, à Massongo, au Rwanda. Elle est tutsie. En 1994, elle avait dix-sept ans. Son père avait peur pour elle, il l’implorait de ne pas s’attarder sur le chemin de l’école, de ne parler à personne et de ne pas réagir aux provocations. « Il m’avait expliqué que, depuis 1990, la guerre entre le Front Patriotique Rwandais tutsi emmené par Kagame et l’armée rwandaise aux mains des Hutus faisait rage. » (p. 13) Pendant les mois qui précédèrent le génocide, il ressentait la tension montante. Quand le 6 avril 1994, l’avion du Président a été abattu, il lui a dit : « Tout peut arriver maintenant… le meilleur comme le pire…» (p. 23) C’est le pire qui s’est produit. « Pendant trois mois, de 800 000 à 1,2 million de personnes furent massacrées, en majorité des Tutsis, mais également des Hutus modérés opposés au pouvoir hutu en place. » (p. 154)



Dans la première partie, Magnifique relate le massacre auquel elle a, miraculeusement, survécu : le rassemblement dans l’église des Tutsis du village, puis les « chlak, chlak » des machettes et les corps qui tombaient. Elle a vu les Hutus couper ses voisins et les membres de sa famille. Dans tous le pays, les mêmes scènes sanglantes survenaient avec une régularité de métronome, avec pour objectif de supprimer tous les Tutsis. La rescapée raconte l’instinct de survie qui lui a permis de s’échapper, de se cacher et de survivre. Avec une économie de mots poignante, elle décrit l’indicible ; son récit est âpre et factuel. J’ai été ébranlée par les horreurs auxquelles elle a assisté et par la violence des faits. J’ai été admirative de son ingéniosité et de son courage. J’ai été touchée par sa difficulté à affronter ses souvenirs traumatisants.



Dans la deuxième partie, l’auteur s’attarde sur la perception des responsabilités du génocide rwandais, sur les aspects géopolitiques et historiques, sur le stress post-traumatique des survivants et sur leur impossibilité d’affronter leurs souvenirs. Vingt-cinq ans après le cauchemar, une émission de télévision illustre ces thématiques. Magnifique est confrontée à un chercheur du Centre de défense de la culture hutue. Le débat, dont le thème est « La réconciliation entre Hutus et Tutsis après les évènements de 1994 », est houleux et paralysant pour elle. J’ai été intéressée par l’analyse historique des événements. L’opposition des deux ressentis est perturbante.



Je terminerai par un mot de la photographie de couverture. L’éditeur indique qu’elle « fait écho de manière terrible et troublante à un passage du livre. » Elle est visible dans son intégralité sur le site des Éditions Telémaque. Je l’ai visualisée à la fin de ma lecture et j’ai été meurtrie par la scène saisie au Rwanda, en juillet 1994, par Patrick Robert, grand reporter à l’agence Sygma.



Magnifique est un devoir de mémoire qui m’a bouleversée.



Je remercie sincèrement Babelio et les Éditions Télémaque pour cette masse critique privilégiée.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Magnifique

Je suis embarrassée à l’idée de donner mon avis sur Magnifique.

En effet, le sujet du roman, le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, est bien réel et d’une gravité exceptionnelle. Je suis gênée par la manière dont ce thème est traité, par la large part de fiction qui s’y greffe, par la manière dont la controverse et le contexte géopolitique arrivent.



Le style, dépouillé, saccadé, relatant les terribles souvenirs du calvaire de Magnifique, jeune Tutsie vivant alors à Massongo, fait douloureusement résonner l’ampleur de cette abomination. L’auteur a su l’exploiter ici pour donner tout le caractère implacable à ces horreurs.

Les paroles ne veulent pas, ne peuvent pas faire remonter à la surface les souvenirs refoulés depuis vingt-huit ans. Ceux vécus dans l’horreur du génocide. Pour Magnifique reste l’écrit afin de poser les mots adressés à son mari pour qu’en cas de malheur il accède à ce qu’elle a tu durant toutes ces années.

