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Citation de Clubromanhistorique


Du Torbeil, en chemise, fut attaché à la planche de chêne, Ripet bascula le tout en avant comme s'il voulait verser son patient dans le fleuve. Le collier de bois le retint, enserrant le cou comme un joug de pilori, la lourde lame d'acier se fit libre, et déjà, la tête avait roulé au fond du panier, dans la sciure et le sang séché. Le corps, libéré de son chef, se vidait maintenant comme une outre, et le sang de Du Torbeil se répandait généreusement, peignant le bois et le pavé, glissant vers le fleuve, en contrebas, comme une irrésistible caresse. Il y avait tant de condamnés, ceux qui attendaient dans les prisons, ceux qui, cet après-midi, seraient enfermés dans la mauvaise cave, ceux qui n'étaient pas encore capturés, ni dénoncés, qui ignoraient encore l'heure et que pourtant l'on avait marqués comme des agneaux pour ce lieu, ceux qui allaient mourir dans les guerres à venir, non plus pour le roi, mais au nom de la nation conquérante, et plus loin encore dans le temps, ceux qui seraient mangés par les démons sortis de ces années originelles. La consigne était de se débarrasser promptement des corps, de les jeter dans le fleuve. Après tout, de combien de noyés ne devenait-il pas chaque année la sépulture ? Un de plus ou un de moins n'y changerait rien. On n'apercevrait pas le flot, on entendait seulement son tumulte.
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