Voilà un conte fantastique aussi incroyable qu'inoubliable !
Le récit se déroule dans un royaume fictif du 17e siècle.
L'histoire suit les aventures du vicomte Medardo di Terralba qui est coupé en moitiés égales par un boulet de canon, lors d'une bataille contre les Turcs.
Miraculeusement, les deux moitiés de son corps survivent, chacune prenant une personnalité distincte : l'une maléfique et fourbe, l'autre bonne et généreuse.
A son retour de la guerre, le demi Medardo, va se montrer cruel, faisant régner la terreur chez les villageois.
Mais voilà que l’autre moitié du vicomte apparaît sur ses terres, vivant en vagabond dans la forêt, et dispensant de bonnes actions autour de lui.
On l'appela "Medardo le bon", et l'autre, le cruel, "Medardo le piètre".
Ce dernier n'a plus qu'un objectif : se débarrasser de son autre moitié.
Dans ce conte philosophique, le personnage du vicomte pourfendu symbolise la division intérieure et la dualité de l'homme en quête de sens.
"C’est l’avantage d’être pourfendu : la possibilité de comprendre tous les êtres humains et toutes les choses au monde ainsi que la peine que chacun et chacune éprouve pour sa propre incomplétude."
Telle une fable, ce roman aborde également les notions de bien et de mal, ainsi que les conséquences de nos actions, tout en offrant une réflexion sur la nature humaine.
Car au final, on comprend que même les bons peuvent être malfaisants, malgré leurs bonnes intentions. A trop être vertueux ou à vouloir faire le bien contre le gré des personnes, on peut causer du tort à autrui.
Au delà de l'aspect philosophique, on se laisse charmer par le ton à la fois comique et cynique, et par l'ambiance fantastique et un peu macabre.
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Cette histoire se déroule en Ligurie au 18e siècle, et suit la vie de Cosimo Piovasco di Rondò, un jeune aristocrate qui décide de passer sa vie dans les arbres.
Cosimo, 12 ans, se rebelle contre l'autorité parentale, grimpe dans une yeuse, et décide de ne plus jamais redescendre.
Le narrateur est son petit frère, qui le soutiendra et restera son allié.
Résolu à vivre perché, le jeune Cosimo organise sa vie entière dans les arbres, d’abord dans le jardin familial, ensuite dans les forêts alentour.
Il développe des compétences et invente des systèmes ingénieux pour satisfaire ses besoins quotidiens, notamment avec l’aide de son oncle, ingénieur hydraulique.
Poursuivant ses études auprès de son précepteur, Cosimo se nourrit de ses lectures dans les arbres.
Finalement, le jeune baron vit la même vie que ceux d’en bas, mais en prenant davantage de hauteur ;
Depuis sa position, il observe et interagit avec le monde d'une manière unique.
Aussi, il participe activement à la vie de la communauté, aidant les villageois.
Il lui arrive toutes sortes d’aventures rocambolesques ; combat des brigands, vit une histoire d’amour, correspond avec des philosophes de son temps, s’intéresse à la politique, et rencontre les grands de ce monde, devenant un personnage célèbre et respecté dans sa région.
Ancrée dans le siècle des Lumières, l'histoire a pour toile de fond la situation politique de l’Europe ; la Révolution française, les campagnes de Napoléon Bonaparte, son couronnement... jusqu’à l'arrivée de la Restauration.
Ce livre est une fable philosophique qui explore des thèmes de liberté, d'indépendance, de rébellion contre les conventions sociales et de communion avec la nature.
Mais c’est surtout une œuvre fantaisiste et poétique, où l’on y croise des personnages fantasques et des situations cocasses.
J’aurais bien aimé rejoindre Cosimo dans son univers végétal et poétique, juchée sur une branche, lisant, libre et solitaire, dans ce monde où le temps semble suspendu...
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Le Baron Perché d’Italo CALVINO
Tout avait commencé le 15 juin 1767, ce fut la dernière fois que Côme Laverse du Rondeau, douze ans, s’assît à la table familiale avec son frère de huit ans, sa sœur Baptiste, son père le Baron Arminius, sa mère, la générale Konradine , l’abbé et l’avocat régisseur. La vie dans la villa d’Ombreuse était plutôt triste, le Baron passant son temps à la généalogie pour se faire nommer Duc. Quant à la générale elle s’adonnait aux tâches féminines avec l’énergie d’un corps d’armée. Une des raisons pour lesquelles Côme quitta la table familiale ce jour de juin fut son refus de manger le potage aux escargots préparé par sa sœur Baptiste qui était très imaginative en matière de cuisine, ses foies de rat grillés étaient célèbres. Côme alla se réfugier au sommet d’une yeuse et se posa sur une grosse branche. Le Baron dit qu’il descendrait quand il serait fatigué mais Côme s’entêta, dit qu’il ne redescendrait plus et tint parole. De plus il en voulait à son père pour une punition qu’il avait trouvé injuste lors d’une glissade sur une rampe qui avait abouti à la destruction de la statue d’un de leurs ancêtres, le croisé Guerrier Laverse du Rondeau qui avait été en Palestine. De son yeuse, Côme passa à un orme puis à un magnolia qui dominait le mur de séparation avec les voisins, Marquis de Rivalonde. En fait le magnolia était chez les voisins! Et de ce fait il fit connaissance de Violante, jeune fille qui faisait de la balançoire et l’aperçut perché. Il fut invité pour un chocolat, fut flatté mais déclina l’offre. Il se déplacera désormais d’arbre en arbre sans mettre pied à terre. Il va croiser les maraudeurs de fruits, se battre avec eux ainsi qu’avec les propriétaires qui lui lançaient des pierres las de se faire voler. De son côté la Générale va passer ses journées à chercher son fils dans les arbres armée d’une longue vue observant ses mouvements comme un chef d’armée. Le Baron, lui, organisa une battue pour récupérer son fils. Et les jours passèrent et Côme ne redescendait toujours pas…
Un conte fantastique « jeunesse », une fable qui forme une trilogie avec le vicomte pourfendu et le chevalier inexistant. Bien qu’on soit clairement dans le genre Fantaisy, rien n’est a priori impossible dans cette histoire, plutôt drôle mais pas seulement, on sent énormément de tendresse derrière l’entêtement de Côme mais aussi des autres personnages.
