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Critiques de Delia Owens (1459)
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Là où chantent les écrevisses

Un titre énigmatique pour un roman franchement splendide , un roman qui m'a été offert par les éditions du Seuil et Babelio par l'intermédiaire d'une Masse Critique privilégiée , Éditions du Seuil et Babelio à qui j'adresse un grand , très grand merci .Que ce livre soit de bonne facture , je m'en doutais car il avait déjà été mis en exergue dans ma librairie préférée, mis en avant par des libraires à qui j'accorde aveuglément toute ma confiance....

Celle qui va " illuminer " toute l'histoire , du début à la fin , c'est " la fille des marais " , la superbe Kya . Née sous une étoile flétrie , Kya se retrouve à vivre seule dans les marais de Barkley Cove , petite ville de Caroline du Nord....A dix ans , sa mère , ses frères et soeurs puis son père l'ont abandonnée dans un milieu hostile avec lequel elle va rapidement "faire corps" , par force , bien sûr. Survivre . Manger. Exister . Ce milieu , elle va l'apprivoiser au point d'en faire un allié , un milieu nourricier , d'abord "physiquement " puis intellectuellement, car de cette "fusion" naîtront de fort " belles choses" . Pour l'aider à se construire pour s'en sortir , quelques très belles personnes , Tate, Jumping et Mabel , Jodie , mais aussi , hélas, bon nombre d'opposants pleins de préjugés, racistes , prompts à juger , à accuser , à diaboliser , des humains , quoi .... C'est dans cette nature dans laquelle elle se fond que Kya puisera des ressources incroyables pour s'opposer de la plus belle des manières à la vindicte populaire qui n'aura de cesse de l'accabler . Un personnage de toute beauté, envoûtant , un personnage auquel on s'attache , à qui on va tout " passer " , pour qui on va vibrer....trembler ...qu'on va tout simplement aimer .

Ce livre , c'est un somptueux cadre d'une nature luxuriante hostile ou salvatrice , refuge impénétrable de toutes les misères humaines , milieu privilégié des opprimés et des exclus , ceux dont la Solitude est la principale compagne .Kya , et c'est bien là l'un des principaux thèmes du récit saura s'adapter à tout ...sauf à la Solitude qui va la conduire vers ...Et puis , ne l'oublions pas , il y aura aussi une enquête policière qui , si elle ne me semble pas de nature à détourner notre attention de l'essentiel , n'en demeure pas moins un élément très intéressant dans cette histoire , au point de rendre plus que remarquable le dénouement du roman .

La traduction est très agréable , alerte , efficace , le style fait qu'on lit sans peine un récit qui aurait pu "s'enliser " tant on va rester dans un milieu relativement clos et menaçant , tant par ses décors que par l'attitude des êtres désespérés qui y vivent et ...l'hostilité de ceux qui n'y vivent pas .

De multiples thèmes sociétaux sont abordés avec pudeur , certes , mais avec une force incroyable . C'est un livre qui donne à réfléchir, avec un petit côté " Tom Sawyer " pour le meilleur et " My absolute darling " pour le pire ....Un roman où la violence sans doute un peu " diluée " dans l'opulence de la nature , est perpétuellement présente .

J'ai adoré ce roman , je l'ai dévoré, il m'a touché, ému, beaucoup plu , interpellé.....Je peux me tromper , bien entendu , mais je ne serais pas du tout surpris qu'il recueille de très bons échos. Cet hymne à la nature nous ramène à des valeurs essentielles ....Et s'il suffisait de se rendre " là où chantent les écrevisses " ? Moi , j'y suis allé , c'est un monde qui ne se trouve pas sur les catalogues des voyagistes , oh non , il se trouve dans un très beau bouquin et coûte " vachement " moins cher .

Et même mon libraire a été séduit, alors ...Après , vous me connaissez , hein , moi , j'dis ça , j'dis rien ....C'est bien vous qui voyez....

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Là où chantent les écrevisses

Delia Owens, après trois ouvrages consacrés à la nature et aux animaux, réussit un magnifique premier roman que j'ai eu la chance de découvrir grâce à Babelio et aux éditions du Seuil.

En lisant Là où chantent les écrevisses, je me suis attaché aux pas de Kya, la Fille des marais. J'ai souffert avec elle. J'ai tremblé. J'ai espéré. J'ai été pétri d'inquiétude. J'ai été révolté mais j'ai vibré et j'ai surtout été émerveillé en découvrant toute les vies pullulant dans ces marais de la côte de Caroline du Nord, aux États-Unis.

Enfant, Kya qui se nomme en réalité Catherine Danielle Clark, est traumatisée par la violence d'un père qui boit et frappe cruellement femme et enfants. Ils vivent dans une cabane, loin de la petite ville de Barkley Cove, au coeur du marais. Un jour, Ma, sa mère, part sans se retourner et c'est le premier grand abandon subi par Kya avant que Jodie, le frère si précieux qui la protégeait, s'en aille à son tour.

Au fil des pages, Kya m'a entraîné dans les chenaux, dans cette nature sauvage, préservée – pour combien de temps ? – où elle ne cesse d'observer et d'apprendre. Ce livre regorge de descriptions vivantes, imagées, au fil des découvertes et des habitudes de Kya et je me suis régalé à chaque fois malgré une certaine tension omniprésente, même dans les moments les plus calmes.

Les services sociaux tentent de l'envoyer à l'école mais elle ne supporte pas les moqueries plus d'une journée, préférant continuer à apprendre au coeur de la nature, donner à manger aux oiseaux sur la plage, recueillir, observer mais elle souffre de la faim et ne sait ni lire, ni écrire.

Sans révéler trop de détails, je dois parler de ces deux amours : Tate et Chase. L'un est toute discrétion, dévouement, lui apprend à lire, à écrire et à compter mais doit partir à l'université. L'autre est la coqueluche des jeunes filles de Barkley Cove et c'est justement sur la découverte de son cadavre que débute le roman, en 1969.

Les dates sont très importantes, précisées au début de chaque chapitre puisque l'auteure remonte en 1952 et c'est la vie de Kya (six ans) qui défile en alternance avec ces mois décisifs de 1969. Solitude est le mot qui revient le plus souvent et j'ai été déchiré à chaque abandon, à chaque raté, à chaque occasion gâchée. le bonheur semblait à portée d'un sourire, d'un contact accepté mais l'héroïne, désabusée par tant d'échecs, préfère la fuite, préfère disparaître dans cette nature qu'elle connaît mieux que les plus grands scientifiques. Elle se réfugie aussi dans la poésie lorsqu'elle est au plus mal ou lorsqu'elle veut conserver quelque secret mais… pour savoir, il faut lire Delia Owens !

