Voilà où nous en sommes aujourd’hui : les adolescents d’Amérique du Nord passent en moyenne plus de 7 h par jour devant un écran. Ce sont 2 689 heures par année. En heures « quotidiennes », si l’on exclut les heures de sommeil, cela représente environ cinq mois et demi par année, c’est-à-dire presque la moitié de l’année. Bien qu’incroyables, ces chiffres parlent d’eux-mêmes : les jeunes passent pratiquement la moitié de leur temps d’éveil devant un écran. Et si on fait la somme des heures d’écrans auxquelles sont exposés les jeunes de 8 à 18 ans, on en arrive à la conclusion qu’ils cumulent plus de 4 ans et 3 mois du temps d’éveil de leur adolescence dans le monde virtuel.
Les concepts de rapidité et de lenteur sont bien subjectifs… Lent, par rapport à qui, à quoi ? Nous trouvons les enfants lents parce que nous comparons leur rythme au nôtre. Nous avons tendance à vivre dans l’« après », et passons notre vie entière à la poursuite d’un but sans vraiment savoir vers quoi nous allons réellement. [...]
Les enfants vivent dans le présent, et très intensément. Ils ne vivent pas pour « remplir leurs obligations », ne pensent pas en termes d’horaire ou de liste de choses à faire. Les enfants ne comprennent pas le concept d’efficacité et ne regrettent pas le passé. Ils profitent de l’instant. Dans les mots d’Héraclite, « le temps est un jeu que maîtrisent magnifiquement les enfants ».
À notre époque, on dirait que le courant d’un grand fleuve nous emporte avec toutes sortes de choses à faire et de projets à réaliser ; mais où ce courant nous mène-t-il ? La destination nous échappe. Qu’importe ! C’est comme s’il était plus important d’être en mouvement. Les enfants, quant à eux, possèdent la clé du bonheur : vivre chaque instant du présent avec intensité et émerveillement.
Il faut aider les enfants à se réadapter à la lenteur de la réalité.