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Critiques de Fabien Clavel (1016)
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Feuillets de cuivre

Wouch ! La claque dans l'aïeule, aller et retour !



Que j'ai craqué aux maintes sollicitations d'un site que je ne nommerai pas qui me conseillait ce livre à chaque ouverture me sera donc pardonné... J'ai d'abord craqué sur la couverture. Vert rappelant les toits de cuivre oxydé de la ville de Québec, rebrodé d'une typographie magnifique de cette couleur (Cuivre) paraissant en relief, très travaillée, elle est magnifique.



Le sujet en plus. Policier steampunk, rien que cela c'était suffisant à me faire craquer. Et pour finir la note ici, qui, si je ne m'y fie pas toujours, a pour le moins éveillé ma curiosité.



Mon craquage était donc triplement motivé. Quadruplement, puisque j'ai vraiment adoré.



Hors les très nombreuses références livresques largement discutées dans la postface et sur lesquelles je ne reviendrai pas, ce qui m'a le plus amusée, plu, frappé, c'est que Ragon, le policier, est un amalgame savant entre Poirot et Holmes, avec une touche de Rouletabille (ne serait-ce que dans le feuillet de la chambre close)(et même si Ragon n'aime pas les journalistes, lol).

Son obésité grandissante au fil des enquêtes et du temps a un sens, qu'on ne découvrira qu'à la fin.



Tout est si finement tissé et intriqué dans ces histoires qu'on ne peut qu'être soufflé par l'énorme travail que cela représente, ainsi que par la facilité de lecture pour tout le monde et n'importe qui. Il n'est pas donné à tous les auteurs de savoir partager une connaissance encyclopédique avec autant de talent, d'humilité et de facilité, c'est juste, bah, waow, quoi...



J'ai pris tout mon temps pour lire ce livre parce que chaque page est un pur bonheur, une glissade lente et savoureuse dans un monde où le fantastique est si bien amené qu'il en paraît naturel, on s'y croirait presque. le steampunk de l'affaire n'est pas non plus omniprésent, ni ostentatoire, c'est subtil, éthéré si j'ose dire, (mouahaha !).



Et la fin, ah mais cette fin, mais quelle fin, le fin du fin de la fin, révélation qui fait "Sbam", type coup de tonnerre et à laquelle je ne m'attendais pas du tout, mais alors, j'en étais à des lieux !



Bref, Je m'en vais aller étudier d'un peu plus près les autres écrits de cet excellentissime auteur français que je ne connaissais pas !

Fabien Clavel, c'est du très bon, lisez-en !



Relu en Janvier 2018. C'est toujours aussi bon. Par contre je n'ai pas pris le temps d'étudier les autres écrits de M. Clavel, et c'est bien dommage...
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Feuillets de cuivre

Avouons-le, lire du Fabien Clavel était déjà un plaisir renouvelé avant d’attaquer Feuillets de cuivre ; lire du steampunk est un exercice (quand c’est bien écrit, bien sûr) tout aussi agréable. Mais comme vous allez le voir, la préface d’Étienne Barillier, la postface d’Isabelle Perier et l’érudition de l’auteur, notamment sur le romantisme français du XIXe siècle me confirment dans ma demande sans cesse renouvelée de vouloir lire toujours plus de « steampunk romantique », de steampunk « à la française », en somme lire du steampunk qui évolue sans rester vissé sur ses poncifs.





Disons le tout de suite, la lecture de ce véritable roman à énigmes se clôt sur une postface d’une telle qualité qu’Isabelle Perier nous donne quasiment toutes les clés imaginables pour comprendre l’écriture de Fabien Clavel, c’en est même presque frustrant pour écrire une critique, mais dame tant pis ! Dans Feuillets de cuivre, les habitués de l’auteur pourront déjà commencer par voir un premier rapprochement avec une de ses œuvres de jeunesse, Requiem pour elfe noir. Sous le pseudonyme du hongrois John Gregan, Fabien Clavel y narrait les sombres aventures d’un enquêteur elfe dans un monde fantastique et décalé des attentes du héros : le brusque réveil à la réalité, l’enquête dans le « crade » de la vie, l’aspect « en marge des choses » du personnage principal, il y a un peu de tout cela dans les débuts de l’inspecteur Ragon. Celui-ci est dès le départ campé d’une façon aussi simple que remarquable : son passé le ronge, avec l’amour qui semble le fuir, la passion incommensurable qu’il porte aux livres le soutient dans tous les aspects de sa vie et enfin son poids (impossible de parler d’un simple embonpoint), qui en fait tout bonnement un obèse au sens strict du terme, l’identifie ostensiblement aux yeux de ses contemporains.



Fabien Clavel n’a pas un style ; il a du style. Dans Feuillets de cuivre, il se fond progressivement et alternativement dans quantité de styles très différents les uns des autres, de Jules Verne à Victor Hugo, en passant par Guy de Maupassant et Émile Zola. L’avantage de lire du Fabien Clavel, c’est qu’il y a forcément du divertissement, oui, bien sûr : on peut y voir une lecture de divertissement, et heureusement. Mais il y a tellement d’autres niveaux de lecture qu’on ne peut le résumer ainsi. Nous trouvons ici bon nombre d’allusions à quantité d’universitaires (notamment des spécialistes antiques), de chercheurs, de linguistes et autres écrivains, tous parfaitement reconnus : les latinistes croiseront du Gaffiot, les germanistes du Zehnacker, les hellénistes du Bailly, j’en pense et des meilleurs. Au milieu de ce foisonnement, un bon exemple est le dénommé Carcopino. Nommé comme une référence, certes pas d’un très bon goût, au sein d’une foule de grands auteurs francophones du XIXe siècle, il apparaît bien vite comme l’imposteur qui confirme l’érudition de Fabien Clavel, qui mène peu à peu son lecteur, et de la façon la plus subtile possible, vers une uchronie intelligente. L’uchronie de Feuillets de cuivre ne varie que légèrement à partir de l’année 1870 et nous retrouvons au bon d’un moment un des Présidents de la République française avec un patronyme rappelant étrangement celui d’un journaliste de fiction prompt à gravir les échelons « maupassanites » de la société.