Elle regarde le lac Léman, souvent embrumé. « Comme la terre sur mes paupières. » Une petite phrase, si simple, image de l’ultime possibilité absolument terrifiante d’assurer sa survie. Elle a dû s’enterrer vivante, usant d’un roseau pour respirer, afin d’échapper au massacre.

Le point de départ de cette horreur : des rumeurs faisant circuler la volonté des Tutsis de rétablir une monarchie et asservir les Hutus. Comme en Allemagne, les ressentiments vis-à-vis d’un peuple sont si faciles à colporter, à gonfler. Les Tutsis attendaient dans la peur, la mère de Magnifique faisait cliqueter ses aiguilles à tricoter dans le vide. Ils se sont tus, se sont fait couper, massacrer. À la machette.

Dans les hautes sphères, la décision a été prise. Il fallait régler ce problème une fois pour toutes alors « Ils ont coupé tous les jours, pendant cent jours, des hommes, des femmes, des enfants ».

Pour Magnifique, la voix, celle qui lui souffle de vivre, donc de sortir de l’église, de marcher pour fuir l’hécatombe, de se terrer, tourne dans sa tête.



C’est lorsqu’elle est recueillie par la Croix Rouge, puis hospitalisée, et que Jérôme apparaît que j’ai commencé à ressentir de la gêne.

Jérôme, membre du Comité International de la Croix Rouge lui parle. À chacun de ses réveils il raconte ses excursions en montagne puis l’histoire de son pays, la Suisse. Contre toute attente, il lui offre soudain de l’épouser et de l’emmener vivre à ses côtés dans son pays. Elle a 17 ans, aucun problème, elle falsifiera sa déclaration auprès des autorités et mentira pour obtenir un passeport à la demande de Jérôme. Plutôt choquant.

Il avoue : j’ai courtisé une femme « pas belle, mais alors pas belle du tout ! » en parlant de la Consule de Suisse, pour avoir un visa. Le thème de la beauté et de la laideur qui revient souvent semble avoir beaucoup d’importance. Plutôt déplacé à mon goût.

Et que penser de l’attitude de Jérôme à répondre au traumatisme de Magnifique en lui souriant et en lui parlant de choses anodines complètement en décalage avec son vécu et ce, jusqu’à la fin ? Il parle d’excursions, de la Suisse, des chenilles… pour répondre aux ravages intérieurs qu’il devine à chaque fois qu’un évènement ou une parole font remonter les terribles souvenirs. Est-ce une attitude empathique face à un tel traumatisme ? À chaque flash-back abominable, il est là, souriant en silence ou parlant d’autre chose. Est-il dépassé ou attend-t-il simplement que ça passe ?

Le fait est que cela a l’air de fonctionner pour ramener chez Magnifique le sourire, et bien souvent le rire ! J’ai eu du mal à y voir une forme d’amour.



J’ai apprécié de trouver dans cet ouvrage une évocation de la polémique autour du contexte de ce ou ces génocides et le questionnement sur la nature du rôle de la France. Cependant, la forme choisie ici m’a paru extrêmement violente et peu crédible.

Je retiendrai aussi l’importance du pardon, du regret, des excuses jamais obtenus. Les Tutsis n’ont jamais eu d’explication sur les vraies raisons de cette horreur. Quant à Magnifique, à aucun moment elle n’a trouvé de l’écoute, de la compassion. Chaque rencontre, les remarques si maladroites de son entourage ne font que raviver ses plaies, enfoncer le clou. Quelle tristesse.

A mon avis ce roman a une approche dérangeante d’un sujet dramatique.

Je remercie les Éditions Télémaque et Masse Critique pour leur confiance.

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Magnifique

« Magnifique » fait écho à une part d’histoire du Rwanda – joliment surnommé « le pays des mille collines ».



Je tiens à souligner la photo de couverture (non choquante à première vue parce que tronquée). Elle est visible dans son intégralité sur le site des éditions Télémaque.

Elle a été prise au Rwanda en 1994 par un grand reporter. A elle seule, terriblement lourde de sens, elle suffit à donner le ton du roman.



