Emois et résonances de la première toilette des élèves aides-soignants
Avec la participation de Éric FIAT, David LE BRETON, Pascale MOLINIER, Patricia PAPERMAN Voir plus [+]
La combinaison de récits de toilettes par des apprenants aides-soignants et d'articles réflexifs par des universitaires reconnus rend cet ouvrage innovant et incontournable pour comprendre les enjeux du respect de la pudeur dans le soin de la toilette aussi bien du côté du patient que de celui du soignant.
La première toilette constitue un rite initiatique à l'issue duquel on devient soignant. Si le respect de la pudeur des patients représente un enjeu majeur de l'enseignement du soin, qu'en est-il de la pudeur des soignants ? Cette thématique inédite est au coeur de cet ouvrage où, grâce au travail du récit, chaque fois unique et singulier, des élèves engagent leurs mots et représentations dans la confrontation de leur propre pudeur avec celle de l'autre. Ils et elles participent à l'émergence d'une voix, d'une culture, d'un discours sur le soin qui contribue à la reconnaissance de leur métier et de sa complexité psychique.
Ces savoirs expérientiels combinés à des savoirs d'experts reconnus en sciences humaines révèlent les dimensions aussi bien éthiques qu'existentielles présentes dans la pratique du soin de la toilette. Loin d'être une tâche simple aux techniques vite apprises et acquises, celle-ci participe à ce geste éthique majeur : le respect de la dignité humaine.
Avec la participation des élèves de l'IFAS.
Dans la collection
Trames
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Dans les années 50 en France, on marchait en moyenne sept kilomètres par jour. Aujourd'hui, à peine trois cents mètres. Nombre de nos contemporains sont encombrés d'un corps dont ils n'ont guère l'usage, sinon pour exécuter quelques tâches dans leur appartement ou pour se rendre à leur voiture et en sortir.
P16
Un paysage n'est pas seulement le plein mais le vide qu'il crée, cet entre-deux entre terre et regard. Toute part de terre ne se conçoit pas sans la part de ciel qui l'éclaire, elle ne cesse de se modifier selon les variations de la lumière.
p110
L'idée de racine est végétale, l'humanité n'a jamais été immobile, elle ne cesse de se déplacer. L'immobilité est contraire à l'humain, la marche est son domaine, comme le corps est sa condition.
P36
Le Camino est propice aux larmes de joie ou de frustration attisées par la fatigue, les efforts fournis, la peur de devoir renoncer après un malaise ou une blessure, mais aussi le saisissement devant la beauté des paysages, l'allégresse de retrouver des pèlerins après quelques jours... Les nerfs sont souvent à fleur de peau après des semaines d'efforts, et maintes situations amènent à un débordement d'affectivité. Mais il faut toujours aller au-delà, "plus outre", Ultreïa.
p77
Contrairement à la route, le chemin est un appel à la lenteur et non à la vitesse, à la rêverie et non à la vigilance, à la flânerie et non à l'utilité d'un parcours à accomplir, il procure la confiance et non la menace
Marcher c'est avoir les pieds sur terre au sens physique et moral du terme, c'est-à-dire de plain-pied dans son existence.
Cependant, un changement radical n'implique pas toujours un événement traumatique ou heureux qui bouleverse en effet d'un seul trait le rapport au monde, il s'installe parfois dans la longue durée. Insensiblement chaque jour apporte son grain de sable qui peu à peu enraye le mouvement régulier de la personne. Elle devient lentement autre, étrangère à soi-même. (...)
Chacun de nous est fait de bien plus d'imprévisible que de probable. Nos existences sont autant faites des occasions manquées que des événements qui les ponctuent. Nul ne peut vivre toutes les virtualités qui étaient en lui, ni même les imaginer. Chaque instant qui passe laisse derrière soi une infinité de vies possibles qui n'ont tenu qu'à un souffle. Le hasard, ce que l'individu en fait, sa volonté de chance ou son abandon aux circonstances, dessinent des parcours personnels qui auraient pu être radicalement autres.
"N'ouvre la bouche que si tu es sûr que ce que tu vas dire est plus beau que le silence", dit un proverbe arabe.
Allié à la beauté d'un paysage le silence est un chemin menant à soi, à la réconciliation avec le monde. Moment de suspension du temps où s'ouvre un passage octroyant à l'homme la possibilité de retrouver sa place, de gagner la paix.
Le Bouddha, le Christ, Mahomet sont d'abord des hommes à pied, livrés à leur corps et dont la parole se répand au rythme de leurs déambulations et de leurs rencontres avec les autres.