Je n'oublie pas de citer Jumping et Mabel, ce couple admirable, si important pour Kya. Enfin, il faut le dire, il y a un procès, une tension insoutenable où le défilé des témoins et leur questionnement révèlent une fois de plus toute la fragilité d'une justice rendue par des humains, sur des mots plus ou moins habilement exploités.

Magnifique découverte, Là où chantent les écrevisses, ce lieu isolé où la nature et Kya retrouvent calme et tranquillité, a été un régal de lecture !


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Là où chantent les écrevisses

Quel sublimissime hymne à la nature!Que ce roman m’a émue qu’il est infiniment beau, touchant et inoubliable. Un émerveillement pour les sens. Le livre débute par la découverte du cadavre de Chase Andrews, jeune adulte du pays, dans le marais côtier d’une ville de Caroline du Nord. Le shérif soupçonnant un meurtre, une enquête est ouverte. Deux récits s’entremêlent: l’enquête policière d’un côté, et l’histoire de Kya de l’autre étalée sur une vingtaine d’années.

Années 50, alors qu’elle vit avec sa famille dans une vétuste cabane isolée du marais, Kya n’a que six ans lorsque sa mère et ses frères et sœurs fuient à peu d’intervalle leur père et mari violent et alcoolique. Désormais seule, cette petite fille sauvage et timide sera rejetée et déshumanisée par les habitants de la ville. « La Fille des marais » doit s’adapter pour survivre dans un milieu à priori dangereux mais « l’ignoble marais » s’avérera être un refuge salutaire. Cet écosystème regorge d’espèces vivantes devenues élémentaires à sa survie surtout que Pa s’absente pendant des jours la laissant seule dans l’incurie. Manquant de tout, souffrant la fin et le froid, le marais l’apaise, la soigne « ...le marais devint sa mère ». Connectée puissamment à son environnement « elle sent pulser la vie parce qu’elle est en lien direct avec sa planète » et ce lien est si bien retranscrit par l’auteure qu’il trouve un fort écho chez le lecteur.

Kya apprend tout de la nature et du monde sauvage qui « l’avait nourrie, instruite et protégée quand personne n’était là pour le faire ».

Grande observatrice de la nature, très créative elle consigne ses observations, collectionne plumes et coquillages et peint avec précision son milieu de vie. On la suit dans son parcours atypique d’amours déçus en accusations non fondées, de rejets en privations de liberté, de ses premiers émois d’adolescente à l’affirmation de soi, de souffrance à résilience dans un décor aux descriptions fabuleuses. Le jeune Tate tombera amoureux d’elle et lui apprendra à lire jusqu’à ce qu’il l’abandonne à son tour pour partir faire ses études. Et puis elle rencontre Chase qui lui fait miroiter une autre vie...Les deux récits finissent par se rejoindre et le dernier tiers du roman très cinématographique et particulièrement addictif débouche sur un final bouleversant et inattendu.

« la Fille des marais » par sa trajectoire exceptionnelle deviendra légende et symbole de liberté. N’hésitez pas à embarquer avec Kya sur son bateau en compagnie de ses fidèles oiseaux, éclairé par les astres et les lucioles la nuit pour arpenter les chenaux de son marais mystérieux, sauvage, grouillant de vie afin qu’elle vous mène le cœur serré et le frisson sur la peau jusqu’à la source, l’essentiel : là où l’on entend encore le chant des écrevisses.

Sublime.

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Là où chantent les écrevisses

Ce roman est une pépite, une histoire à la fois passionnante, magnifique dans un style épuré, poétique et palpable. Une histoire qui nous fait lever les yeux là où brillent les lucioles dans la nuit.



L’histoire est celle de Kya qui très jeune se retrouve abandonnée par les siens au cœur du marais. Un climat familial difficile avec un père agressif et brutal que chacun fuira les uns après les autres laissant la petite dernière Kya seule avec ce monstre jusqu’au jour où lui aussi partira.

La solitude mais aussi la nature bienveillante la façonneront. Le marais deviendra sa mère. Du haut de ses dix ans, Kya devra se débrouiller, ce ne sera pas toujours facile, analphabète, craintive, naïve, elle deviendra une petite Robinsonne. Bercée dans cet environnement vert et isolé de tout, Kya n’aura de cesse de contempler et d’observer le fourmillement de la vie autour d’elle, se passionnant par les goélands, les coquillages, l’herbe, les oiseaux, elle deviendra la fille des marais, la fille-terre, la fille-arbre, la fille que personne ne voit si ce n’est que comme une bête curieuse.



Elle fera des rencontres qui elles aussi la façonneront, des heureuses et des mauvaises.



Ce roman m’a passionnée du début à la dernière page. J’aurai aimé qu’il ne s’achève pas tant je m’y sentais bien. Il y a le poumon de la terre dans ce chant des écrevisses, une nature exacerbée et mise à l’honneur de façon magistrale. Le personnage de Kya est travaillé, complexe, attachant comme jamais. Même au summum de mon extase littéraire, l’auteure me surprend encore et présente vers la fin un chat avec son mini rôle bien à lui. Quoi demander de plus. J’ai tout aimé dans ce livre. Un gros coup de cœur.

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Là où chantent les écrevisses

Grand coup de cœur pour ce roman comme pour beaucoup d'entre vous, je crois.

Delia Owens, raconte en parallèle deux histoires. L'une commence en 1952, lors du départ de la mère de Kya et l'autre en 1969, lors de la découverte du cadavre sous la tour de guet de Chase Andrews. Les deux vont finir par se croiser.

Le roman se déroule dans le Comté de Barkley, en Caroline du Sud.

Difficile de rester insensible lorsque cette fillette Kya, de son vrai nom Catherine Danielle Clark est abandonnée dès l'âge de six ans, d'abord par Ma, sa mère, qu'elle espèrera toujours voir revenir puis par Jodie, son plus jeune frère, ses autres frères et sœurs étant déjà partis. Tous ont fui le père alcoolique et violent. Elle va devoir apprendre à survivre auprès de lui dans une maison précaire perdue au milieu du marais. Le père finira par disparaître lui aussi. Le marais sera sa seule famille et son refuge naturel. Cette enfant fragile mais curieuse et débrouillarde et surtout très proche de la nature apprend vite à cuisiner, à pêcher pour ensuite échanger moules et poissons contre des vêtements et du carburant pour sa barque. C'est Tate, un jeune garçon qui, avec une grande patience va l'approcher et lui apprendre à lire et à écrire et pour un temps l'aider à vivre sa solitude. Il l'abandonnera à son tour pour ses études.