Magnifique est une jeune femme qui vit à Lausanne avec Jérôme.

La Suisse, synonyme de calme et de paix. En opposition avec les pensées traumatiques de Magnifique.



Arrive un jour où ses souvenirs remontent à la surface et alors, la petite voix qui l’accompagne lui souffle de raconter… elle se met à écrire…



C’était il y a vingt-huit ans.

1994 au Rwanda – Magnifique vit avec ses parents, éleveurs au village.

L’attaque des Hutus contre les Tutsis couve. Les massacres sont imminents.

Et puis, l’horreur se répand…les mutilations, les corps amoncelés.

« Les Hutus ont commencé à couper. […] J’entendais les chlak chlak, et la chute des corps sur le sol ».

L’instinct de survie s’empare de Magnifique, à ses risques et périls.

*

C’est un roman contemporain puissant au style assez journalistique à mon sens, sur des faits d’une violence inouïe et sur les traumatismes et la reconstruction chez les rescapés.



J’ai toutefois eu du mal à m’attacher aux personnages. Malgré le choc à la lecture de scènes terribles, j’ai ressenti une certaine distance avec les personnages principaux.

Cependant, j’ai été happée par le texte, comme une urgence de lire presque d’une traite le récit de « Magnifique ».



Avec délicatesse et réalisme, à travers l’histoire de Magnifique, rescapée et marquée à jamais, on lit le génocide rwandais de 1994.

Aussi, il me restait quelques souvenirs de l’époque et j’ai cherché à me documenter sur l’histoire de ce petit pays d’Afrique équatoriale à la géopolitique complexe, évoquée de façon non manichéenne sur la fin du roman.



Un grand merci à Babelio et aux éditions Télémaque de m’avoir offert cette lecture.

*

En 1990 la Guerre civile rwandaise opposa l’armée patriotique rwandaise du Front Patriotique Rwandais aux Forces armées rwandaises de la dictature rwandaise hutu, et provoqua avec l’attentat contre les présidents rwandais et burundais en avril 1994 le début d’un cauchemar.

Le génocide des Tutsis par les Hutus, des massacres d’une violence inouïe entre avril et juillet 1994.

En quelques mois il fit entre huit cent mille et un million de victimes.

Pourtant, à l’origine, Tutsis et Hutus constituaient un seul et même peuple.

Ces éleveurs de bétail et ces agriculteurs vivaient en (bons) voisins malgré les clivages sociaux, les puissances colonisatrices participant à creuser les différences entre ces deux ethnies, et les massacres du passé depuis le milieu du XXème siècle, constituant un ferment aux discordes, aux discriminations, aux rancœurs, à la haine, aux atrocités criminelles.

Revanches, appels aux meurtres, massacres de masse à la machette…

De la cruauté extrême.

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Magnifique

2024 marque les 30 ans du génocide du Rwanda. Dans ce roman, Magnifique, l’héroïne, sauvée par celui qui deviendra son mari, raconte l’horreur du génocide rwandais des Hutus contre les Tutsis. C’est une fiction, pourtant, il a une force de témoignage telle que l’on peut croire à une véritable existence. C’est tellement vrai que lors de l’émission « La grande librairie consacrée à cette thématique, je l’ai attendu, le témoignage de Magnifique… Si je garde une chose en tête après la lecture de ce roman, c’est l’emploi, en horrible ritournelle du mot COUPER. Avec leur machette, telle des herbes hautes, les Hutus coupaient les tutsis, leurs voisins, leurs camarades de classe avant les événements.

Jean Felix de la Ville Baugé a été humanitaire au Rwanda. Il a vu les corps mutilés, les regards hagards des survivants. A travers son texte, il fait passer de telles émotions qu’elles ne peuvent être feintes. Nous-mêmes, lecteurs passons par de divers ressentis : l’horreur, la peur, l’angoisse, la révolte et l’incompréhension que tout cela n’ait pas été empêché ! Hélas, l’histoire se répète … des années plus tard ou des kilomètres plus loin.