Là où nous ne pouvons jamais dire que ce roman est simple, c’est du côté de sa structure ; là, l’auteur a dû passer plus d’une nuit blanche avant de bien s’accorder sur les différentes intrigues, sur tous les indices liés aux enquêtes et surtout sur la chronologie à respecter. La structure du roman peut être facilement. D’abord, une première partie qui pourra surprendre le lecteur qui s’attendait à un roman à la structure disons classique : ici, pas de point de départ, d’élément déclencheur, non, nous suivons plutôt des petites enquêtes savoureuses, particulières à plus d’un terme et qui pourraient toutes constituées des nouvelles indépendantes. L’idée du feuilleton, de la série à concept se pose tranquillement dans l’esprit du lecteur et les allusions aux feuilletons qui paraissent à cette époque-là dans les journaux sous forme d’épisodes ne sont pas là pour rien. Mais voilà, Feuillets de cuivre est divisé en deux grandes parties et, là non plus, ce n’est pas gratuit. La première partie enchaîne les petites enquêtes, la deuxième va tout redétricoter le peu que nous croyions alors savoir sur la vie de l’inspecteur Ragon. De ce point de vue-là, les allusions aux séries télévisées actuelles et à leur mode opératoire (du « procédural » avec l’affaire de la semaine, puis l’adversaire récurrent qui nous tient toute une saison, etc.) sont nombreuses, et à n’en pas douter, les fans, par exemple, de la série Sherlock s’y retrouveront à bon compte.



Arrivé à ce niveau-là, pouvons-nous bien dire que Feuillets de cuivre est un roman steampunk ? Assurément oui. Bien sûr, des engrenages traînent de-ci de-là, avec une insistance notable sur l’utilisation du cuivre à tous les niveaux, mais comme le rappelle Étienne Barillier dans une préface bien costaude, ce n’est pas là que réside l’esprit du steampunk. Certes, l’utilisation à outrance de la machine à vapeur fait venir « le futur plus tôt que prévu », selon la formule consacrée, mais le steampunk ce n’est heureusement pas qu’une esthétique : non seulement c’est aussi une habitude prise du méta-texte, c'est-à-dire multipliant les références à d’autres écrits (petites jouissances littéraires de lire des pastiches de Victor Hugo et consorts, mais aussi de voir s’immiscer dans le récit des allusions à la poursuite du Satyricon et à l’histoire de la Hongrie médiévale… déjà abordés dans d’autres œuvres de l’auteur), narration qui mêle réalité et fiction d’une manière plus ou moins inextricable. Toutefois, cela est surtout une façon d’interroger les marges d’une société, de creuser ce qui peut venir troubler l’ordre social un peu trop bien établi.





En conclusion, Fabien Clavel a tissé ses Feuillets de cuivre comme une incitation constante à tout découvrir au sein de la littérature qu’il parcourt, mais aussi comme une incitation constante à tout lire de sa vaste bibliographie qu’il tente depuis bien longtemps d’unifier, ou au moins d’harmoniser. En somme, il pose une interrogation simple au lecteur attentif : « oseras-tu, seras-tu capable de me suivre ? ». La réponse tient en deux mots : nous arrivons !



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Feuillets de cuivre

Steampunk, le terme peut effrayer, et ce serait dommage.

Quelle richesse! Quel soin apporté à la construction et quelle érudition littéraire! Tout cela au service d’un imaginaire entre mythologie et paranormal : c’est du lourd.



Ça commence comme un recueil de nouvelles. Paris, 19è siècle l’inspecteur Ragon mène des enquêtes relativement banales au départ, chacune faisant l’objet d’un chapitre. Son habileté à résoudre les affaires le fait monter en grade (et en poids). Il a tout d’un Sherlock ou d’un Poirot, dont l’arme secrète de déduction est la littérature, ce qui constitue un des points forts du roman, truffé de références littéraires. Même si



« Le commissaire s’était littéralement farci de livres et d’histoires au point d’oublier la vie »



Peu à peu, les crimes se font plus noirs, les intrigues plus complexes jusqu’à ce qu’un lien apparaisse entre elles. C’est quasiment l’oeuvre d’une vie que la poursuite d’un ennemi extrêmement adroit, intelligent et machiavélique, aux pouvoirs diaboliques.



De nombreux fils rouges en filigrane confèrent à l’ensemble une cohérence, au delà de l’intrigue, et l’auteur parvient à petites touches à proposer des tableaux sensoriels en demi-teintes au sein desquels éclatent un reflet (le brillant du cuivre), une couleur, un parfum, et l’on a quasiment la sensation du toucher du papier des innombrables livres qui constituent le décor du roman. Dans cette ville en plein essor industriel, on voit très bien, émergeant d’un fog épais, la lueur fugace des boutons de cuivre des gardiens de la paix.



Les bibliothèques abondent, pas seulement celle de Ragon, car :



«  Une bibliothèque, c’est une âme de cuir et de papier. Il n’y a pas de meilleur moyen pour fouiller dans les tréfonds d’une psyché que de jeter un oeil aux ouvrages qui la composent. »



Le lexique est précis et savant, épicène, sténographie et curule nécessitent un détour vers un bon dictionnaire. Sans cuistrerie, ces termes précis sont irremplaçables dans leur contexte et ne font que donner du corps et de la pertinence au texte.



Dans la post-face, très intéressante, car elle met en lumière des aspects que le lecteur aura pu laisser échapper, pris par l’histoire, Isabelle Perier, établit une analogie avec les séries policières qui fleurissent sur les écrans, et rencontrent un succès grandissant. L’enquêteur récurrent, à la personnalité particulière, fragile et solide à la fois, les intrigues indépendantes mais liées par un fil rouge, qu’il se nomme John ou Moriarty, tout cela contribue à la modernité de ce roman. Et pourtant lu sans référence d’édition, il aurait été très difficile de parier sur la date de sa parution.







Excellente découverte grâce à une critique récente sur le site (merci Dyonisos)!


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Feuillets de cuivre

De 1872 à 1912, la carrière policière de l’atypique Ragon s’envole, grâce à plusieurs affaires criminelles qu’il réussit à résoudre en usant de sa formidable culture littéraire et de sa passion immodérée pour les livres. Il lui faudra toutefois très longtemps avant de se rendre compte que ces différentes enquêtes avaient au final un dénominateur commun…





Dans la mouvance steampunk utilement et clairement présentée dans la préface d’Etienne Barillier, cette histoire discrètement uchronique commence, tels les épisodes d’un feuilleton, par une série de courtes enquêtes policières dans un Paris qui découvre les machines et l’ère industrielle à la fin du XIXe siècle. Y revient avec persistance l’usage du cuivre et de l’éther, mais ce sont surtout les livres qui forment les pierres angulaires de tout l’édifice : peu à peu, comme les rouages d’un mécanisme complexe de haute précision, les différents éléments narratifs s’assemblent pour laisser apparaître un motif général de plus grande envergure qui, par ailleurs profondément machiavélique, s’enroule autour du thème des livres, de la littérature, et de leur impact sur nos vies.