En parallèle, donc, deux gamins découvrent le corps sans vie de Chase Andrews allongé sous la tour de guet et alertent aussitôt le shérif. Bien vite il va s'avérer qu'il ne s'agit pas d'un accident et une enquête va être ouverte, enquête qui est un élément important du roman.

Ce qui est magnifique dans ce roman comme la belle couverture nous le fait pressentir, c'est la nature dans laquelle nous immerge l'écrivaine, une nature luxuriante qui sera le refuge de Kya. C'est en parlant aux oiseaux, en les nourrissant, en collectionnant les plumes et en les peignant, en observant les coquillages, les herbes qu'elle arrive à grandir et à surpasser cet isolement et cette solitude : un magnifique destin de femme, un destin hors normes. Ce marais qui relie la terre à l'océan est quant à lui un personnage à part entière.

Là où chantent les écrevisses est un roman plein de poésie, de sensualité, de délicatesse, de pudeur. Quel moment sublimement décrit et émouvant, par exemple, lorsque Kya a ses premières règles... Mais c'est aussi un roman qui aborde le racisme avec toute la cruauté qu'il représente, racisme envers l'homme de couleur, envers l'autre tout simplement qui vit différemment.

Il n'est guère surprenant que ce premier roman de Delia Owens, zoologue et écrivaine, véritable hymne à la nature et à la liberté, à la force que l'on porte en soi, soit déjà pressenti pour une adaptation au cinéma ! Un roman qui peut révéler également de grosses surprises.


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Là où chantent les écrevisses

Aujourd'hui, je sais — oh oui je sais ! —, que je vais ENCORE m'attirer les foudres d'une myriade de lecteurs ou lectrices enflammé(e)s, qui vont cracher, hurler, fulminer, s'indigner, sortir les cageots de tomates pourries, tourner le dos définitivement, et toute l'armada d'actions vindicatives que vous pouvez imaginer, m'accuser de ci ou de ça en face, et de bien plus par derrière ; je commence malheureusement à être habituée depuis le temps, à chaque fois que j'écris des critiques ouvertement négatives et à contre courant de la majorité...



Aussi est-il urgent, plus que nécessaire, de préciser, de re-re-re-repréciser que ce que je vais exprimer n'est nullement une VÉRITÉ, mais seulement et uniquement MA vérité, qui plus est, ma vérité du moment, car chacun sait que nos propres opinions à propos des mêmes ouvrages sont parfois sujettes à fluctuations au cours de nos existences.



Sans suspense aucun, donc, à mon misérable avis, donc, qui n'est que mon avis, donc, je considère que ce livre est pauvre de chez pauvre, indigent de chez indigent, voire un peu en dessous. Et, selon moi, si Camille Saint-Saëns a composé le Carnaval des animaux, Delia Owens a composé le carnaval des stéréotypes, clichés et autres poncifs ou archétypes.



D'aucun(e)s me rétorqueront que ce livre est un best seller, que des millions de gens ne peuvent pas avoir tous plébiscité un ouvrage moyen voire faible. C'est un argument, c'est vrai, mais — j'ai vérifié — la vidéo la plus vue sur le web en 2023 est « Baby shark » de Pinkfonk, une musique sensationnelle au synthé, des séquences répétitives de 2 mots dont l'un revient à chaque fois et des gamins qui se trémoussent en ayant l'air stupide, oui, cela suffit à faire un carton.



Si je file la métaphore sur le plan alimentaire, le succès du Nutella et du hamburger-frites ne se dément pas. Est-ce à dire que c'est un gage absolu et avéré de qualités nutritive et gustative ? Libre à chacun de le penser... Bon, mais argumentons, sur l'ouvrage en lui-même, car ce ne sont là que des comparaisons, et vous connaissez le proverbe, comparaison n'est pas raison.



Alors voici une petite fille, née en 1945, dont on nous narre les aventures à partir de 1952 jusqu'en 1970. Vous avez noté, 7 ans au départ. À 7 ans, donc, notre brave et charmante Kya, diminutif de Catherine Clark (ah ! diminutifs américains de mes rêves, comme je vous aime ! j'ai déjà parlé une fois des Bob et des Chuck, mais là, Kya, un nom de bagnole, c'est pas mal non plus, dans le genre) se fait abandonner par sa mère.



Laquelle mère est une femme aimante, sympa, géniale, mais, mais, mais, battue, cliché n°1, par un mari minable, boiteux, alcoolique et violent, cliché n°2. La mère aimante, sympa et géniale, donc, se barre en laissant la gamine la plus jeune de la fratrie, invraisemblance n°1. Les autres frangins/frangines plus âgés foutent le camp également, on ne sait pas trop comment, ils sont d'ailleurs tous fantomatiques, hormis l'un d'entre eux, qu'on reverra plus ou moins plus tard pour les besoins de la narration larmoyante de bas étage. Mais ça c'est pour plus tard...



Pour l'heure, Hyundai, euh... Kya, pardon, se retrouve seule avec cliché n°2, qui risque de la bastonner, l'abuser, maltraiter, que sais-je, mais, mais, mais, non, non, non, il faut évaporer cliché n°2 afin que Kya deviennent une enfant sauvage, stéréotype n°1.



Voici donc une gamine de 7 ans, dans un marécage, j'ai oublié de vous le préciser, et pas le marais poitevin ou la baie de Somme, non, un bon vieux gros marécage farouche, du genre bayou la gadoue version Caroline du nord, stéréotype n°1, donc, qui à 7 ans sait démarrer le bateau à moteur de cliché n°2, formant l'invraisemblance n°2, lequel bateau à moteur dont on nous précise qu'il est déjà sub-claquant en 1952, tiendra plus de quinze ans sans défaillir jamais, invraisemblance n°3 pour quiconque a déjà manipulé ce genre d'engin, qui plus est à l'époque, mais passons.



Stéréotype n°1 n'ira donc jamais à l'école en semant tous les agents fédéraux venus la chercher, invraisemblance n°4, en coupant elle-même son bois de chauffage et de cuisine à la main durant toutes ces années, invraisemblance n°5, en ne tombant jamais malade pieds nus et les mains dans la vase toute la journée, été comme hiver au milieu des moustiques et des infestations de microalgues, invraisemblance n°6, vivra pendant plus de quinze ans exclusivement de la vente de moules, récoltées elles aussi été comme hiver, bien entendu, invraisemblance n°7, sans jamais se raréfier là où stéréotype n°1 les collecte abondamment.



