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Critique de migdal


« Entre guerres » évoque à la fois une tradition militaire familiale et le début de la carrière de François Lecointre ; il n'aborde pas ses étapes d'officier général.

Fils du Commandant du SNLE « Redoutable », c'est à Lorient qu'il contemple, à l'âge de six ans, le sous marin dans lequel son père part en mission. Puis, chez sa grand-mère maternelle, il découvre les portraits de son oncle Hélie, sous-lieutenant de cavalerie, mort pour la France à 23 ans en aout 1959, à Alger, et de son arrière grand-père Elie, capitaine, tombé au champ d'honneur, à 33 ans, en décembre 1914. Hélie apparait jeune et souriant sur les photos, Elie plus austère … ces deux héros l'interpellent et l'immergent « entre guerres ».

François achève Saint Cyr et l'Ecole de l'infanterie en 1987 et est appelé au 3° RIMA. Capitaine en 1991, il combat en Irak lors de la guerre du Golfe, puis en Somalie et à Djibouti (1992), au Rwanda en 1994 où il est confronté au génocide et à ses acteurs. Enfin il est engagé en Bosnie et le, 27 mai 1995, reprend « baïonnette au fusil » le pont de Vrbanja lors d'un combat où deux marsouins sont tués et dix-sept blessés dont plusieurs grièvement.

10 années d'« entre guerres », qui se rapprochent progressivement de l'hexagone, alors que l'opinion publique et les élus, croient la paix éternelle en Europe, après la chute du rideau de fer, et suppriment le service militaire et les investissements stratégiques. 10 années au cours des quelles il voit les journalistes gommer certains « détails » ou les inverser pour rester en phase avec « la ligne éditoriale » de leur propriétaire. Ainsi, en Bosnie, les snipers qui tuent les bosniaques sont décrits comme serbes … alors que la réalité est « alternative ».

Des années de fraternité avec des hommes et des femmes qui se sont engagés, sans toujours savoir pourquoi, parfois pour fuir des situations familiales épouvantables, et qui trouvent au sein de l'institution militaire des raisons de vivre, et aussi de mourir. Des pages profondément humaines, sans pathos, qui dévoilent quelques aspects de la vie de nos militaires (et de leurs familles vivant au sein d'une population qui a du mal à comprendre des OPEX ou des plongées de 4 mois) et des situations affrontées sur tous les continents. Des combats où l'on est face à l'adversaire et non face à l'ennemi, condition sine qua non pour maitriser la violence et respecter les personnes, et donc des questions morales lors des situations où l'officier ordonne l'ouverture du feu … et surtout une réflexion de haute volée sur la nation, la patrie, et l'exigence de les défendre.

Un récit magnifique qui, espérons le, sera suivi d'un second tome dans lequel le général Lecointre abordera la suite de sa carrière ?
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