Ainsi, tandis que le lecteur se retrouve suspendu au mystère d’intrigues criminelles qui le renvoient dans un Paris ancien restitué avec la plus précision, les références littéraires et artistiques s’entremêlent dans une combinaison impressionnante de naturel et de simplicité dont la postface d’Isabelle Périer permet de saisir toute la profondeur. Egale justice est faite tant au contenants qu’aux contenus livresques, puisque l’objet-livre lui-même apparaît souvent dans le récit comme un support de création aux possibilités étonnantes.





Ce peu ordinaire roman s’est avéré pour moi une fascinante initiation au steampunk : j’en ressors subjuguée par la maestria et la culture littéraire de Fabien Clavel, qu’il met ici au service d’une authentique inventivité, déconcertante d’aisance, de simplicité et d’accessibilité.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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L'évangile cannibale

Matthieu vit ses jours d’aigri arrogant colérique paranoïaque et cracheur (dans tous les sens du terme), paisiblement dans son HEPAD. Il déteste tout le monde, de ses compagnons de chambrée aux infirmiers, de sa fille qui ne lui rend jamais visite et de ses deux ex-femmes. Donc non, sa vie n’est pas si paisible.

Un jour Maglia, une autre pensionnaire, a une vision et informe ses potes du 3ème âge qu’il faut accumuler des vivres avant de se barricader quelques semaines. Ils parviennent à foutre à la porte le personnel, c’est la mutinerie.

Ils sont un peu surpris que les grand moyens ne soient pas utilisés pour que les autorités locales reprennent l’HEPAD d’assaut. Nous saurons pourquoi, ils avaient d’autres chats à fouetter.

Mais bon, tout va bien au royaume des vieux, jusqu’à ce qu’ils manquent de victuailles, et décident de sortir, les uns en fauteuil roulant, Maglia en lit roulant poussé par ses copains en couches pour certains, en cathéter pour d’autres et absolument pas armés pour affronter l’apocalypse,



quoi que…



**Dans ma recherche philosophique sur, Sommes-nous toujours vivants ? Le club du troisième âge se verra parfois en reflet miroir devant ses êtres décharnés, qui cherchent à survivre et qu’on aura enfermé entre des murs pour les fuir, comme on enferme nos vieux dans les HEPAD.



**Mais ce symbole bien simpliste, ne sera que la partie immergée de l’iceberg. Rajoutons une couche de glaces pour refroidir l’ambiance, donnant ainsi, une vision bien plus pessimiste de ce roman, considéré à la base comme fendard. On apprend un peu plus tard, que les gens sont devenus des zombies en ingurgitant un médicament rajeunissant. Médicament fabriqué peut-être à base de cellules souches venues de bébés africains… Cette quête désespérée pour s’accrocher à sa jeunesse a eu raison de notre santé mentale et physique… Elle sera concrète (les foetus et le placenta, ou le sang des vierges à une époque, quoi que peut-être encore) ou métaphorique. « Depuis le début, le monde entier se dirigeait vers une société qui dévore ses enfants pour survivre. » Matthieu y voit régulièrement le tableau de De Goya, Saturne dévorant un de ses fils.

Nous n’avons pas construit le monde pour le bien commun, mais pour nos besoins individuels, avec compétitivité, arrogance et mépris pour la vie des autres espèces et même la nôtre. Sauf, que ce ne sont pas nos vieux qui subiront la défaite finale, mais bien nos enfants.

Alors, nos vioques sont ravis, ils ne pourront pas devenir des zombies car aucun d’eux, n’a jamais avalé ce médicament. Mais est-ce bien soulageant de vivre ses derniers jours de vie dans un monde chaotique ?

Ce passage maladroit et irréfléchie avec la jeune Manon, lorsqu'ils pensent repeupler la planète, est juste incroyable. On y voit toute la bêtise humaine, entre l’humour et le malaise très profond.



**Peut-on en vouloir aux gens de s'accrocher à la jeunesse lorsque la société montre la vieillesse de la même manière qu’un zombie? Une personne qui n’est plus rentable dans ce collectif consumériste et qui en plus continue de manger, de chier et de prier (pardon). " Soit le petit dévorait le ventre de sa mère pour sortir de là... Soit, il avait échappé à la métamorphose et c'était Manon qui allait le réingurgiter par la voie digestive." Ne nous dévorons-nous pas tous en réalité les uns et les autres?

" Mangez un zombie, est-ce qu'on peut imaginer une vengeance plus ironique?"



**L'immortalité. La quête pour rester jeune, n'est-ce pas en réalité une quête pour l'immortalité ? Et quoi de plus immortel qu'un zombie? Mais il faut bien choisir. L'auteur dit " On meurt de se faire beau." Et Matthieu raconte le mythe d'Eos qui a demandé la vie éternelle mais oublié de demander de garder la beauté. Elle va vivre éternellement, le corps pourrissant comme un zombie. Nous vivons de plus en plus vieux, mais à quel prix? Les recherches cosmétiques mettent tout en œuvre pour préserver notre beauté en y mettant des produits dangereux. Peut-on avoir la jeunesse et la vie éternelle? Ce sera un des deux? Lequel préférez-vous ? N’est-il pas plus acceptable d’accepter notre mortalité et la vieillesse qui va avec ?



**Quel espoir pour l’humanité s’il ne reste que des vieux mâles ? Peuvent-ils repeupler la planète ? A-t-on envie de repeupler la planète ?





L’apocalypse zombie est souvent riches en réflexion. Ici on en aura un bon exemple.

Merci à Luria pour cette découverte.

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La Niréide

C’est un bien drôle d’objet littéraire que nous présentent l’éclectique Fabien Clavel et les éditions Mnémos (que je remercie pour leur confiance). Car au départ il s’agit d’une trilogie jeunesse parue chez l’éditeur Mango, ici complétée et retravaillée pour reparaître dans une « intégrale » au ton volontiers plus adulte. Mais on sent la différence entre "La Dernière Odyssée" et "Les Gorgônautes", car difficile de changer le rythme et le relationship drama du public cible d’origine, et "L’Empire des morts" plus homogène, plus cohérent, plus mature et plus sombre (il faut dire que le thème se prêtait bien au changement d’atmosphère). Au cours des aventures et mésaventures du prince Niréus nous rencontrons les Olympiens, mais aussi Achille, Ulysse, Penthésilée, Hercule, Dédale, Pallinure et Enée… L’auteur joue et jongle donc avec la mythologie gréco-romaine, à travers les mystérieux Telchines qui font le lien entre les trois épisodes en venant en aide au héros contre des faveurs ultérieures sur lesquels ils restent volontairement évasifs…



[...]