Bon, bon, bon, mais encore, il manque quelques clichés, vous ne trouvez pas ? Alors mettons, cliché n°3, Chase, le bellâtre mais qu'est pas sympa en vrai et qui court les filles pour faire rien qu'à les plaquer ensuite ; cliché n°4, le gentil brave garçon qui l'est amoureux d'elle depuis l'enfance et qui l'en dévie jamais sauf pour les besoins de la narration et qui lui apprend à lire en lui échangeant des plumes de croupion de piafs qu'elles sont sensationnelles comme plumes et que personne ô grand personne n'en a jamais rien vu de telles, et que lui, Tate, alias cliché n°4, il va devenir un grand scientifique gentil, avec un gentil bateau à moteur qui va venir étudier le gentil plancton dans le gentil marécage à la gentille Stéréotype n°1. Ouaiiiis !



Tous les gens blancs y sont tous méchants, cliché n°5, sauf le gentil, gentil Jumping, un pompiste noir, cliché n°6, le seul qui a réellement compris tout le potentiel insoupçonné de Stéréotype n°1 et qui lui achète ses moules sans défaillir pendant des décennies.



Le problème, bien entendu, c'est qu'un jour, cliché n°3 est retrouvé mort dans le marécage ; tous les clichés n°5 pensent que la coupable c'est Stéréotype n°1, sauf clichés n°4 et n°6. Entre temps, Stéréotype n°1 a tellement appris à lire grâce à cliché n°4, qu'elle s'enfile des bouquins universitaires sur la biologie des marais, invraisemblance n°8, qu'elle finit par écrire elle-même des bouquins scientifiques de haut vol, invraisemblance n°9, qui sont tellement bien, ses livres sur la microfaune des marais que tous les éditeurs se battent pour la publier, invraisemblance n°10, et que les bouquins s'arrachent, invraisemblance n°11, et permettent à Stéréotype n°1 d'en vivre correctement rien qu'avec les droits d'auteur, invraisemblance n°12.



On n'imagine pas, il est vrai, combien dans les années 1960 les gens étaient prêts à tuer pour mettre la main sur un livre universitaire traitant des libellules ou des copépodes, c'est pas croyable, c'était une vraie folie, il fallait au moins trente vigiles devant le rayon marécage de toutes les librairies du pays.



Je vous ai épargné une bonne cinquantaine d'invraisemblances, une bonne centaines de clichés, un petit milliard de stéréotypes le tout conduisant au virage " policier " du roman. Attention les amibes, là, question policier, ça dépote, c'est du grand, grand...



... vous savez quoi ? Je vous laisse mettre le mot que vous voulez tellement c'est bon, c'est puissant, c'est du jamais lu. Et à la fin, le gentil cliché n°4 et la brave wonderwoman Stéréotype n°1, ils vécurent heureux et... mince, au risque de vous heurter, j'ose vous apprendre que ce couple ô combien crédible, intéressant psychologiquement et à tous égards n'aura pas d'enfant. C'est-à-dire, le contre-cliché, qui est lui-même tellement un poncif, qu'il est devenu un cliché.



Bref, une soupe, du début à la fin, aussi limpide et appétissante que l'eau du marécage où elle est née. Une fois encore, malgré les avis que j'avais pu lire, le profil de l'auteure, qui m'avait attirée, c'est raté en ce qui me concerne pour ma quête du premier grand roman du XXI ème siècle. Voici un livre qui ne sort jamais de son écriture scolaire et de son intrigue improbable et cousue de fil blanc. Noyer le lecteur sous des hectares d'eau stagnante, sous une faune et une flore données, aussi intéressantes puissent-elles être dans l'absolu — et ce n'est pas la biologiste marine de formation que je suis qui le démentira —, n'a jamais suffi à faire d'un roman un grand roman. Car un grand roman, je le rappelle, au risque de me répéter, ce sont de grands personnages, des personnages marquants et crédibles, pas une ribambelle d'archétypes foireux accolés les uns aux autres. Mais ça n'est que mon avis, bien sûr, et vous connaissez ma ritournelle.
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Là où chantent les écrevisses

Ce roman a un charme irrésistible qui m'a complètement emportée ...



... malgré des rebondissements téléphonés au niveau de l'enquête ( dès le prologue, on sait qu'un jeune homme a été retrouvé mort dans le marais )

... malgré son petit côté bluette

... malgré son idéalisation de la pauvreté rurale et de la vie enchantée au contact de la nature

... malgré un certain monochromatisme pour dépeindre les personnages secondaires, peu complexes

... malgré l'invraisemblable polymathie de l'héroïne Kya, enfant sauvage illettrée se muant en une écrivain-artiste-poète-scientifique reconnue.



Mais voilà, il y a Kya, et Kya, c'est juste un des ces personnages féminins inoubliables comme je les adore, originale et vivante, survivante. La fille des marais de Caroline du Nord, abandonnée par tous les membres de sa famille, les uns après les autres, devenue paria accusée de meurtre. Elle restera en moi. On la découvre à 6 ans, livrée à elle même, à peine au contact des hommes, et pourtant ne pouvant pleinement renoncée à son humanité. On la voit grandir de 1952 à 1970. Chaque page palpite de Kya et de sa volonté à rompre sa solitude, quitte à accéder à la douleur et la déception. La ligne émotionnelle est tenue, forte, persistante, mais ne tombe jamais dans le pathos ou le voyeurisme.



En fait, ce roman est un conte quasi intemporel sur le passage à l'âge adulte et Delia Owens une merveilleuse conteuse, à l'ancienne, avec sa morale dénonçant l'étroitesse d'esprit, avec ses personnages vertueux ( magnifique couple formé par Jumping et Mabel, les parents de substitution de Kya, des Afro-Américains ) et ses « méchants » issus de la petite communauté de Barkley Cove, étroite d'esprit, à la recherche de boucs émissaires si on sort de la norme. La fin avec son surprenant petit twist laisse un sentiment d'accomplissement, ce que font toujours les histoires bien racontées.



Au-delà du destin exceptionnel de Kya, ce sont les pages célébrant la symbiose établie entre Kya et la nature turbulente du marais, devenue sa mère, que j'ai savourées. le décor filmique remplit la tête d'images vives qui restent ancrées jusqu'à la dernière pages. Avec son lyrisme justement dosé, empli de chemins sablonneux et de lagunes vertes, de chênes et de sycomores, de bosquets de palmiers nains, de dindons sauvages, hérons et phaétons. Delia Owens est zoologue, spécialiste de la faune africaine ; elle transmet en toute simplicité tout son amour pour la nature, qu'elle soit faune et flore.