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Magnifique

Je ne m’appuie que très rarement sur les couvertures de livres pour donner mon avis sur ceux-ci – et même pour les choisir –, mais je trouve que le choix de celle de Magnifique est lourde de sens, l’illustre particulièrement bien. C’est un extrait de photographie que je connaissais déjà, qui laisse voir un ciel bleu, des arbres, un oiseau, mais pas ce que l’oiseau survole : un tas de cadavres Tutsis, que l’on devine plus que l’on ne voit sous des vêtements aux couleurs vives.



Ce choix est intéressant, non seulement parce qu’il renvoie à l’histoire même de Magnifique Umuciowari, jeune femme qui découvrira ces cadavres plusieurs mois après s’être cachée pour survivre, après avoir échappé au massacre à la machette de tous ses pairs dans l’église de Massongo, où tous les Tutsis avaient été « conviés » par le prêtre pour se protéger des Hutus, mais aussi à l’histoire même du génocide rwandais. Son histoire, en effet fort complexe, dont l’enquête française mettant officiellement hors de cause des proches du président Kagame dans l’attentat du 6 avril 1994 sonnant le début du génocide ne se terminera qu’en 2018, est faite de nombreuses zones d’ombre, d’un ciel bleu qui cache les cadavres, d’une jeune femme, ici fictive, mais qui s’inspire de beaucoup d’autres, qui s’est cachée pendant des jours et des jours dans la terre la journée, allant chercher de quoi manger chez elle la nuit, et qui a caché, pendant des années, tous ses traumatismes à son mari, Jérôme, Suisse travaillant pour le CICR, qui passera des jours et des jours à son chevet, et qui tombera amoureux d’elle, avant de la ramener avec lui en Europe.



Ces traumatismes, qui vont la poursuivre pendant toute son existence, qui vont parfois l’étreindre face à certaines situations, à tel point qu’elle aura envie de mourir, elle se décide à les écrire au père de ses quatre enfants le jour où elle doit se faire opérer d’une tumeur dans l’oreille, et qu’elle peut ne pas y survivre. Ces traumatismes auront une incidence sur sa vie d’épouse, sur sa vie de mère, en ce que montrer l’amour que l’on porte est désormais une épreuve impossible. L'on a bien du mal à se dire qu'elle est tombée amoureuse de son mari, mais l'on le devine, par petites touches, lorsqu'il parvient à la faire revenir au présent, par des futilités, des sourires, alors qu'elle s'enfonce dans ce passé qu'elle est la seule à connaître, et qu'elle ne veut pas partager, ce dès avant le départ du Rwanda d'ailleurs. En effet, comment faire raconter l'irracontable, comment comprendre l'horreur, lorsque l'on ne l'a pas soi-même vécu ?

Ces traumatismes, ce sont ceux des survivants au génocide, qui doivent apprendre à vivre avec, à les taire, comme Magnifique, pour s’en échapper, ou à les partager, comme elle finira, finalement, par le faire, quand elle s'en sentira capable.



Jean-Félix de la Ville Baugé nous livre un roman particulièrement juste – l’on sent le regard de l’humanitaire qui a vécu, comme Jérôme, les évènements, étant envoyé au Rwanda en 1994 –, et complet malgré la brièveté : il explore tous les non-dits, toutes les zones d’ombre, intimes comme historiques, de la situation, faisant fi de tout manichéisme, sans prendre parti, mais en insistant, malgré tout, sur le traumatisme encore vivace des survivants face à la barbarie, presque trente ans après, incarné par une remarquable Magnifique, d’une force à toute épreuve, et sur la difficulté de dire, d'exprimer ce traumatisme.



Je remercie les éditions Télémaque et Babelio de m’avoir permis de le découvrir en avant-première.
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Magnifique

Merci , encore merci très chaleureusement, aux éditions Télémaque et à Babelio qui m'ont permis de découvrir tout à la fois cet auteur, ce roman puissant et cette maison d'édition qui a très joliment édité ce texte.