L’ensemble ne fait qu’un peu plus de 400 pages mais la mise en page est tassée avec une police d’écriture un peu trop petite. Point positif, on notera la très élégante illustration de couverture d’Elonor Piteira.

En fin de compte, une trilogie plutôt sympathique voire agréable mais un peu trop inégale en raison des conditions de sa conception. Néanmoins les amateurs de mythologie ne devraient pas trop éprouver de difficulté pour y trouver leur bonheur… Fabien Clavel annonce une trilogie sur les mythes arthuriens et une autre sur les mythes carolingiens : on lui souhaite bonne chance et on a hâte de le voir aboutir dans son projet de triple trilogie sur les mythes européens…
Lien : https://www.portesdumultiver..
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Feuillets de cuivre

Un roman qui cache bien son jeu et se dévoile petit à petit.





Feuillets de cuivre se présente comme une succession d'enquête sans lien les unes avec les autres. La première partie du livre permet justement de suivre Ragon menant des investigations afin de découvrir des coupables de meurtre. La seconde partie quant à elle se transforme en une grande fresque policière où l'on découvre les liens, les interactions entre les différentes enquêtes grâce notamment au personnage de l'Anagnoste.





Fabien Clavel nous démontre ici un grand talent.

Tout en nous proposant un roman dit « policier » dans la même veine que Sherlock Holmes traquant son professeur Moriarty, nous suivons son personnage de Ragon, inspecteur obèse et féru de littérature tentant par tout les moyens de comprendre qui est l'Anagnoste. Ce roman ne se cantonne pas à un seul univers … au contraire, le lecteur au fil des enquêtes se voit transporter dans divers genres littéraires que cela soit la littérature classique du XIXe siècle (Maupassant, Jules Verne, Victor Hugo, Flaubert...), la science-fiction, la fantasy, le gothique. Le résultat final est divin pour un roman dit steampunk. Les codes trop carrés du genre sont purement et simplement jetés à la poubelle afin de laisser une grande place à l'imaginaire.





La littérature du XIXe siècle trouve grâce à Fabien Clavel une nouvelle jeunesse dans Feuillets de cuivre où toutes les enquêtes ont des liens avec de grands romans de l'époque que cela soit de près ou de loin. Notre héros se retrouve soit en contact, soit dans un lieu fréquenté par une célébrité de l'époque. Lors d'une enquête, de grands extraits d'oeuvres célèbres sont détournées.



De même, Fabien Clavel pousse les codes du roman en nous offrant cette fois-ci non pas un héros beau, dynamique, à la répartie facile mais au contraire, un simple gardien de la paix obèse,discret, posé à la santé déclinante. Mais le lecteur au fil des enquêtes s'attache à cet être.





Un roman qui propose un meelting-pot de genre (policier, classique, science-fiction…), de style (nouvelles, feuilleton), de situations (mystère, codes, étrange). le tout mettant en avant un élément unique : la littérature. Et pour compléter le tout, l'édition papier est plaisante avec un soin apporté lors de la réalisation. Un vrai régal pour les yeux.😉
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Feuillets de cuivre

Pourquoi je l’ai choisi:



Alors celui là, il m’a tapé dans l’œil, rien qu’avec sa couverture. Mais à la réception directement de la hotte du père Noel, je peux vous dire que l’objet livre est juste magnifique! Bravo à la maison d’éditions d’en avoir fait un petit bijou pour les yeux et le toucher, avec sa couverture cartonnée, son style d’écriture et de présentation, le titre en surbrillance cuivre….Merci de nous donner un petit trésor en papier, merci pour cette belle édition qui se distingue sur les étals de librairie.

Les personnages:



Ragon: Quel personnage! Imaginez un policier obèse au service de sa passion et de son métier, qui résolve ses enquêtes grâce à la littérature! D’un esprit fin à l’inverse de ce corps difforme, il a tous les atouts d’un inspecteur qui laissera sa patte d’originalité et d’intelligence!



« Ragon déplaça son grand corps de plus de deux cents livres avec l’impression d’être un albatros dont on aurait rogné les ailes. »p19



Ce que j’ai ressenti:…une Explosion de saveurs de cuivre et de feuillets…



Avant de vous parler du livre en lui même, je voudrais dire que pour une fois, j’ai lu la préface et la postface, et qu’elles aident grandement à comprendre le style Steampunk de manière générale, mais aussi à voir toutes les qualités que ces aventures recèlent. Merci donc à Etienne Barillier et à Isabelle Perrier pour leur éclairage.



« Une bibliothèque, c’est une âme de cuir et de papier. Il n’y a pas meilleur moyen pour fouiller dans les tréfonds d’une psyché que de jeter un œil aux ouvrages qui la composent. La sélection, le rangement, le contenu, même la qualité de la reliure : tous les détails sont importants. »



2016, nouvelle année et nouvelle découverte pour moi: le Steampunk . Et bien, je ne suis pas déçue du voyage!!!!Entre la découverte de Paris au XIXème siècle, les multiples références aux auteurs de l’époque et la chasse aux criminels retors, je peux vous dire que traverser le temps en valait bien la peine. Le style de l’auteur est à tomber, il retranscrit une ambiance feutrée avec une pointe de science fiction, rend hommage aux plus grands écrivains en s’inspirant de leurs personnages tout en y mettant sa touche personnelle, nous embarque dans un le rétro/moderne qui donne un mélange détonnant inclassable. J’en ai été époustouflée, les ombres des plus Grands écrits viennent hanter ses lignes, les plus grandes légendes côtoient les pires atrocités cadavériques, les rues de Paris sont des plus mal famées, mais ça donne une atmosphère riche et délicieusement sombre.



« N’oubliez jamais cela, Fredouille: tout est dans les livres. Notre vie n’est qu’un feuillet détaché de l’ouvrage gigantesque du monde. « p139



Plus que des Feuillets de Cuivre, je trouve que ses Carnets laissent un gout de sang en bouche. J’ai adoré cette forme de représentation, presque un journal intime, mais en même temps, la continuité d’une carrière policière avec un fil rouge conducteur, la Némésis de Ragon, l’Anagnoste. Leur duel littéraire et meurtrier est juste addictif: c’est à qui aura le plus de culture, le plus de mémoire, le plus de références pour résoudre les mystères. Autant Ragon est doué, mais son adversaire d’autant plus, car il l’emmène notre cher enquêteur, chaque fois plus loin. Enfin, un « méchant » intelligent et qu’on peut apprécier aussi, c’est assez rare (bon, je ne dis pas que je cautionne ses actes!!), mais c’était relativement surprenant et instructif les pièges qu’il met en place pour la partie adverse!