Et puis, il y a ces poèmes qui ponctuent et rythment toute la deuxième moitié du récit. Des extraits d'Emily Dickinson, par exemple, ou de la poétesse fictive Amanda Hamilton. Je les attendais avec impatience. Respirations apaisantes pour Kya plongée dans la tourmente d'un procès, comme pour le lecteur. Reflets des pensées les plus profondes de Kya, jusqu'à ce que l'ultime révèle tout ce que le lecteur n'avait pas su voir.



Lu dans le cadre d'une Masse critique privilégiée
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Là où chantent les écrevisses

Les marais proches de la ville de Barkley Cove, en Caroline du Nord, ont de tout temps abrité une population marginale et misérable venue y chercher refuge. La famille de la jeune Kya y vit des maigres revenus tirés de la pêche par le père, alcoolique et violent. En 1952, lorsque la mère finit par s'enfuir, les frères et soeurs ne tardent pas à déguerpir eux aussi, laissant Kya, âgée de six ans, aux seules mains paternelles. Puis le père disparaît à son tour, et l'enfant se retrouve livrée à elle-même. Elle grandira dans le plus grand dénuement et la plus profonde solitude, tirant sa subsistance du marais et restant en marge de la petite ville voisine, où se développent à son encontre les pires rumeurs et préjugés. Mais le monde de Kya et celui de ses voisins finiront bien par se rencontrer, et de nouveaux drames surgiront...





Construit en de multiples allers retours entre les jeunes années de Kya et 1969 où la police cherche à élucider un meurtre, le récit comporte ce qu’il faut de péripéties pour maintenir constamment éveillé l’intérêt du lecteur, même si le fond de l’intrigue se laisse assez rapidement entrevoir. A vrai dire, le point fort du roman ne m’a pas tant semblé l’histoire qu’il raconte, agréable mais quand même moyennement crédible et très centrée sur une romance plutôt convenue, mais bien davantage sa tonalité à dominante nettement naturaliste : biologiste spécialisée dans le comportement animal et la recherche sur les espèces en danger, l’auteur nous convie à une véritable immersion au sein de la faune et de la flore de ce grand marais américain, au fil de dépaysantes évocations d’un environnement à la beauté singulière, et d’observations éthologiques curieusement assorties de comparaisons aux agissements humains.





Ce qui aurait risqué de demeurer une romance insipide et peu crédible devient ainsi un agréable voyage dans une contrée sauvage, en compagnie d’un guide biologiste capable de vous faire découvrir les lieux les plus secrets et les plus magiques, là où chantent les écrevisses.





Merci à Babelio et aux Editions du Seuil de m'avoir offert cette lecture.


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Là où chantent les écrevisses

Quel plaisir de tourner les pages en compagnie de Kya, la fille des marais, la laissée pour compte, trahie, abandonnée par tous ceux qui lui sont chers!



Le père est si violent que sa mère fuit la maison qui aurait été fatale, et les frères et soeurs ne tardent pas à s’éloigner eux aussi, laissant la fillette en compagnie de cet homme si peu fiable. Jusqu’à ce qu’il disparaisse lui aussi.



Kya n’a pas une nature à se laisser dépérir, et organise sa survie, aidée par la présence et le soutien discret, de Mabel et Jumping, qui tiennent la station service en bordure du marais. C’est dans la masure qui servait de logement à la famille, dans un décor minimaliste, qu’elle observe, son environnement, incollable sur les oiseaux, les herbes les coquillages , elle qui ne sait pas lire.



Les années passent, Kya grandit, et Tate, l’ami de toujours parvient à l’apprivoiser, et lui apporte une aide fondamentale, en lui apprenant la lecture.



Le roman, clairement inscrit dans le mouvement de nature-writing, s’apparente également à ces romans très américains qui racontent la destinée étonnante de personnages voués par leurs origines ou leur histoire familiale à une survie précaire et qui malgré tout s’en sortent avec les honneurs. C’est ici ce qui rend l’héroïne si sympathique, et crée le manque lorsque l’on doit la quitter.



Pour renforcer l’addiction et éviter que le récit se borne à des mièvreries, un meurtre vient pimenter l’histoire. Et parallèlement aux années qui passent dans le marais, l’enquête sur la mort de Chase Andrews focalise le récit sur une courte période de l’année 1970.





Très bon roman, un grand plaisir, tant pour l’empathie que suscite Kya que pour le séjour au coeur de ce marais grouillant de vie.


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Là où chantent les écrevisses

C’est l’enfant sauvage. Elle se prénomme Kya, « la fille des marais » qui, toute petite déjà, vivait quasiment seule dans cet univers marécageux de la Caroline du Nord.



Voici donc une héroïne originale et attachante, ainsi que de chouettes panoramas, pour une gentille fable à l’américaine, tendre et violente à la fois.



Pourtant je l’ai parcourue sans réel enthousiasme. L’histoire un peu mièvre, la narration parfois malhabile, d’étranges variations de temps grammatical ou la médiocre qualité des dialogues ont régulièrement nui à la fluidité de ma lecture, compromettant trop souvent, de par le fait, le plaisir de m’immerger dans la destinée de Kya.



Je sais le succès que rencontre ce roman depuis sa sortie, mais de mon côté vraiment il aura manqué profondeur et qualité d’écriture pour parvenir à toucher mon âme de vieille bique intraitable.




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Là où chantent les écrevisses

Barkley Cove, 1952. En ce matin brûlant d'août, Kya, âgée de 6 ans, est étonnée d'apercevoir sa mère, une valise à la main, qui descend le chemin sablonneux. Sans un regard en arrière. Pendant des jours, la jeune fille attendra impatiemment son retour. En vain. Puis, à leur tour, les trois aînés quittent la cabane des marais. Ne reste que son père et Jodie qui, malheureusement, ne tarde pas à s'en aller. Abandonnée par les siens, Kya doit maintenant supporter le caractère colérique de Pa, son alcool mauvais et ses longues journées d'absence. Loin de la civilisation, au cœur du marais qui deviendra son seul refuge, elle devra apprendre à vivre et survivre...

Barkley Cove, 1969. Deux gamins découvrent, horrifiés, le corps sans vie de Chase Mathews dans le marécage, au pied de la vieille tour de guet. Une mauvaise chute ? Un crime ? Sur place, le shérif Ed Jackson et son adjoint sont surpris de constater l'absence d'empreintes...