Magnifique c'est le nom d'une jeune rwandaise qui a vécu l'enfer. Ce qu'elle a vécu, le lecteur le découvre assez rapidement, mais il y a fort à parier qu'il ne pusse jamais l'oublier car nous naviguons ici aux confins de l'enfer et la violence des horreurs racontées ici est insoutenable. de ce point de vue, autant le savoir le livre pourrait ne pas être idéal pour des personnes trop sensibles (expression un peu idiote, mais vous voyez ce que je veux dire !). le roman se présente essentiellement comme un long récit adressé à l'homme qu'elle aime par Magnifique, qui revient ainsi sur sa jeunesse au Rwanda, sur le massacre perpétré sur sa famille et sur tout un peuple. Le génocide des Tutsis est au coeur de ce romant bien écrit et qui pose - après d'autres, la question d'un retour à une vie normale quand on a vécu l'horreur la plus indicible. le personnage de Magnifique est puissant et pourra rappeler celui la mère dans le joli roman Petit pays. Le génocide au village, pour reprendre l'expression de l'historienne Hélène Dumas, l'engagement humanitaire, le rôle de la France, les relations avec le Rwanda après, tout cela figure au coeur de ce roman que j'ai trouvé intéressant mais un peu confus, voire maladroit, voire encore discutable quand il s'agit de réfléchir au génocide lui-même et aux relations entre Hutus et Tutsis. En y réfléchissant après coup, je me pose des questions sur cet aspect du roman qui me paraît problématique. Les Tustis sont-ils en partie responsables du génocide qu'ils ont subi ????? Un dialogue lors d'une interview télé entre le personnage principal et un chercheur Hutu qui occupe pas mal de pages est pour le moins ambigu. Quel est ici le point de vue de l'auteur ? Je ne l'ai pas bien compris.

Enfin cela peut paraitre anecdotique, mais je dois signaler la qualité de l'édition tout à fait soignée.

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Magnifique

J’ai lu beaucoup de romans sur le génocide rwandais, ceux de Scholastique Mukasonga, de Gaël Faye, de Yoan Smadja… Tous des chefs d’œuvre, tragiques au sens classique, provoquant horreur et pitié…

J’ai eu, grâce à Babelio et aux éditions Télémaque, le privilège de découvrir, en avant-première, Magnifique de Jean-Félix de la Ville Baugé qui ne déroge pas à mes impressions d’ensemble.



Un auteur qui sait de quoi il parle puisqu’en 1994, il était missionné par Solidarités International au Rwanda, dans la région de Gikongoro… et qu’il a eu le temps, depuis, de réfléchir sur le sujet.

Un titre percutant : « magnifique », un adjectif qui qualifie une beauté particulière, pleine de grandeur est aussi le prénom de l’héroïne, une Tutsie, rescapée du génocide, mariée à un suisse.



Un livre sur les souvenirs du traumatisme, sur l’impossibilité d’en parler, sur la difficulté de construire une histoire d’amour après avoir survécu à l’abomination.



Une écriture hallucinée, une parole débloquée à l’écrit par l’imminence d’une opération chirurgicale au pronostic favorable, mais on se sait jamais les risques éventuels d’une anesthésie générale… Une parole difficile, laborieuse, paradoxalement métaphorique dans l’usage abusif du verbe « couper » pour décrire les massacres à la machette.

Une mise en lumière du racisme ordinaire avec l’accueil mitigé des beaux-parents suisses de Magnifique pour qui se marier avec une Noire ne se fait pas… Et aussi de notre posture détachée vis-à-vis des tragédies lointaines.

Une analyse non-manichéenne, sans concession cependant sur le rôle de la France, alliée du pouvoir Hutu, qui a financé l’armée rwandaise…



Un roman dérangeant qui nous raconte comment, pendant trente ans, une rescapée tutsie a lutté contre ses souvenirs du génocide…

Un roman qui sort opportunément en 2024, soit trente ans après les évènements…

Mais un texte fort, lourd, immersif, concentré, mystérieux… qui bouleverse autant que la partie cachée de la photo du couverture, lorsqu’on la découvre dans son intégralité sur le site des éditions Télémaque.


Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Magnifique

Merci aux Éditions Télémaque et à Babelio pour ce roman en avant première dont la parution est prévue en septembre 2023.



Magnifique doit subir une intervention chirurgicale, alors elle décide d’écrire à son mari, le récit bouleversant et toujours tut qui l’empêchent de vivre pleinement la vie.



1994, Magnifique et sa famille sont victimes du génocide des Tutsi orchestré par le parti au pouvoir au Rwanda, en quelques heures sa vie va basculer dans le cauchemar, seule survivante de sa famille, elle va être sauvée par les FPR et soigné à l’hôpital du camp par les médecins et infirmières de la Croix Rouge. Première partie de ce roman dont j’ai eu l’impression de lire un récit comme celui de Scholastique Mukasonga dans « Inyenzi ou les Cafards », qui retrace l’horreur de ce conflit qui a fait un million de victimes en l’espace de 3 mois.



Un homme va être jour après jour à son chevet, lui parler, lui raconter son pays la Suisse.

Il l’emmène avec lui en Suisse, ce pays dont Magnique est frappée par le calme. C’est toute cette nouvelle vie qui nous est décrite dans la seconde partie du roman.

Si l’auteur nous narre la vie de Magnifique et sa famille, il développe, analyse et questionne sur les responsabilités, les enjeux de ce génocide, aussi bien sur un plan historique que politique, national et qu’international.



J’ai trouvé ce récit puissant, délicat et bouleversant à bien des égards.
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Magnifique

Magnifique est la fille unique d’un couple Tutsi. Elle est belle, soigne ses ongles, rêve de devenir « Miss » de sa région quand son pays bascule dans l’horreur. Témoin de la pire abomination, elle est une des rares rescapées. Elle est recueillie dans un centre du CICR. Le directeur général, Jérôme, un jeune huguenot de Genève, la remarque. A partir de ce moment va commencer une de ces histoires d’amour rares, difficiles, sublimes.



Dans ce roman, où, tel un funambule, le lecteur passe de la vie paisible d’une banlieue chic de Genève aux pires massacres d’un genocide ignoré de notre XXIEME siècle, Jean Félix de la Ville Baugé nous emmène aux limites intimes de notre propre humanité, aux confins de nos lâchetés, mais aussi, aux splendeurs de l’amour qui, parfois, rarement, sauve.
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Magnifique

Jean-Félix de La VILLE BAUGE. Magnifique.



Je dois remercier chaleureusement Babelio, en particulier Nathan et les éditions Télémaque pour l’envoi de ce merveilleux roman. Magnifique le prénom de l’héroïne est dévolu comme titre à ce roman. Mais il nous narre une histoire horrible, nous rapporte des faits abominables, nous décrit des scènes apocalyptiques, irréelles, des exactions dignes de personnes complètement hors normes. C’est la GUERRE et qui plus est une guerre tribale, fratricide….



Je reviens du Rwanda, et par un étrange concours de circonstances, ce livre reçu dans la cadre d’une masse critique privilégiée, je me rends à nouveau dans ce pays.. Après avoir suivi le périple de CORNEILLE, chanteur, rappeur, compositeur, écrivain, auteur, je pose mes pas dans ceux de Magnifique. Qui est donc cette femme ? Nous allons faire sa connaissance. Une victime du génocide de 1994, une rescapée, une naufragée saisie par un homme qui lui a sauvé la vie, l’a reconduite sur la rive et lui a donné beaucoup d’amour.