Premier livre de l’année, et premier coup de cœur!!!Ça promet pour cette année, si ça continue de la sorte!!!!En tout cas, j’avais déjà repéré Fabien Clavel et avait quelques livres dans ma wish, mais avec ce livre, on voit toute l’ingéniosité de son écriture et je suis impatiente de lire d’autres écrits de cet auteur. Grace à lui, j’ai passé un excellent moment de lecture, comme on imagine pouvoir en lire souvent, mais en mettant en valeur des écrivains tels que Jules Verne, Victor Hugo, Baudelaire,etc…: il me donne bien envie de découvrir ou redécouvrir ces chefs d’œuvres de la littérature et ainsi se rapprocher un peu de la finesse de Ragon et son appétit littéraire! Soyons friands de savoir et de lecture!!!!Je vous recommande chaudement cette petite merveille!!!!


Lien : https://fairystelphique.word..
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Nephilim Révélation : Le syndrome Eurydice

Quel plaisir de plonger dans cette lecture qui sort de l'ordinaire !

Je suis vraiment étonnée que l'univers fantastique des Nephilim ne soit pas plus connu du grand public, car je suis certaine qu'il ferait de nombreux adeptes.

Le syndrome Eurydice est le premier tome d'une quadrilogie.



Ce monde de l'occulte contemporain est à l'origine crée pour un jeu de rôle, mêlant magie, combats, conspirations et enquêtes.

Pour résumer un peu cet univers, un Nephilim est un être magique et immortel, constitué à partir des cinq éléments (Eau-Air-Terre-Feu et Lune) sur les rives de l'Atlantide.

Les Nephilim vivent à travers les siècles en étant condamnés à s'incarner dans des corps humains (des simulacres), pour pouvoir vivre parmi les hommes. Ainsi, tout Nephilim poursuit sa quête mythique, l'Agartha, un état d'accomplissement spirituel.

Sans simulacre, le Nephilim flotte dans les champs magiques. S'il ne se réincarne pas rapidement dans un corps humain, il se dissout. D'où l'urgence de s'incarner pour pouvoir poursuivre sa quête ultime et devenir Agarthien.

Les Rose+Croix sont leurs ennemis. Selon cette société secrète constituée d'humains, les Nephilim et autres créatures magiques sont une menace pour l'épanouissement des humains. Ils veulent donc à tout prix les éliminer.



L'univers de cette saga est très riche et bien construit.

Dans ce roman, l'auteur mêle parfaitement bien le monde occulte des Nephilim à notre réalité.

Avec ce premier tome, nous sommes à Paris, en 2001, où nous suivons la vie de Jennifer, une étudiante à la Sorbonne.

Ayant des hallucinations depuis son adolescence, elle consulte régulièrement un psychiatre. Mais ses troubles vont l'entraîner vers une longue série de péripéties. Entre des meurtres, des poursuites en plein Paris et la magie qui n'est jamais bien loin, nous sommes immergés dans une sorte de polar fantastique vraiment captivant.



J'ai adoré la relation entre Lol et Wag. le personnage de Wag est à la fois mystique et attachant. Je pense et j'espère qu'on le retrouvera dans les tomes suivants.

Je trouve cet univers très bien travaillé, avec tout un vocabulaire qui lui est propre. Un glossaire des termes ésotériques est d'ailleurs en fin d'ouvrage.

Malgré tous ces termes inventés, le roman reste vraiment accessible, sans aucune difficulté de compréhension.

Même si l'histoire générale des Nephilim est vaste et complexe, l'auteur a la subtilité de transmettre les informations par bribes, tout en les intégrant intelligemment au récit. Ainsi, la lecture reste fluide.

Je pense que cet univers des Nephilim peut plaire à tout amateur de SFFF.

Je ne connaissais pas du tout le jeu de rôle et je ne suis pas familière avec ce genre de mondes, mais je me suis laissée transporter par le roman et je ne le regrette vraiment pas.

Il me tarde de lire les autres tomes pour découvrir les autres Nephilim de la fraternité de l'Hepta.



Un merveilleux périple magique à découvrir!
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Les orphelins du rail

Intriguée par cette superbe couverture, je me suis penchée un peu plus sur le résumé qui m'a beaucoup intriguée. La partie mystérieuse, la chasse au trésor et cette petite sensation de danger lié au fameux Lafcadio faisaient que je sentais que j'allais passer un très bon moment. Et cela a été le cas. Un roman jeunesse efficace qui mélange aventure, frissons et amitié.



Meli, notre jeune héroïne, vit dans un monde où les trains ont pris une énorme place. Véritables complexes de luxe, ils sont même divisés par thèmes : zoo, librairie, gastronomie, sport... Mais vous vous en doutez, seuls les riches peuvent avoir accès à ces transports. Si bien que lorsque le grand Magnat, créateur et propriétaire de tous ces chemins de fer, propose une grande chasse au trésor où seuls les orphelins de treize ans sont invités, le monde entier est intrigué. Et nous aussi, il faut bien le dire. Commence alors une course poursuite à travers le monde pour trouver les indices qui conduiront au fameux Adamant.



J'ai tout de suite accroché à l'idée de chasse au trésor. J'aime voir les personnages faire travailler leurs méninges et résoudre des mystères. On se prête au jeu, bien évidemment, mais il y a aussi cette adrénaline qui monte et qui vous donne envie de tourner les pages. L'idée des trains était aussi très intéressante, tout comme cette société très compartimentée et étrange. A travers Meli, on voit aussi cette lutte des classes, les injustices et le mépris, mais encore plus cette envie de se dépasser pour briser cette omerta et permettre à toute la population une vie meilleure.



Meli est un personnage assez froid au premier abord. Au fur et à mesure du roman, nous découvrons d'autres orphelins, et l'on voit combien il y a de différences entre elle et les autres. Pour Meli, sa vie se résume à survivre seule. Le monde entier n'est pas son ennemi, mais on sent qu'elle ne voit qu'une façon de s'en sortir : par elle-même. Difficile de s'attacher à elle au début, mais au fur et à mesure, elle découvre une autre façon de voir le monde, et l'entraide comme l'amitié commencent à fleurir dans son esprit. Et clairement, c'est le message que j'ai trouvé le plus réussi du roman. L'évolution du personnage en plus d'être intéressante, mais en avant de très jolies choses donnant cette impression de passer de moi contre le monde entier, à nous pouvant accomplir bien plus.