Tout à la fois hymne à la nature sauvage, récit initiatique, roman d'amour(s) et thriller juridique, Là où chantent les écrevisses nous plonge au cœur des années 50 et 60 et nous dépeint, avec force et passion, la vie de Kya. Délaissée à tour de rôle par les siens, sauvage, débrouillarde, indépendante et farouche, Kya ne pourra compter que sur elle-même et le marais, devenu sa seule famille. C'est dans ce décor qu'elle se passionnera pour tout ce qui l'entoure (oiseaux, insectes, coquillages...) et qu'elle se laissera timidement approcher et apprivoiser par Tate. Une relation décrite avec pudeur et subtilité. Alternant l'adolescence et l'apprentissage de Kya avec l'enquête policière sur la mort d'Andrews Chase, ce roman est avant tout une véritable ode à la nature, où faune et flore sont des personnages à part entière. Delia Owens nous offre un magnifique roman, émouvant, empreint d'humanité et servi par une plume sensible...
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Là où chantent les écrevisses

Trois raisons me conduisent à mettre cinq étoiles à ce roman qui m’a été adressé dans le cadre d’une opération Masse critique privilégiée. Je remercie à cette occasion les éditions du Seuil et Babelio.



Ce roman est bien écrit. D’une facture agréable il suit une logique basée sur des retours sur le passé chaque fois que cela est nécessaire sans pour autant alourdir le texte.



L’histoire est singulière et permet à l’auteure de disposer ça et là et d’une façon on ne peut plus habile de nombreuses informations sur le comportement animalier. Les personnages sont pour certains attachants pour d’autres repoussants mais tous ont un parcours déroutant, fort et rugueux tout comme le décor si brillamment décrit, situé dans le marais de Barkley Cove une petite ville de Caroline du Nord.



L’intrigue, l’enquête et le point final font monter la pression tranquillement mais sûrement. Le lecteur n’a pas envie de lâcher passant d’une furieuse envie de protéger, de prévenir, de frapper, de s’insurger ou de comprendre, mais il est là au cœur du marais à « l’ombre sur la souche du chêne ou au soleil sur la plage » entouré des oies sauvages, des grues, des insectes et des coquillages.



« Des kilomètres d’herbes fanées, ayant dispersé leurs graines, penchaient la tête d’un air vaincu. Le vent se déchaînait, et agitait les tiges sèches dans un vacarme assourdissant. » et l’auteure, qui comprend la nature, l’investit et nous l’offre en écrin pour traiter de la liberté, de l’abandon, de la séparation et surtout de la rumeur. La rumeur qui enfle au fil des pages, qui éclabousse entrainant au passage des conséquences terribles, des blessures tenaces et des actes manqués.



Je ne présente pas les personnages. Je précise simplement qu’ils s’intègrent à la faune animale certains féroces en diable, d’autres farouches, d’autres plus sociables mais tous qu’ils aient un profil obscur ou lumineux sont nécessaires à la trame voulue par Delia Owens. Un monde sauvage de beauté et de lutte acharnée. Un monde où la vraie richesse consiste à observer une luciole ou à nourrir les oiseaux de mer, où le confort absolu ne peut exister sans une solitude consentie.



La fin m’a semblé un peu édulcorée. Est-ce à dire qu’immergée dans un contexte inhabituel, ressentant un risque imminent à chaque chapitre, je me suis habituée à l’ambiance du marais, à ses ombres, ses « on-dit » et qu’une fin un peu plus tourmentée me semblait sans doute plus logique.

Un excellent moment de lecture. Une rencontre insolite avec la nature dans ce qu’elle a de plus grandiose, avec la faune dans ce qu’elle a de plus extravagant et avec des personnages que pour ma part je n’avais jamais rencontré.



Un très bon roman.

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Là où chantent les écrevisses

Enorme coup de coeur ! de ce roman j'ai apprécié toutes les composantes :



d'abord l'histoire, la belle et insoutenable histoire d'une fillette livrée à elle-même, éduquée par la nature, fille du marais, son royaume, bien plus riche que le plus riche des habitants de la ville voisine, riche de connaissances qu'elle a acquises seule, riche du marais qui est sien contre vents et marée, riche de cette vie qui foisonne autour d'elle, riche .... et seule...



Ensuite cet équilibre des personnages, entre altruisme et méchanceté, de belles personnes et de tristes individus, et enfin cet écrit poétique que nous offre l'auteur, un texte magnifique texte que je me suis surprise à lire à voix haute pour faire sonner les mots. Une belle ode à la nature et une invitation à accepter ce qu'elle nous offre et ce qu'elle peut reprendre.



Ce récit possède tout ce qu'il faut pour accrocher le lecteur : une héroïne d'une finesse inouïe avec ses doutes, ses certitudes, ses peines, ses amours, la vie d'une petite communauté à laquelle on s'attache volontiers, un certain suspens généré par la découverte du corps de ce jeune homme, et la question que cet événement suscite, une plongée progressive dans l'histoire qui permettra de découvrir peu à peu les personnages et qui dévoilera ses secrets avec parcimonie jusqu'à la fin, récit admirablement structuré et savant dosage de l'information délivrée par l'auteure.



Pas d'ennui, pas de longueur, mais de la poésie et encore de la poésie dans ce monde de brutes.


Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Là où chantent les écrevisses

A la recherche du temps perdu ? Bien sûr que non ! Car c'est pour des livres comme celui-ci que je passe du temps sur babelio à la recherche de nourriture littéraire ; je suis bien souvent affamée... Merci du fond du coeur aux lecteurs qui postent leurs ressentis desquels j'ai soutiré cette merveilleuse idée de lecture qui m'a offert une pause enchantée. Car je rejoins l'impressionnante quantité de critiques favorables pour un livre qui recueille, au moment où j'écris mon ressenti, une note de 4,42 sur 8918 notes ! Un flot de critiques auquel je vais ajouter ma petite goutte d'eau.