L’action se déroule à Massongo. Au Rwanda, en 1994, il y a environ un million de tutsis et 10 000 hutus. Jeune adolescente, âgée d’environ dix-huit ans, Magnifique Umuciowari est née de parents tutsis. Son père est un éleveur, un homme de la terre, paisible mais fort lucide ; sa mère tricote même lorsqu’elle n’a plus de laine. Le cliquetis des aiguilles dévore le silence. Magnifique est une jeune lycéenne, encouragée fortement par son père à poursuivre ses études afin de quitter son pays natal. Une enfance banale, heureuse, dans une ville calme où tutsis et hutus vivent en toute quiétude, se fréquentant au quotidien, se saluant. Les enfants de ces deux ethnies fréquentent les mêmes établissements scolaires. Au cours des années 1990, des tensions s’élèvent entre les deux tribus. Chacun veut exercer sa prédominance et assujettir son voisin. Le père de Magnifique est un visionnaire. Il anticipe les futurs évènements dramatiques qui se dérouleront dans son pays, exhortant à sa fille unique de ne pas répondre aux attaques de ses compagnons hutus.



Le 6 avril 1994, l’avion présidentiel est abattu en plein vol. C’est le début des exactions Les hutus, nantis de machette massacrent les tutsis.Le carnage dure environ cent jours…. Hier, votre voisin vous adressait la parole, aujourd’hui il vous poursuit avec sa machette et vous tranche la gorge. Magnifique sera témoin de l’assassinat d’une grande partie de la population de son village. Un gigantesque massacre de la population a lieu dans le lieu sacré : l’église du village. Magnifique fait partie des rescapés miraculeux de Massongo, elle qui se voyait miss va connaître une autre destinée. Elle va vivre des jours, des nuits, s’ensevelissant dans la terre, au milieu des décombres, des morts, dans un véritable no man’s land, sortant uniquement la nuit afin de manger, boire, disparaissant dans son trou, pour échapper aux belligérants qui égorgent à tout va. Il faut trouver la solution finale et régler définitivement le problème des tutsis. Un génocide mené de main de maître : tout avait été prévu en amont.



Magnifique va poursuivre son périple. Sortant de sa cache, elle va se mêler au flot de réfugiés qui fuient le pays en ordre dispersé. Des hommes, des femmes, des enfants, tous, le regard hagard mettent, tant bien que mal un pied devant l’autre. L’exode…. Et au détour d’une route : un camion blanc et des militaires, veste et pantalon kaki…. . Magnifique s’évanouit. Elle se réveillera quelques jours plus tard à l’ hôpital du camp de réfugiés. Sauvée, et par quel miracle ! Jérôme Auskl, le chef de la délégation du Comité International de la Croix-Rouge, va prendre soin de notre héroïne. Il veille quotidiennement sur sa protégée. Il la conduit même en Suisse, là où il réside et l’épousera, malgré l’opposition de son père à cette union : un blanc s’unissant à une noire ! Elle lui donnera deux enfants. A la veille d’une délicate opération de l’oreille, Magnifique écrit une confession à son époux, son sauveur. Elle lui raconte son parcours, sa traversée de ce pays en proie à une guerre fratricide. Est-il possible de se reconstruire après avoir vécu de tels évènements, des meurtres accomplis de sang-froid sous ses yeux, avoir assisté à l’assassinat de ses parents, découvrir sur le bord des routes des centaines de cadavres, d’hommes, d’enfants, de bébés, de vieillards, avoir connu la faim, la soif, le froid, marcher, marcher encore et encore pour s’éloigner de ces lieux maudits.



Ces aveux qu’elle désire lui faire partager, la replonge dans son deuil. Des images insoutenables sont imprimées à tout jamais dans sa mémoire. Jean-Félix de la VILLE BAUGE, nous dresse un portrait saisissant de Magnifique. Cette femme qui, au fil des ans a pu se construire, se reconstruire, entourée, portée par l’amour de son époux et de ses enfants. Cependant cette reconstruction n’est pas complète. Des cicatrices, des larmes, des gouttes de sang jalonnent son quotidien. Est-il possible d’avoir une vie dite « normale », après avoir traversé de telles épreuves ? Peut-on et doit-on accorder son pardon à ceux qui nous ont blessés, amputés d’une partie de notre famille, piétinés nos racines, nous ont forcé à l’exil ? Jean-Félix a trouvé les mots pour faire vivre, revivre la vie d’une rescapée des exactions commises dans ce pays détruit par ses propres habitants et qui ne peut effacer les traces de ce génocide. Merci pour ce récit vibrant, pathétique. Toutes mes félicitations pour la qualité de l’écriture, incisive, mordante, accrocheuse. Je recommande la lecture de ce témoignage extrait des diverses missions humanitaires au quatre coins de la planète de cet auteur. Je vais me plonger dans ses précédentes narrations. Bonne journée à tous et découvrez de nouvelles pépites littéraires, que vous nous ferez partager.