J'ai après eu un peu plus de mal avec certains points. Le suspens n'est pas très grand pour de nombreux éléments. Pour tout vous dire, je n'ai eu aucune surprise lors de ma lecture. Cela ne m'a pas empêcher de l'apprécier, mais les évidences étaient trop présentes. Je n'ai pas du tout aimé un des schéma de l'intrigue. Je ne vais pas pouvoir m'étendre plus pour en pas spoiler mais c'est le genre d'élément que je trouve très négatif et qui en plus s'installe durant presque la moitié du roman. Il y a aussi cette violence, pour moi non nécessaire. L'un des personnages commet des actes impardonnables. Nous sommes dans un roman jeunesse, et j'ai trouvé l'idée très en décalage avec le reste. Qui plus est vu l'âge du protagoniste... la cohérence n'était pas là. Et quand à la résolution de ce problème... je suis très mitigée car il est expédié à la fin et donne une sensation de facilité déconcertante.



Les orphelins du rail présente donc de très nombreux points positifs, avec des personnages attachants, une bonne dose d'aventure et une histoire d'amitié que j'ai beaucoup aimé. Je n'ai pas contre pas adhéré à certains éléments trop en décalage ou trop expédié par rapport à l'ensemble de l'histoire. Un one-shot qui cependant ravira les plus jeunes, je n'en ai aucun doute.



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Chevaliers de la Table Ronde

Un autre ouvrage de la collection "Mon carnet de mythes et légendes", toujours aussi bien fait. Les personnages sont présentés au début de chaque onglet, avec une histoire les concernant à la suite. Un très bon ouvrage pour la jeunesse. J'apprécie le fait que le livre présente une partie documentaire et une histoire.
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La trilogie Lana Blum, tome 1 : Décollage imm..

Lana, lycéenne de 17 ans, est un peu en froid avec sa mère. Heureusement, cette dernière est hôtesse de l'air et donc souvent absente, ce qui limite les clashes... Mais un soir, alors que Lana est seule, un appel de sa mère lui ordonne de quitter immédiatement l'appartement car elle est en danger. Et effectivement, un individu louche qui ne semble pas avoir des intentions amicales débarque. Lana se sauve par la fenêtre mais que faire maintenant, sans argent, sans papiers? Elle se réfugie à l'aéroport de Roissy et c'est le début d'une poursuite haletante dans toute l'Europe...



Malgré un scénario totalement invraisemblable tellement les mésaventures de Lana sont énormes, j'ai été happée par l'histoire que je n'ai pas pu lâcher avant la fin. Le suspense est extrêmement bien construit et je pense que ce roman marchera très fort avec les ados qui aiment les sensations fortes.
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La Niréide

De quoi, de quoi? On a retrouvé une épopée autant grecque que mythologique qui croise celles de l'Iliade, de l'Odyssée et de l'Énéide ? J'arrive, mon petit Commelin (« Mythologie grecque et romaine ») en poche pour les références.



Et effectivement, Fabien Clavel a osé compléter Homère avec la saga de Niréus, prince de Symé, héros méconnu de la guerre de Troie à peine mentionné dans l'Iliade. A l'instar d'Ulysse, le chemin du retour dans son île est compliqué. Lui aussi a irrité Poséidon en osant prendre la mer sans offrir de sacrifice (le dieu est susceptible). A l'instar de Jason et ses Argonautes, il réunit une bande qui donne une première impression de bras cassés, les Gorgônautes : l'aède aveugle Démodocos, l'esclave Alexiarès qui n'est autre que (chut), Dryops l'enfant poilu qui se révèlera être (chut), et bien sûr Rhomé la guerrière aux blancs cheveux qui n'est autre que (chut). Niréus croise la route d'un nombre effarant de connaissances mythologiques, donnant l'occasion à Démodocos de conter leur histoire. Les monstres tels que les gorgones, l'hydre, les Kères ne sont pas en reste. Et surtout, les dieux prennent part au récit en chair et en os, si j'ose dire. La Niréide en devient un condensé des mythes, une ambroisie merveilleuse qui enchante à tout âge.



J'avoue avoir été parfois exaspéré. Certains éléments scénaristiques (spoils !!!) m'ont paru capillotractés voire irréalistes. Les dialogues mordants entre Niréus et Alexiarès (celle-là avec malles qu'il faut trainer partout…) ou le comportement d'Héraclès retrouvant son épouse à deux doigts d'embrasser un autre homme, sont dignes du vaudeville, donc complètement décalés dans une épopée « sérieuse ». Même les dieux s'exprimaient de manière un peu trop détendue à mon goût. Je me suis fait une raison en me disant que je suis trop marqué par l'esprit tragique des récits d'Homère et les pièces de Sophocle, d'Eschyle ou d'Euripide.

L'explication est venue de la postface de l'auteur : les deux premiers livres – La Niréide est composé de trois livres – ont été auparavant publiés en littérature jeunesse. C'est cette composante jeunesse, même retravaillée, que je n'attendais pas et qui m'a gêné.



Mais cette gêne a été régulièrement balayée par le souffle et noyée par le flot de l'épopée. Emporté par les voiles de la Gorgô, j'oubliais mes griefs et m'abandonnais au plaisir des péripéties. L'auteur sait glisser des révélations à bon escient qui arrondissent les yeux et font tomber le menton. Il parvient à maintenir un conflit à deux niveaux. le premier est proprement cosmique ; la hiérarchie des puissances est mise en danger et Fabien Clavel montre qu'un auteur contemporain humaniste et postrévolutionnaire ne peut se satisfaire d'un monde entièrement dominé par des dieux égoïstes. le deuxième est plus proche de nous. Il concerne la recherche de la paix intérieure de Niréus, traumatisé par les horreurs de la guerre de Troie où il a eu sa part, perturbé par des parents impossibles à contenter, et affligé du syndrome de Poulidor : quoi qu'il entreprenne, un autre héros l'a mieux fait que lui. Les affres intérieures de Rhomé, où rage de vengeance et générosité s'affrontent, rendent des points à celles de Niréus.



Je ne peux que recommander à tous les amateurs de mythologie grecque de plonger dans ce roman qui, tout compte fait, m'a profondément ravi. Je remercie de tout coeur mon amie qui me l'a offert pour mon anniversaire.

C'était ma première rencontre avec Fabien Clavel. Ce ne sera pas la dernière. Dans sa postface, il annonce que La Niréide est le premier tome d'une trilogie thématique dont le deuxième tome concernera la mythologie arthurienne et le troisième la geste carolingienne. J'ai déjà hâte.

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Feuillets de cuivre

Découvrir le monde du steampunk avec les Feuillets de cuivre de Fabien Clavel est un véritable cadeau ! Donc tout d'abord un très grand merci aux éditions ActuSF et à Babélio pour cette superbe découverte.