Inutile de vous parler du fond de l'histoire, il a été décortiqué sous toutes les formes et restitué sous 1351 billets, tous plus beaux les uns que les autres que je vous invite à consulter si vous souhaitez en savoir plus que le résumé de la 4e. Alors que dire dans ce cas sinon que ce livre m'a subjuguée de la première à la dernière page, envoûtée par l'écriture de l'auteure qui distille son histoire avec douceur en dépit de la rudesse de vie de cette fille des marais. Les descriptions de la nature et de la faune sont somptueuses, elles sont visuelles et ne demandent aucun effort d'imagination pour se les représenter. C'est beau, c'est ressourçant car Delia Owens fait de ce marais un cadre magnifique. Et elle donne vie à un personnage de fable, la belle Kia qui force l'admiration par son courage, sa force. Les autres personnages ne sont pas en reste non plus, c'est vraiment une belle peinture pour une belle histoire qui relève d'un conte. Une peinture à l'aquarelle, lumineuse, intense et douce en même temps.



C'est donc avec regret que je referme ce livre que j'ai lu tranquillement, le dégustant pour en saisir toutes les couleurs et les saveurs. Je ferme les yeux à présent et j'essaie d'entendre le chant des écrevisses...
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Là où chantent les écrevisses

Bon je vais jeter un pavé dans la mare…



Je n’ai pas du tout aimé cette lecture, au grand dam de ma bibliothécaire qui me l’avait glissé entre les mains, d’un air entendu en me susurrant, la voix pleine d’émotion : « C’est le chouchou de toutes les bibliothécaires ». Et probablement aussi au grand dam des centaines d’admirateurs et de quelques-uns de mes amis …



Bon ben maintenant il faut assumer , et me justifier, hein ? Ouais ça serait bien…



D’abord, j’ai trouvé l’histoire de Kya, la petite fille abandonnée des siens dans les marais inhospitaliers, complétement invraisemblable ! Comment une petite fille peut-elle survivre seule dans un milieu aussi hostile ? Et puis, quelques années plus tard, comment peut-elle lire des thèses de biologie sans avoir été à l’école, ni même bien sûr à l’université ? Comment peut-elle devenir, dans ces conditions, l’auteure d’ouvrages de référence sur la vie des marais ? Certes elle connait le milieu mieux que personne mais de là à en écrire des best-sellers, j’ai des doutes. Les chercheurs aguerris et autres érudits s’étoufferont certainement devant tant d’inepties. Je comprends qu’on puisse être séduit par l’idée qu’il suffit de s’y mettre pour devenir savant, mais malheureusement ce n’est pas la réalité. C’est le mythe américain du « si tu veux tu peux » en plein dans le mille.



Ensuite la psychologie de la jeune fille est pour le moins surprenante : elle se débrouille magnifiquement (ça en est d’ailleurs tout à fait incroyable) bien toute seule, elle ne quitterait pour rien au monde sa cabane dans les marais, le ciel bleu et sa liberté de mouvement. Et on voudrait nous faire croire que son rêve le plus cher est de trouver un bon petit mari, de lui pondre des gosses et de leur torcher le cul ! Allons bon ! On est en plein cliché ici, non ? Un si grand écart entre la vie quotidienne de la jeune femme et ses ambitions doit générer beaucoup de souffrance, mais quasiment pas un mot là-dessus.



Et encore c’est très bavard, tout au long du livre. Le tout est écrit à l’eau de rose, mielleux jusqu’à l’écœurement, jusque dans les poèmes d’Amanda Hamilton qui sont d’un nunuche affligeant (désolée mais j’ai vraiment pas du tout aimé). Ça grouille de détails inutiles, les cent premières pages se diluent dans des faits de la vie quotidienne sans réelle importance ni intérêt. Les suivantes aussi d’ailleurs. Au lieu de susciter de la compassion, cela a provoqué un profond ennui. Il n’y a pas vraiment de suspense, l’énigme du meurtre n’en est pas vraiment une, car l’auteure ne nous apporte pas de quoi nourrir des thèses alternatives à ce qui semble évident. Lors du procès, les témoignages des uns et des autres sont balayés avec une simplicité déconcertante, déconstruits en deux temps trois mouvements. Tout est cousu de fil blanc. Et même les dernières pages ne m’ont pas surprise.



Bon, côté points positifs … Ben ouais tout ne peut pas être noir quand même. Un peu de nuances, ça ne fait pas de mal. Je noterai un passage en fin de livre (eh oui il faut tenir jusque-là… admirez ma persévérance) où Kya trouve des ressemblances entre les hommes de loi qui président à son procès et les mâles des espèces animales présentes dans le marais. Bon, ça m’a fait sourire, et il était temps.



Enfin j’ai apprécié le voyage culinaire de la Caroline du Nord. Je ne suis jamais allée aux Etats-Unis (et je n’irai probablement jamais, ce n’est pas le pays qui m’attire le plus) , j’ai donc probablement une idée très fausse à leur sujet, basée sur des préjugés, des rumeurs et des témoignages de proches, mais j’ai découvert que les Américains mangeaient autre chose que des hamburgers arrosés de milk-shakes. Apparemment il y a une cuisine locale et l’auteure en dresse un catalogue assez alléchant. J’ai noté la tourte au poulet, les beignets de maïs, les crevettes épicées, le pain de maïs avec des morceaux de couennes rissolées, la tourte aux mûres et sa crème épaisse arrosée de bourbon, le ragout de patates douces, la tarte aux noix de pécan, huîtres frites, saucisses piquantes au cheddar, truites aux amandes, … mais pas de quoi me faire traverser l’océan quand même !



Tout ça me donne grand faim et je m’en vais me consoler avec un bon plat réconfortant bien de saison …

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Là où chantent les écrevisses

Là où chantent les écrevisses , il y a un très beau premier roman qui parle d'une petite fille abandonnée par sa mère d'abord, lassée des coups de son mari, puis par ses frères et soeurs, et puis par son père, et puis par toute une communauté bien pensante.

Là où chantent les écrevisses, on fait la part belle à la nature, les oiseaux, le silence, les courants d'un marais en Caroline du nord entre 1952 et 1970.

Là où chantent les écrevisses , il y a de la poésie, de la lenteur, de la contemplation et beaucoup de solitude ...

Là où chantent les écrevisses, deux enfants par hasard, trouvent le corps d'un jeune homme du village, et c'est le début de la fin pour Kya , l'ancienne petite fille abandonnée, au fabuleux destin.

Là où chantent les écrevisses, il y a des personnages d'une grande générosité, beaucoup de bienveillance malgré la noirceur,

Là où chantent les écrevisses est en passe d' être adapté au cinéma, et on a hâte de voir de belles images, de celles qu'on s'est imaginé , une nature sauvage , préservée. Des gens qui ne la maltraitent pas, qui ne font plus qu'un avec elle.