(08/08/2023).
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Dieu regardait ailleurs

Merci à Babelio et aux éditions Plon de m’avoir faire parvenir gracieusement Dieu regardait ailleurs de Jean-Félix de La Ville Baugé. Il s’agit assurément d’une belle découverte qui n’aurait pas été faite sans Masse Critique. Tout simplement car cet ouvrage n’a pas le clinquant qui va attirer le chaland, même s’il venait à être placé en tête de rayonnage en librairie. Il faudra lire le résumé fait par l’éditeur pour avoir une petite chance de se plonger à l’intérieur… mais il en dévoile tellement et paradoxalement si peu !

L’expérience est franchement appréciable. Le texte en lui-même est intéressant, il se lit très bien, trop rapidement. L’effort de rédaction est manifeste, nous avons affaire à un travail de qualité, fruit du labeur d’un écrivain sérieux. Le thème ? Il s’agit de souvenirs, censés être ceux d’un grand-duc de la Russie tsariste de Nicolas II qui flirte à plusieurs reprises avec la possibilité de prendre en mains les rênes d’un pays en proie aux Révolutions de 1917. Il va être question du meurtre de Raspoutine, des révolutions de 1917, des Armées blanches, du Paris des années 20 (Coco Channel et Jean Cocteau font partie des figures qui font une apparition). L’histoire est romancée mais l’ensemble n’est pas un roman historique. Le dénouement est tout simplement décevant. L’épilogue est une pièce rapportée qui peut inviter à une nouvelle lecture. La pseudo révélation finale est cependant trop facile et ne donne absolument pas envie de relire l’ouvrage mais de la ranger dans une bibliothèque en restant avec un profond sentiment de déception. Dommage, dommage, dommage…

Il s’agit d’un roman qui mêle plusieurs influences, ce qui le dessert. La narration n’est pas statique, parfois à la première personne dans le passé ou le présent, mais parfois omnisciente. L’absence de repères chronologiques ou de notes de bas de page ne confère aucune rigueur au récit. Aucune substance, le reproche est peut-être trop fort. Le discours est celui d’un aristocrate, tour à tour accepté puis méprisé, par la famille impériale, les futurs rebelles, la bonne société parisienne... Il traverse des périodes sombres mais parvient toujours à garder la tête haute et à conserver ce ton hautain et méprisant tourné vers le monde extérieur et surtout vers lui-même.

Le plus important, le plus dérangeant est ailleurs. Ce qui va faire la force de l’ouvrage, s’il parvient à donner lieu à un débat. Le narrateur se complait à décrire la culture russe d’une manière franchement orientée. La passion immodérée pour la vodka, le mysticisme, le malheur et la cruauté semblent ici être les composantes principales. Encore est-il nécessaire d’ajouter à cette liste l’antisémitisme latent, récurrent, généralisé. Autant de choix provocateurs car constamment traités avec humour et ironie. Un couple qui sera d’ailleurs omniprésent.

A lire, mais avec beaucoup de réserves quant au contenu.


Lien : http://kriticon.over-blog.co..
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Magnifique

Elle s'appelle Magnifique, elle est Tutsie. Sa famille et ses voisins ont été tranchés à la machette sous ses yeux.

Pout tenter de survivre, elle s'est enfouie sous la terre pour qu'on oublie de la tuer.

Un homme l'a sauvée, épousée et l'a ramenée chez lui en Suisse.

Un pays en paix, neutre mais en elle la cruauté des hommes demeure.

Ce roman est un texte transcendant d'humanité.

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