N'étant pas, loin de là ,une spécialiste de ce genre de littérature je ne peux que vous retransmettre mes impressions de profane. Deux parties.La première une succession d'affaires résolues par le colossal Ragon.Nous le suivons donc dans une succession d'enquêtes et le voyons monter progressivement les échelons hiérarchiques. ( Il gravit plus vite les échelons que les marches d'escalier vu son obésité!) Sa passion: les livres, la littérature, son amour charnel Lise . Bien vite il devient veuf et seuls les livres et ses enquêtes lui permettent de survivre.`

Dans la deuxième partie les faits s'enchainent le passé ressurgit....

Le décor :Paris en cette fin du XIX ème , début du XXème siècle et surtout toujours et encore la littérature française , ils sont tous là Verne, Zola, Dumas Hugo bien sûr et beaucoup d'autres. Quelle richesse !

Pour un avis plus éclairé sur ce roman magique je vous propose d'aller lire les critique déjà publiées surtout celle de Dionysos qui m'a incitée à faire ce choix merci pour le cadeau et bravo Monsieur Clavel
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Feuillets de cuivre

Nous sommes dans ce Paris du 19ème siècle finissant. Celui des becs de gaz et des bruits de sabots sur les pavés glissants. Celui des hauts de forme, des cols empesés et des froufrous. Celui des mansardes et des escaliers sombres et interminables. On se remet à grand-peine du désastre de Sedan. Dreyfusards et antidreyfusards s'étripent. Les royalistes revanchards menacent la République bonhomme et bourgeoise qui tourne au grand Vaudeville quand le Président Félix Faure meurt subitement en « galante compagnie ».

Ragon, héros désabusé de ce roman sombre et ébouriffant, est un flic peu banal. A lui sont échues toutes les enquêtes un peu tordues, tous les meurtres sanglants, moitié sacrificiels, moitié cabalistiques qui marivaudent avec le surnaturel. Elles s'enchainent dans le chaos, les unes après les autres, avec leurs lots de doutes, de souffrance et de confusion. Je vois Ragon vieillir, perdre ses dernières illusions, obtenir un peu d'avancement, et prendre du poids. Enormément de poids. Au point de devenir gros comme trois hommes. Il a une manière bien à lui de résoudre ces enquêtes tortueuses en allant chercher des indices dans les livres. Car pour Ragon, encyclopédie vivante et fou de cette littérature qui lui permet d'oublier les misères de sa propre existence, tout est dans les livres. Nous voyons ainsi apparaître quelques monstres sacrés comme Jules Verne, Maupassant, Flaubert, Baudelaire , quelques autres, devenir acteurs dans les investigations menées par notre éléphantesque Ragon.

Arrivé au milieu du roman et à la troisième ou quatrième enquête, la lassitude commence pourtant à s'installer chez moi. J'ai peur que ce feuilleton dramatique se poursuive ainsi jusqu'à la fin : une suite d'enquêtes bizarroïdes sans lien entre elles sinon leur baroquerie et le fait qu'elles soient toutes élucidées grâce aux livres.

Apparaît alors l'anagnoste, un surnom tellement dans le ton de l'histoire, qui convoque Ragon à un duel d'esprit. Tout s'éclaire soudainement, et toutes ces enquêtes menées depuis le début, toutes ces citations d'écrivains qui émaillent le livre, prennent un sens.

Le roman verse brutalement dans l'uchronie ; je me rends compte que l'histoire racontée depuis le début n'est qu'un vaste trompe-l'oeil, une illusion cachant une autre réalité.

Finalement, je ne suis pas si mécontent d'avoir achevé ce livre qui fait partie de cette mouvance littéraire répondant au doux vocable de « steampunck » (traduction littérale : punk à vapeur !!!).

Une réserve, si je peux me permettre ! J'aurai préféré que ce livre soit moins « très brillant exercice de style » pour gagner en supplément d'âme.













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Feuillets de cuivre

A la fois enquête policière classique feuilletonesque du 19ème siècle et ensemble de références littéraires très nombreuses, Feuillets de cuivre nous mène à travers les enquêtes du commissaire Ragon à travers le Paris de la fin 19ème au début 20ème. Celui-ci se sert de la littérature pour résoudre ses enquêtes. C'est un vrai puits de sciences ou plutôt de lettres, il lit tout, il connaît tout des auteurs.

Celles-ci s'agrémentent de référence à un univers Steampunk, Clavel nous convie à de multiples enquêtes au coeur d'un Paris uchronique où la magie, l'éther, les hélices et autres démons existent pour de vrai.

Pioche du mois de décembre je remercie Jamik pour ce choix, ce livre aurait attendu dans ma PAL, et cela aurait été dommage. J'ai beaucoup aimé cette succession d'enquêtes, que l'on pourrait qualifier de nouvelles, s'il n'y avait finalement un fil rouge qui mène à une solution globale. Il faut attendre la toute fin pour en découvrir les tenants et les aboutissants.

Très agréable lecture.



Challenge Atout-Prix : avec le Prix Elbakin.net 2016 du meilleur roman de fantasy francophone et V&S Award 2015 du meilleur roman catégorie SF
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La Niréide

La guerre de Troie est terminée. Marqué par cette guerre qui semblait sans fin et par les nombreux illustres héros morts sur la plage troyenne, le prince Niréus entame le voyage pour retrouver son île natale, Symé, et sa famille. Tout comme Ulysse au même moment, Niréus va vivre de nombreuses aventures sur cette Méditerranée qui cachent de nombreux secrets !



J’ai eu un énorme coup de cœur pour cette magnifique épopée mythologique signée Fabien Clavel. Impossible de rester de marbre face à la documentation et la passion qui transpire de l’écriture de l’auteur. Accompagné par une plume poétique et travaillée, le récit n’en est que plus immersif. L’intrigue de ce roman est généreuse comme rarement j’ai pu en lire. Les aventures et les rencontres s’enchaînent et le récit ne souffre d’aucun temps mort. On y croisera des personnalités extrêmement connues (les Dieux grecs, Ulysse, Achille, les Amazones…) et d’autres beaucoup moins. Marqué psychologiquement et physiquement (par une balafre sur le visage), le jeune Niréus est un personnage passionnant à découvrir et surtout à voir évoluer. Avec ce personnage et ceux qui l’accompagne, l’auteur brasse de nombreuses thématiques comme la vengeance, la rédemption ou encore le pardon.