Là où chantent les écrevisses, on ne doit pas chercher la vraisemblance, sans doute cette histoire est impossible, sans doute tout se passe trop bien pour Kya, malgré le peu de mains qui se tendent . Mais c'est tout le talent de Delia Owens, de nous faire croire, de nous faire croire au merveilleux, à l'art, au talent, à l'intelligence, à l'infini des possibles.

Simple, superbe et délicieux: tout simplement...
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Là où chantent les écrevisses

Après avoir vu le film (entraînée par des amies) j’ai eu envie de découvrir le livre. Pas de doute la version écrite est supérieure à la version filmée, qui disons-le franchement ne m’a pas convaincue. D’abord parce que le lieu décrit dans le livre, un marais sauvage et hostile, ultime refuge des exclus de Caroline du nord, est présenté dans le film comme un jardin d’eden aussi accueillant que luxuriant, ensuite parce que la fille des marais n’a rien à voir avec la sauvageonne du roman quand elle apparaît en vraie gravure de mode, comme d’ailleurs la cabane qu’elle habite. Des éléments, parmi d’autres, qui transforment l’œuvre de la naturaliste Delia Owen en bluette aseptisée comme seuls les Américains savent les faire. Ce que n’est pas cette véritable ode à une nature apprivoisée par une fille que les préjugés mettent au ban d’une société ségrégationniste et inégalitaire, alors même qu’elle est abandonnée par sa famille. Une histoire dont j’ai aimé plus que tout la fin, pour le moins... inattendue (il se dit qu’elle aurait un rapport avec la mort d’un supposé braconnier quand Delia Owen et son mari jeunes défendaient les éléphants en Zambie).
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Là où chantent les écrevisses

Magnifique !

J'ai emprunté ce livre après avoir lu les nombreux avis enthousiastes sur Babelio. De façon surprenante, mon mari (fan de fantasy pourtant !) a pris ce livre, l'a commencé, ne l'a plus lâché !.... Il l'a adoré. Pourtant on est très très loin d'un livre d'heroïc fantasy !

A priori ce n'est pas le livre que je lui aurais conseillé.... Comme quoi je me serais trompée.... car nous l'avons tout deux apprécié vivement. Quel magnifique texte ! Quelle atmosphère ! un véritable envoûtement....



La Caroline du Nord, les années 60 et 70. Une petite fille abandonnée vivant seule dans un immense marais. Petite fille qui grandira entourée de la nature sauvage de cet environnement particulier peu fréquenté des hommes. J'aimerais trouver les mots pour vous conseiller la lecture de ce livre exceptionnel où la nature, l'amour dominent.

Une vraie réussite qui m'a conquise mais qui a aussi conquis mon mari dont ce n'est pas le "type" de lecture !

Allez-y n'hésitez pas !
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Là où chantent les écrevisses

Ce roman est une petite merveille !

Délia Owens mets tous son talent de botaniste et d’humaniste au service de son histoire. Le résultat est un « page-turner » où l’on est captivé par la destinée de son héroïne, convaincus d’une écologie vraisemblable par notamment un retour aux valeurs fondamentales et séduits par ce projet de vie. Le texte enchante avec son vocabulaire simple et sa poésie.

Au sortir de cette lecture, on ne peut qu’espérer que les écrevisses continueront de chanter pendant encore longtemps.

Editions Du Seuil, Points Grands romans, 460 pages.

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Là où chantent les écrevisses

Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio ainsi que les éditions du Seuil qui m'ont proposé, via une opération Masse critique privilégiée, de découvrir cet ouvrage !

Comment dire, je suis sans voix tant ce roman m'a coupé le souffle et je tiens également à remercier mon mari pour son extrême patience, voyant au cours de ces deux derniers jours, que je ne pouvais pas relever la tête de ce livre lorsqu'il m'adressait la parole (j'exagère mais à peine)...non au plis j'avançais dans l'histoire et au plus, il fallait que je continue mais maintenant que j'ai achevé de la lire, je me sens un peu vide !



Ici, nous découvrons une héroïne très peu commune, Kya, ou comme m'appellent les mauvaises langues "la fille du marais". Celle-ci y a toujours vécu, loin de l'agitation de la ville et de tout contact humain. Kya, de son vrai nom Catherine Danielle Clark a toujours vécu parmi les mouettes ou goélands, les seuls à ne jamais l'avoir abandonnée et surtout à l'aimer telle qu'elle était, sans jamais la juger. Venant d'une famille nombreuse sans le sou, Kya voit d'abord sa mère (Ma) s'éloigner un beau matin, puis ses frères et soeurs et enfin Pa, son père, un homme rustre et violent. Ayant toujours dû se débrouiller seule depuis ses six ou sept ans, Kya a vu petit à petit son coeur se refermer, voyant qu'elle était trop facilement jugée par les autres et rejeter jusqu'à sa rencontre avec Tate. Ce dernier, au prix d'immenses efforts et avec d'infinies précautions, va finir par l'amadouer et Kya se sent un peu plus renaître chaque jour où il viendra la voir afin de lui apprendre à lire. de quatre ans son aîné, Tate est différent des autres garçons de son âge- Kya le sent bien- et ensemble ils se plaisent à découvrir toutes les merveilles que leur offre la nature et notamment celle du marais avec ses innombrables espèces d'animaux marins différents. Kya avait vraiment cru que Tate ne l'abandonnerait jamais...elle l'avait vraiment cru et le lecteur, avec elle !



Un roman qui débute en 1969, un jour où l'on retrouva le corps sans vie d'un jeune homme, Chase, que Kya connu dans sa jeunesse puis revient en 1952, durant la prime enfance de Kya. Comment ces deux destins se sont-ils croisés et pourquoi le décès de Chase ne semble-il pas naturel au shérif de le ville ? D'ailleurs, comment Kya, cette fille si sauvageonne, qui a toujours refusé tout contact avec autrui -si ce n'est avec Jumping (le gérant de l'épicerie) et sa femme- un couple qui fut toujours d'une extrême gentillesse avec elle- aurait pu avoir quelques chose à voir avec le décès de ce jeune homme, marié qui plus est ?



Un roman absolument poignant, bouleversant qui m'a par moment fait me replonger dans le livre "My aboslute Darling" de Gabriel Tallent ou dans ceux de Harper Lee mais pourtant si différent ! Un ouvrage que je ne peu que vous recommander car je vous assure, une fois que vous aurez le nez collé dedans,, il vous sera très difficile de e décoller ! A découvrir sans faute et surtout, à faire découvrir ! Mon premier coup de cœur pour cette année 2020...en fait non, mon deuxième mais l'autre ne compte pas car il a été publié en 2019 ah ah !
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