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Lu en version originale et en traduction française.
Quel don que celui d'Italo Calvino, je ne m'en lasse pas ; il vous met devant des situations totalement irréalistes, et à partir de là en imagine, de manière logique, les conséquences.
Il nous présente l'empereur Charlemagne passant ses paladins en revue, s'arrêtant devant un chevalier à l'armure toute blanche et à la mise impeccable, l'entend se présenter : « Agilulfe Edme Bertrandinet des Guildivernes et autres de Carpentras et Syra, chevalier de Sélimpie Citérieure et de Fez », lui demande pourquoi il ne montre pas son visage, et l'entend répondre : « C'est que je n'existe pas, Sire. ».
Quelle entrée en matière !
S'en suit une succession d'épisodes captivants où l'auteur fait intervenir des personnages tout aussi particuliers….
Nous voilà plongés dans les guerres, leurs ravages, l'ordre et la discipline militaire, l'esprit de vengeance, un coup de foudre, la passion amoureuse, la mort, un couvent, et j'en passe …
Ce n'est pas Candide, ce n'est pas Zarathoustra, mais cela s'en rapproche, c'est de la même veine, mais en plus extravagant, une sorte de conte philosophique que j'ai dégusté avec plaisir !
Un dernier point : j'adore ce qui est dit sur l'écriture :
« Chaque page ne vaut que lorsqu'on la tourne et que derrière, il y a la vie qui bouge, qui pousse et qui mêle inextricablement toutes les pages du livre. La plume vole, emportée par ce plaisir même qui nous fait courir les routes. »
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Premier conte de la trilogie. Notre narrateur retrouve son oncle revenant de guerre, enfin plutôt, la moitié de son oncle, fendu aux combats dans le sens de la longueur. Il a bien changé cet oncle devenu méchant. Jusqu'au jour où son autre moitié revient aussi, elle gentille. Quelle moitié fait l'homme ? Qui va l'emporter même pourrait-on imaginer ? Si tant est que l'une doive l'emporter : rien n'est tout blanc ni tout noir. La gentillesse peut aussi avoir ses excès. Notre célèbre auteur italien fait ici oeuvre fantastique originale et légère. Je me dis qu'il aurait pu aller plus loin, approfondir encore... Mais c'est un conte, dont le succès n'est plus à faire. Continuons la suite...
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Lu 2016. Un conte original, absurde, cynique et imaginaire, mettant en scène la dualité humaine et la confrontation des sentiments. Une plume réjouissante et limpide, qui m'avait agréablement surprise.
Une bonne réflexion sur l'intégrité, le bien et mal, la conscience et la liberté d'action. Mais aussi sur le morcellement, le combat intérieur, l'ambivalence et l'inconscience... Symbolique, métaphorique, satirique, philosophique, humaniste, toutes les lectures sont possibles et imaginables !
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Ce roman est le livre préféré de Mr. Alors je me plonge dans cette lecture.
Certains aspects de ce roman me captivent. Un enfant qui décide de ne plus jamais remettre un pied-à-terre. Est-ce une simple lubie ? Va-t-il réellement passer sa vie dans les hauteurs ?
Mais au fil des pages, je me rends compte que ce n'est pas une lecture plaisir.
Ce roman est compté par son frère, Biagio. Il relate ce qu'il voit, mais aussi ce que Cosimo lui raconte lors de leur rencontre. Parfois, c'est touchant, on ressent de la solidarité entre les personnages, des groupes d'entraides se forme dont Cosimo est souvent le leader. On voit le monde évoluer du haut des arbres. Une façon différente de vivre sous le siècle des Lumières. Mais pas de coup de cœur ou d'envie de dévorer ce roman d'une traite.
Alors je me suis demandé pourquoi je n'ai pas aimé ? J'ai lu beaucoup d'avis, des commentaires de l'auteur et j'ai vu que beaucoup avaient aimé ce roman en le lisant dans leur enfance (ainsi que Mr). Peut-être ai-je lu ce livre trop tard pour l'apprécier à sa juste valeur.
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