Fabien Clavel fait honneur aux récits mythologiques avec ce roman et nous partage sa passion pour ces aventures mythologiques. C’est un récit que je vous conseille fortement !
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Feuillets de cuivre

Quand je vois toutes les critiques positives écrites sur ce livre, je vais faire figure de vilain petit canard avec la mienne, qui va être nettement moins enthousiaste.



Je me suis accrochée pour finir Feuillets de cuivre, car, comme beaucoup, je voulais savoir le fin mot de l’histoire et ce qui reliait entre elles toutes ces enquêtes comme autant de nouvelles…



L’histoire est simple : nous suivons les investigations de Ragon, agent de la police criminelle – et sa montée en grade – à travers la lecture de ses carnets où il a pris soin de consigner chacune. Ce n’est pas la résolution des meurtres en elle-même qui est le moteur de ce livre, mais un savant jeu de piste littéraire organisé par un criminel dont on peine à identifier et l’identité et les motivations.



"Confession, tu touches à ta fin. Je n'ajoute plus rien, même si subsiste en moi la question : qui suis-je ?"



Franchement, même si je trouve cette idée superbe et originale, la lecture fut laborieuse pour moi et je ne vous cache pas que sans toutes ces critiques dithyrambiques, j’aurai abandonné bien avant la fin.



J’ai regretté aussi que l’univers steampunk soit si peu développé, à mon sens. Par contre, j’ai été séduite par Ragon : c’est un personnage rare. Se nourrissant tant de littérature qu’il finit par ressembler à sa bibliothèque : large et imposant mais tout autant subtile et précieux. Fabien Clavel a créé là, une personnalité atypique et complètement en accord avec l’histoire qu’il nous présente.



"Pouvait-on vivre uniquement dans des livres, à travers livres ? Oui, pour assourdir la rumeur ignoble du monde, ce cri vulgaire et souffrant qui lui vrillait le crâne à la manière des portes de prison qui grincent. Et puis oublier son tumulte intérieur aussi, cette noire marmite bouillonnant au rythme des souvenirs."



Certes, on ne peut que saluer l’ingéniosité de l’auteur qui fait un sans faute dans le dessein qui semble le sien : emmener par ricochet le lecteur d’œuvre en œuvre, d’auteur en auteur, en semant tout au long du récit, des références aux piliers de notre littérature. Mais cela ne m’a pas suffit pour m’approprier ses feuillets de cuivre. J’en suis la première navrée. Je me faisais une joie de découvrir ce livre…



Mais que cela ne vous décourage pas de le lire. Statistiquement, vous avez plus de chance de vous fondre avec bonheur dans l’univers de Fabien Clavel que pas…
Lien : http://page39.eklablog.com/f..
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Feuillets de cuivre

Livre lu dans le cadre de la pioche de Septembre 2016 et du challenge ABC 2016-2017.



Curieuse lecture que ce roman... Je remercie Nekomusume de me l'avoir prêté, il m'attirait beaucoup de part sa couverture très sobre et en même temps, très intrigante. Je comptais me l'acheter à la fin de cette lecture mais petit à petit, mon avis a changé et j'ai du me forcer à en continuer la lecture.



Le livre-objet est très beau dans ses tons bleutés et cuivrés qui rappelle la couleur bleue de l'éther cité dans dans l'histoire. La raison pour le Cuivre nous est expliquée au fur et à mesure de celle-ci même si cela reste très vague, noyée dans d'innombrables détails littéraires. Ce roman se passe dans un univers steampunk assez peu exploité en mon sens, on en aperçoit quelques détails au fil de l'histoire mais cela reste bien peu à mon goût. Par contre, l'auteur nous farcit le crâne de références littéraires en tous genres, dont je ne connais pas la moitié des titres alors que les artistes cités ne me sont pas inconnus.



On suit le même personnage durant toute l'histoire, policier de son état, sur différentes enquêtes retranscrites dans des Carnets tout au long de sa carrière et de son évolution. J'ai trouvé que les résolutions étaient d'ailleurs très courtes, pas plus de 50p la plupart du temps. Ces Carnets ne m'ont pas passionnés plus que ça mais je me suis forcée à en continuer la lecture car je voulais comprendre pourquoi il avait été un coup de cœur pour tant de lecteurs. Il faut attendre la 2ème partie, au bout de 175p, pour comprendre le but de ces Carnets et sur ces enquêtes aux résolutions sur fond de littérature, de jeux de mots et/ou d’œuvres d'art littéraire. La lecture m'a quand même paru bien longue par moments même si la 2ème partie est nettement plus intéressante, je suis bien contente d'en avoir vu le bout...



Comme vous l'aurez compris, cette lecture a été plus fastidieuse que prévue car même en aimant les enquêtes policières et les univers steampunk, la construction du livre m'a beaucoup dérouté, surtout qu'on ne comprend que bien trop tard que toutes les affaires sont liées. Si je ne m'étais pas accroché, je ne l'aurais pas su et je ne suis même pas sûre que cela m'aurait manqué. Je remercie Mladoria pour cette pioche, cela m'aura permis de le découvrir et surtout, de le renvoyer rapidement à sa propriétaire, qui me l'a gentiment prêté. Merci Nekomusume !! Si vous êtes amateurs de littérature décalée, je vous conseille donc de découvrir cet auteur et ses « Feuillets de Cuivre ». Pour ma part, j'ai d'autres livres de cet auteur dans ma PAL que je compte bien lire afin d'approfondir son style littéraire.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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La trilogie Lana Blum, tome 1 : Décollage imm..

Vive déception pour ce court roman. C'est le premier livre de cette nouvelle collection de thrillers pour ados et j'espère vraiment que je suis tombée sur le plus faible...

Certes, dès le départ, il y a du suspense et des mystères à résoudre mais certains éléments sont trop "gros" pour être acceptés. La jeune héroïne a besoin de voyager? Pas de problème, elle va se faire passer pour sa mère hôtesse de l'air. Elle ira même jusqu'à exercer cette fonction pendant un vol, sans que personne ne lui pose de question! Pas de ticket pour passer les portiques du RER? Pas de problème, elle est tellement mignonne qu'un passant lui en offre un! Et heureusement que son compère a plein d'argent, il lui offre des billets d'avion à tours de bras, pour espionner un gros méchant...

Y'en a qui ont de la chance quand même!

A ce stade là, je pense que c'est clairement prendre les ados pour des idiots. Certes, pour faire avancer l'histoire, il faut bien quelques facilités... Mais là c'est trop, et ça m'a clairement fait décrocher dès le début.

Et ce qui se cache derrière le complot, expédié en quelques lignes à la fin du livre, est tiré par les cheveux... et n'a, à mon sens, pas trop de sens pour un ado.... Vite lu, vite oublié!
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